L'Haïtienne Yanick Lahens, née à Port-au-Prince en 1953, a été désignée ce lundi lauréate annuelle du Prix Femina pour son roman Bain de Lune. Une oeuvre qui témoigne de son engagement en faveur du développement social et culturel, en son pays et comme à l'échelle mondiale. Les lauriers du Femina étranger reviennent quant à eux à l'Israélienne Zeruya Shalev pour son livre intitulé Ce qui reste de nos vies.
Le 04/11/2014 à 00:05 par Julien Helmlinger
Publié le :
04/11/2014 à 00:05
Interrogée par l'AFP, Yanick Lahens a déclaré : « La reconnaissance fait du bien et je suis surtout sensible au fait que le jury a compris que cette histoire si elle se passe en Haïti est universelle. [...] C'est une suprise, je viens de loin et j'habite très, très loin du monde de l'édition parisien. Ce livre et ce prix sont aussi une preuve que la culture haïtienne est très forte et le roman montre à quel point en Haïti nous savons toujours nous relever des épreuves. »
On pourra retrouver un extrait de cette oeuvre à cette adresse.
Après trois jours de tempête, un pêcheur donne l'alerte : il vient de découvrir le corps d'une jeune fille échoué sur la grève. On ne sait pas comment ni pourquoi la dernière des Lafleur s'est retrouvée là. Sa voix de rescapée va bientôt s'élever, tel un contrepoint à l'ample roman familial que déploie ici Yanick Lahens, pour convoquer les trois générations qui l'ont précédée.
Les Lafleur ont toujours vécu à Anse-Bleue, un village d'Haïti où la terre et les eaux se confondent dans une violente beauté. Entre eux et les Mésidor, l'histoire est ancienne, et le ressentiment aussi. Il date du temps où cette famille de nantis a fait main basse sur toutes les bonnes terres de la région. Les Lafleur vivent désormais du maigre produit de leur petite exploitation.
Quand, au marché, Tertulien Mésidor, l'homme au regard de seigneur et de voyou, s'arrête comme foudroyé devant l'étal d'Olmène Lafleur, quinze ans à peine, les cartes promettent d'être rebattues.
La passion de ces deux-là va se jouer sous le regard des hommes et des dieux, à rebours des idées reçues sur une île à genoux. Avec ses mots précis et puissants, Yanick Lahens ne cesse de réinventer son pays : la vie des paysans à qui elle donne chair obéit à ses lois éternelles. Les gens de la ville, venus recruter pour de grands rassemblements à Port-au-Prince, ne les comprendront jamais : la rumeur de la politique n'est pas loin.
Dans la terre de cette île où le monde ancien ne cesse de chevaucher le monde nouveau, où les hommes se placent sous la protection du panthéon vaudou, l'écrivain puise la matière vive d'un roman éblouissant et inspiré.
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