Une nouvelle adaptation cinématographique pour Tatiana de Rosnay ! Après, Elle s’appelait Sarah, c’est maintenant Boomerang qui se joue, dès les 23 septembre dans les salles, mis en scène par François Favrat avec Mélanie Laurent, Laurent Laffite et Audrey Dana dans les rôles principaux. Le scénario est signé par la romancière. À cette occasion, le livre ressort aux Editions Héloïse d’Ormesson.
Le 22/09/2015 à 15:27 par Félicia-France Doumayrenc
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22/09/2015 à 15:27
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Et, c’en est aussi une pour le découvrir ou le relire. Boomerang est de la même veine qu’Elle s’appelait Sarah. On remonte dans le passé, on revient sur ses pas, on cherche, on s’interroge, jusqu’à découvrir une vérité bien plus dérangeante que l’on n’aurait aimé l’espérer.
Lorsqu’Antoine entraîne secrètement sa sœur Mélanie fêter son quarantième anniversaire sur l’île de Noirmoutier, il ne sait pas que cette parenthèse festive va en ouvrir une autre bien plus grave et bien plus lourde. En allant sur l’île, où tous deux enfants, ils passaient leurs vacances, Antoine sans le savoir ouvre la boîte de Pandore.
Les souvenirs reviennent par bribes incertaines. La mort de leur mère Clarisse, victime d’une rupture d’anévrisme en 1973, flotte comme un parfum entêtant et à l’odeur de réminiscence. Les enfants se souviennent de leur mère si belle et dont Mélanie est le portrait craché, à Noirmoutier le frère et la sœur évoquent, avec nostalgie, les moments de vacances en famille, sur l’île, lorsqu’ils étaient enfants.
C’est en rentrant de cet anniversaire que tout chavire et où s’ouvre réellement le roman par ces phrases de Mélanie, qui sur la route du retour vers Paris, tournant la tête vers son frère lui dit : « Antoine, il faut que je te dise quelque chose. J’y ai pensé toute la nuit. La nuit dernière, à l’hôtel, tout m’est revenu. C’est à propos… »
Cet instant d’inattention fait basculer la vie de la jeune femme puisqu’elle perd le contrôle du véhicule et se retrouve hospitalisée à une vingtaine de kilomètres de Nantes. La vie d’Antoine qui a déjà basculé puisqu’il a été quitté par sa femme Astrid, délogé de son pavillon de banlieue tant aimé, séparé de ses trois enfants et subissant le rival Serge qui a pris sa place, bascule cette fois plus encore.
Est-ce un roman d’amour, est-ce un thriller, est-ce un livre sur les secrets de famille ? Tout cela, et plus encore. En effet, Antoine se trouve, lors de ce retour dans le passé, face au silence quasi oppressant de son entourage.
En particulier, face à celui de son père qui cultive les secrets, le tyrannise et avec lequel depuis la mort de sa mère, il n’a que très peu de contact. Avec sa sœur Mélanie, ils décident, tous deux de faire une espèce de travail d’enquête, afin de connaître la vérité sur la mort de leur mère. Et, Antoine, au moment où il s’y attend le moins, tombe amoureux d’Angèle, qui travaille dans l’hôpital où se trouve sa sœur.
Cette femme magnifique qui vit à Clisson non loin de Noirmoutier et qui pratique l’étonnant métier de thanatopraxie (en clair d’embaumeuse dans une morgue) l’envoûte.
Cette jeune femme qui, elle aussi a perdu son père suicidé sans un mot d’explication, va le soutenir dans la réécriture de l’histoire familiale, dans les découvertes de ces secrets considérés comme honteux.
Et, qu’il ne révélera jamais même une fois découverts, et dont même sa sœur, alors qu’elle fouillait, avec lui dans leur passé commun, ne veut pas connaître le mot de la fin. Le silence est la loi de la famille, et c’est en retraçant l’histoire familiale, et en découvrant tous ces secrets si bien enfouis qu’Antoine va se libérer de ce poids étouffant et revivre, car lui fait dire l’auteure : « Parce ce que je sais que cette femme (…), cette femme extraordinaire dont la mort est le quotidien vient de m’offrir le baiser de la vie. »
Il ne faut surtout pas en dire plus sur l’intrigue. Ce serait gâcher le plaisir du lecteur. Car, Tatiana de Rosnay qui n’a jamais caché sa fascination pour Daphné du Maurier, sur laquelle elle a écrit une remarquable biographie, en écrivant Boomerang a écrit sa Rebecca. C’est un roman facile à lire, mais qui n’en est pas pour autant léger en raison de l’intrigue et de la psychologie fouillée des personnages. Agnès Michaux l’a remarquablement traduit puisque l’auteure l’a écrit en anglais. Pour les bilingues, il est difficile de ne pas pouvoir lire le roman dans la langue de l’écrivaine.
C’est le seul reproche que je ferai à cet ouvrage, si on peut considérer cela comme un reproche, que je vous conseille de lire. Pourquoi n’avons-nous pas la version originale de Tatiana de Rosnay, surtout que ce livre qui s’approche, de très près, de la littérature de Daphné du Maurier y aurait gagné en profondeur ?
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