L'Eroticon 2012 n'est pas le Salon où l'on pourra découvrir les nouvelles innovations en matière de sex-toys, mais le premier rendez-vous britannique réservé aux auteurs de récits érotiques. En plein boom, le genre se distingue désormais par son côté introspectif, largement influencé par l'écriture des blogs, sa diffusion numérique et ses auteures, jamais les dernières quand il s'agit de fantasmer.
Le 08/03/2012 à 11:48 par Clément Solym
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08/03/2012 à 11:48
« Ça n'a rien à voir avec de l'exhibition, il s'agit d'expression. Écrire aide à organiser ses pensées » explique Zoé Margolis, auteure du roman The Girl with a One Track Mind, que l'on pourrait traduire par La Fille à l'idée fixe. Et devinez quelle est l'idée en question ? Les mentalités évoluent, la technologie met à disposition des espaces d'écriture et les éditeurs s'intéressent de plus en plus à un genre insatiable. On parle bien de sexe et de littérature érotique, tout deux plebiscités par les auteures.
La jeune auteure de The Girl with a One Track Mind analyse ainsi la situation : « Nous sommes dans une époque d'expression. Les gens se sont rendus compte que partager ses expériences et ses impressions constitue une catharsis très agréable. En plus, il y a un vrai désir de lire. Les femmes s'y sont faites. Elles trouvent ainsi une plateforme d'expression qui est absente des médias traditionnels. »
S'il est indéniable que la diffusion numérique a facilité l'écriture et le partage des récits érotiques, ces derniers n'ont jamais été l'unique apanage des hommes : Ida Saint-Elme ou, moins loin, Anaïs Nin, ont par exemple fait de leurs fantasmes et de leur vie sexuelle des oeuvres littéraires qui ne laisseront personne indifférents. Sans parler de Catherine Millet, dont La vie sexuelle de Catherine M. choque encore outre-Atlantique. La lecture de récits érotiques, elle, profite largement de la nouvelle technologie, qui permet une discrétion optimale même dans les endroits publics saturés de regards inquisiteurs. (voir notre actualitté)
« Commencer un blog m'a permis de comprendre le monde du sexe », confie Jill Boyd, en apprentissage de la vie sexuelle. « Je me suis essayée au porno et à la masturbation, en écrivant pour mieux cerner mes sentiments. Puis j'ai commencé à écrire de la fiction, jusqu'à une publication dans une anthologie de Naughty Nights Press » explique-t-elle sans détour.
La clit-lit est ainsi devenue en quelques années un genre à part entière, qui fait souvent le bonheur des éditeurs. Mills & Boon, un revendeur britannique, a ainsi noté que ses téléchargements d'eBooks érotiques avaient doublé en 2010. Random House, Penguin et d'autres ont lancé des collections dédiées, tandis qu'Amazon est contraint de truquer son classement des ventes afin de ne pas passer pour un satyre. (voir notre actualitté)
Bien sûr, l'anonymat ou les pseudonymes sont encore de mise pour beaucoup, qui hésitent et craignent le jugement d'autrui sur une prose un peu trop relevée. « Si [les clients] savaient que j'écris sur ma vie sexuelle, je pourrais apparaître comme une menace pour eux, ou comme une mauvaise publicité pour la société » explique une commerciale connue sous le pseudonyme de Vina Green.
Mais la clit-lit pourrait bien briser un tabou en devenant un passage obligé pour les éditeurs, tant la demande est forte du côté des lecteurs et des lectrices. Peut-être faudra-t-il tenter la clit-lit plutôt que la chick-lit au prochain anniversaire de votre nièce. Sa première fois pourrait bien lui plaire...
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