Quel est le point commun entre le fringant Arthur Rimbaud, et le lascif Marcel Proust ? Ils pourraient tous deux avoir un gène mal placé qui a déterminé une grande partie de leur comportement. Fougueux poète, diablement assoiffé de liberté, ou romancier qui longtemps se coucha de bonne heure, ils incarnent deux figures, parmi tant d'autres, victimes partiellement de la génétique.
Le 23/04/2014 à 11:33 par Nicolas Gary
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Publié le :
23/04/2014 à 11:33
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Le département de psychologie et de neurosciences de l'institut en recherche génétique de l'université du Colorado vient de mettre le doigt sur un gène qui gêne. Ou plutôt, sur deux traits de caractère qui reposeraient sur un facteur génétique, à savoir l'impulsivité et la procrastination. Deux comportements qui sont diamétralement opposés, dans les faits, mais auraient une origine commune, retrouvée dans les gènes.
L'étude, publiée dans le journal Psychology Science, et supervisée par Daniel E. Gustavson, indique tout d'abord que les deux éléments sont issus de l'hérédité, à 46 % pour la procrastination, et 49 % pour l'impulsivité. Il faudra donc chercher du côté des parents d'Arthur et Marcel pour comprendre leurs inclinations.
Ces relations génétiques entre la procrastination et l'impulsivité dans le comportement, ont été établies auprès de 181 jumeaux homozygotes et 166 hétérozygotes, qui ont rempli des questionnaires pour évaluer leurs tendances respectives. Chose assez logique, puisque si les faux jumeaux ne partagent que 50 % de leurs gènes, les vrais jumeaux ont tous les gènes en commun. Cela a permis aux chercheurs de mieux définir les influences comportementales ou génétiques dans les comportements humains.
L'impulsivité aurait une certaine logique sociale : obtenir immédiatement une récompense, un bienfait, résulte de ce que l'avenir est toujours incertain. On se souviendra de ce judicieux conseil de La Fontaine, « Un tien vaut mieux que deux tu l'auras ». Mais la procrastination n'est pas un comportement ancien. Elle serait apparue récemment dans l'histoire humaine. Elle résulterait donc de l'évolution de l'impulsivité, comme un facteur typique de notre monde moderne.
De quoi inviter à relire encore un peu de Marcel et l'ombre de ses jeunes filles en fleur :
Si j'avais été moins décidé à me mettre définitivement au travail, j'aurais peut-être fait un effort pour commencer tout de suite. Mais puisque ma résolution était formelle, et qu'avant vingt-quatre heures, dans les cadres vides de la journée du lendemain où tout se plaçait si bien parce que je n'y étais pas encore, mes bonnes dispositions se réaliseraient aisément, il valait mieux ne pas choisir un soir où j'étais mal disposé pour un début auquel les jours suivants, hélas ! ne devaient pas se montrer plus propices.
Le directeur de recherche note tout particulièrement que si les deux traits de caractère sont distincts au niveau phénotypique, ils ne seraient pas différentiables au niveau génétique. Tous deux seraient en réalité des variantes, issues d'un même gène, rapporte Science Daily. Pour le scientifique, en apprendre davantage sur la procrastination pourrait aider à intervenir sur ce comportement, et surmonter une tendance contemporaine.
Eole, CC BY NC SA 2.0, sur Flickr
2 Commentaires
Mathilde LANTIERI
08/04/2024 à 10:29
Euh... A la fin de votre deuxième paragraphe ne croyez-vous pas qu'il faut écrire "inclination" et non "inclinaison" ??
Team ActuaLitté
08/04/2024 à 11:50
En effet, le terme est incorrect !
Merci pour votre coup d'oeil.