Durant les discussions sur le mariage homosexuel aux États-Unis, l'écrivain Orson Scott Card avait fait entendre sa voix - et ses protestations. Mais depuis que le sujet est clos, le romancier avait fait amende honorable, reconnaissant qu'il avait perdu sur ce terrain. Ce qui ne l'a pas empêché de trouver de nouveaux sujets pour alimenter la controverse. De quoi laisser pantois...
Le 19/08/2013 à 18:10 par Clément Solym
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19/08/2013 à 18:10
« Voici les colonnes où je prédis comment la démocratie américaine s'achève », attaque-t-il. Et de rappeler que son métier d'écrivain est de rendre impossibles des événements qui semblent juste possibles. Pas de parler de choses peu probables. Et le voici qui s'embarque sur la question des mensonges politiques et de leur utilité dans l'histoire. Dans l'Histoire, même.
Contrairement à l'art de l'écriture, les causalités historiques peuvent être interrogées à foison : dans un livre, particulièrement en science-fiction, on sait que rien n'est vrai, et ce, même si l'auteur s'efforce de raconter comment tout arrive. Ainsi, les prédictions politiques sont vouées à se tromper, alors que les projections dans un livre sont forcément justes : tout est déjà écrit.
Fiction et politique diffèrent essentiellement sur ce point. « Pourtant, cela ne signifie pas que la prédiction est inutile ou dénuée de sens. De nombreuses personnes ont prédit la catastrophe qu'entraînerait Hitler s'il accédait au pouvoir en Allemagne. Et ces prévisions ont été strictement remplies. La seule raison pour laquelle les gens ont été étonnés, c'est qu'ils ont tout simplement refusé de croire : a) que Hitler lui-même disait ce qu'il ferait et b) les exemples similaires et plus anciens de l'histoire. »
Obama dictateur : plausible...
Tout cela ne prêterait pas vraiment à conséquences si Scott Card s'était arrêté à ces réflexions politico-fictionnelles. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Et voilà qu'il parvient à transformer Barack Obama en dictateur... Glissement de terrain terrifiant.
Obama est, par son personnage et son comportement, un dictateur. Il déteste l'idée même de compromis ; il diabolise ses détracteurs et méprise même ses propres flagorneurs dans la presse libérale. Il a contourné le Congrès dès qu'il a pris ses fonctions en nommant des ‘tsars' qui n'ont pas besoin de l'approbation du Sénat. Et son propre parti n'a toujours pas adopté de budget au Sénat.
En d'autres termes, Obama agit déjà comme si la Constitution était juste là pour le spectacle. Comme Auguste, il fait semblant de gouverner selon ses critères, mais en fait, il la traite avec mépris.
Sur Slate, on a rapidement épinglé tout le discours de Card, qui semble complètement démesuré en regard du comportement d'Obama. Mais surtout, on voit poindre des idées particulièrement étranges dans le billet de l'écrivain : Obama qui tenterait de dédouaner à tout crin les mulsumans, prétendant « qu'ils ne font jamais rien de mal ». Et de reprocher au président américain de ne pas savoir déclarer une guerre. « En matière de politique étrangère, Obama est déjà le plus stupide président de l'histoire américaine, alors qu'il y a beaucoup de concurrence pour ce titre. »
Card va plus loin encore : il envisage qu'Obama fasse comme Poutine, le président russe, et décide, à la manière d'une République bananière, de s'élire président à vie. Il scénarise alors ce qui aurait tout du scénario délirant de SF : Obama devenu dictateur, tout comme Auguste, Napoléon, Hitler, ou Poutine avant lui....
A contrario, les mensonges de George Bush junior sur les armes de destructions massives en Irak, avaient une réelle vocation politique. Une vocation utilitaire. Des mensonges politiquement utiles. On navigue alors entre théories du complot et machinations suprêmes - comment Obama créerait une milice en s'appuyant sur des jeunes sans emploi, tout en étant salué pour avoir apporté une réponse au chômage...
Obama, un monstre encore dans l'ombre et dont les alliés ne comprennent pas qu'il a le potentiel d'un Adolf Hitler ? « Bien sûr que non. Ce n'est qu'une expérience de projection fictive », assure Scott Card. Tout en promettant que son idée est plausible. En bon écrivain de SF, « je me suis assuré que ce scénario ne correspond pas aux faits que nous avons déjà vérifiés - la manière dont Obama agit déjà, les soutiens de ses supporters et la manière dont les dictateurs ont pris le pouvoir par le passé dans des républiques ».
Un exercice délirant, à lire sur Ornery, qui indique une chose : Scott Card a probablement déjà vrillé...
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