Bon, alors là, c'est du top niveau. Alors que le Salon du livre se déroule le plus sérieusement du monde, dans une ambiance globalement très bonne, l'affaire ReLIRE, qui découle de la loi sur la numérisation des oeuvres indisponibles du XXe siècle, provoque de fameux remous.
Le 24/03/2013 à 17:19 par Nicolas Gary
Publié le :
24/03/2013 à 17:19
En effet, les éditions Ad Astra, spécialisées dans la science-fiction, qui connaissent particulièrement bien les pirates de la Team Alexandriz (voir notre actualitté), ont publié une réaction des plus vives, pour contester le projet de numérisation.
Ce programme est une honte et du vol, de l'escroquerie à l'échelle nationale, de notre gouvernement qui ne vaudrait donc pas mieux que la Team Alexandriz, si l'on considère la façon dont il agit. C'est même pire, puisqu'il s'agit de vol légalisé et légiféré !
Auteurs, éditeurs, ayants droit, sont dépouillés sans aucun scrupule, forcés à coopérer (ça nous rappelle... non, rien). Qui plus est, les listes proposées sont incohérentes. Elles dévoilent un nombre incalculable d'oeuvres qui sont la propriété légale d'auteurs ou d'éditeurs (car elles sont exploitées ou en phase d'exploitation).
Et d'ajouter :
Et nous souhaitons bon courage à la Team Alexandriz qui voit là débarquer un sacré concurrent, le nouveau Pirate Bay du Livre - et si nous étions Alexandriz, c'est limite si nous ne déposerions pas plainte, tiens !).
Eh bien la Team Alexandriz, célèbre pour ses diffusions de livres numériques contrefaits et pour la plainte que le SNE et sept éditeurs ont déposé, a pris les éditions Ad Astra au mot.
Et voilà qu'ils ont mis en ligne un site aux couleurs particulièrement familières, avec un message très simple
Spoliation d'auteur, détournement de fonds publics pour des intérêts privés
Evidemment, ReLIRE Bay est une parodie du registre ReLIRE, qui contient les listes d'oeuvres indisponibles du XXe siècle, destinées à être numérisées, mais également un croisement avec The Pirate Bay, le fameux site de liens torrent qui donne tant de fil à retordre à ses détracteurs.
C'est à visiter, pour le plaisir des yeux, à cette adresse.
Ce qui est à proprement parler hilarant, c'est que toute recherche effectuée renvoie immédiatement vers la base du Registre des Livres indisponibles en réédition électronique. Et en fonction des recherches effectuées, on pourra s'apercevoir que le SNE en personne a peut-être un véritable intérêt dans cette histoire...
On pourra également se référer à l'intervention de François Bon, qui a publié sur ActuaLitté une tribune, Auteurs, contre l'Etat voleur, réclamez vos droits :
En plus, tous les conservateurs de la BNF vous diront que Jacques Roubaud continue de traîner bien souvent ses pataugas dans les salles de lecture – vous n'auriez pas pu le prévenir ? Et Bernard Noël, POL a entamé la publication de ses oeuvres complètes. En admettant que nous n'ayez pas son e-mail, à nonoleon (c'est comme ça que commence son mail), POL ça ne vous dit rien, ça ne figure pas dans vos répertoires ?
Là, c'est la goujaterie qui s'ajoute au vol. Je n'aurais jamais cru ça de mon pays. Je croyais aussi que la BNF était précisément une institution qui se portait garant que certains territoires resteraient à l'écart de la cochonnerie du monde.
J'ai honte. Juste : je ne me laisserai pas faire. Et vous appelle vous tous, auteurs, et même vous tous, qui n'avez pas jugé utile de venir expérimenter avec nous la diffusion numérique, qui n'est pas une affaire de moulinette et de vente au kilo, mais d'accompagnement, de mise en place, de propulsion, de solidarité réseau, à aller farfouiller dans le champ recherche de la caverne des voleurs – ne les laissez pas vous spolier, faites la demande de retrait. Transmettez le message autour de vous, à chacun de vos amis auteurs concentrés.
Merde à l'État, merde à la BNF. Ils n'ont plus notre confiance. Nous avons tout accepté, et même notre réduction à l'état de quasi clodo. Mais le pur dépouillement, vol par effraction, parce que notre travail c'est notre seul bien, on ne laissera pas passer.
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