« Nous, on savait s'ennuyer », lâche Frédéric Beigbeder, aux côtés d'Ariel Wizman. On l'avait raté, le Beig, qui nous réserve encore bien des surprises. Deux vieux copains, accoudés au zinc, à prendre un café, observant la jeune génération, celle qui est ultraconnectée... Les digital natives, ceux qui... téléchargent et piratent.
Le 17/02/2013 à 11:38 par Nicolas Gary
Publié le :
17/02/2013 à 11:38
Les dialogues sont d'anthologie : « Regarde-moi les jeunes aujourd'hui. De mon temps, c'était autre chose. » Un temps, où l'on savait attendre. « Bien sûr, les choses, ça se méritait... » Et Ariel Wizman d'énumérer : « Un livre, un disque, une vidéo... ben ça s'attend, c'est tout. » Un livre... tiens donc, un livre numérique ? Alors, notre Beigbeder national conclut : « Nous, on savait s'ennuyer. »
SAMSUNG 4G- wizman-beigbeder Dynamite agencypar Dynamite34
La génération des Digital Natives, Beigbeder est bien dans son rôle quand il trouve que ce monde, trop rapide, ça l'inquiète « pour eux », les d'jeunes.
Or, pour lutter contre ces accès trop immédiats, il faut se souvenir que Fred a su trouver la méthode pédagogique la plus ancestrale. En sortant son dernier livre, Premier bilanaprès l'apocalypse, une fin du monde et du patrimoine écrit qui sera provoquée, dans l'Évangile selon Saint Beig, par le livre numérique, l'écrivain lançait un avertissement sans frais : « Ultime précision : Premier bilan après l'apocalypse n'est téléchargeable sur aucun site Internet. Toute version disponible autrement que sur papier est donc une version fausse ou piratée. Si je vous surprends à lire ceci sur un écran, c'est ma main dans la gueule. Compris ?! »
Incomparable. Depuis les pirates ne s'y sont pas trompés : ils préfèrent toujours pirater Kundera que Beigbeder...
L'illusion de la réalité
Oh, ce n'était d'ailleurs pas la première fois que Frédéric nous la jouait façon Jean-Marc Roberts, le grand patron des éditions Stock, auteur du fameux « L'ebook c'est la bibliothèque pour SDF » (sic !).
En juillet 2010, Beig avait déjà eu cette analyse fulgurante : « « Un ingénieur chez Apple a pensé à faire en sorte que l'écran tactile émette un bruit de papier froissé quand on glisse son doigt sur sa surface. On vit une époque de malades ou pas ? Toute la bibliothèque d'Alexandrie tiendra bientôt dans la poche de mon blouson. Parfois, je me dis que je dois être vraiment un vieux con pour penser une seule seconde qu'une telle invention n'est pas un progrès. » »
Pour revenir à cette promotion des produits Samsung, compatible avec la 4G - les Galaxy Note II et SIII - on n'osera pas faire de peine à Beigbeder, en lui rappelant que Samsung compte parmi les acteurs de la lecture numérique, bien que leurs produits tardent à arriver en France. Mais après tout, l'exploit véritable, n'est-il pas d'employer l'écrivain qui lutte contre le livre numérique, pour assurer la promo de produits technologiques ? Un rôle tellement pas à contre-emploi...
Originaire de la publicité, ce n'était pourtant pas la première fois que Frédéric donnait de sa personne pour jouer au jeu de la publicité. Il était devenu l'égérie des galeries Lafayette, le temps d'une promotion, un livre ouvert dans les mains, avec un corps qui n'était pas le sien. Un ouvrage pas banal, puisque c'était le livre La société de consommation, de Jean Baudrillard, où la publicité n'est que falsification, en tant qu' « illusion de la réalité ».
Sacré Beig !
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