Sous la présidence de Michèle Reiser, l’édition 2015 du prix Gulli a récompensé le livre de Roland Godel, Dans les yeux d’Anouch. Cette récompense salue un texte écrit en français pour des enfants de 8 à 14 ans, et paru entre janvier et septembre, chaque année. Cette année, cinq romans étaient en lice.
© Jerome Prebois
Roland Godel est suisse. Né à Genève, il suit des études de sciences politiques. Après avoir été journaliste pendant seize ans pour différents journaux, il est aujourd’hui responsable de la communication du département des finances pour le canton de Genève. Il n’a pas pour autant renoncé à l’écriture. Depuis 1999, il a publié de nombreux récits et romans chez différents éditeurs pour la jeunesse (Le Seuil, Thierry Magnier, Oskar).
Il s’intéresse aux peurs, aux désirs et aux doutes qui tenaillent chacun d’entre nous, aux failles et aux forces qui nous font avancer. Roland Godel a obtenu le prix Chronos 2008 pour Les petits secrets de la pension Mimosas ainsi que le prix du roman historique jeunesse 2010 et le prix Tatoulu 2010 pour La sorcière de Porquerac. Dans les yeux d’Anouch, inspiré de son histoire familiale, est son premier livre Gallimard Jeunesse.
L'auteur raconte cette écriture.
« De la petite à la grande histoire.
Ma grand-mère s’appelait Papazian. Elle a marqué mon enfance, mon adolescence et ma jeunesse par son affection chaleureuse, par les plats orientaux qu’elle cuisinait avec amour pour toute la famille et par son rire, qui lui faisait monter les larmes aux yeux. Mais derrière ce rire, il y avait une zone d’ombre. Ma grand-mère avait une histoire. Je le savais depuis tout petit, sans comprendre vraiment de quoi il s’agissait. Il y avait ce mot étrange et inquiétant qui revenait souvent : la déportation.
Peu à peu, j’ai découvert ce que ma grand-mère avait vécu durant sa propre enfance, comment elle s’était trouvée brutalement emportée dans l’ouragan d’une période tragique de l’histoire. Plus tard, je l’ai encouragée à écrire ses souvenirs, ce qu’elle a fait, remplissant de nombreux feuillets de sa petite écriture nerveuse pour composer un texte précis, foisonnant de détails.
Dernièrement, en relisant ces notes, j’ai eu envie de donner une nouvelle vie à ce récit extraordinaire en le transmettant à mon tour, sous forme romanesque. Pour que les lecteurs d’aujourd’hui – jeunes ou adultes – puissent découvrir, à travers la “petite ” histoire de ma grand-mère, un pan de la “grande” histoire, celle des événements qui se sont déroulés à partir du printemps 1915 dans l’Empire ottoman, conduisant au premier génocide du XXe siècle.
Les récits et les souvenirs écrits de la grand-mère constituent donc le fil rouge de ce roman. Les principaux événements et leur enchaînement s’en inspirent fidèlement. Divers documents d’archives m’ont permis de préciser certains points. Le roman se nourrit aussi de nombreux autres témoignages de déportés arméniens survivants qui, tous, racontent à peu près la même histoire. Le reste - les personnages, les dialogues, les sentiments, les émotions, les amours, c’est de la part ajoutée de l’auteur.
Ce prix Gulli du Roman me touche particulièrement, car c’est un prix populaire, dans tout le bon sens que ce terme peut avoir. Et c’est ce que j’aimerais que l’on dise de mon livre. »
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