Le mandarin détrônerait-il l’anglais, langue des affaires par excellence ?
Le 16/02/2008 à 13:13 par Clément Solym
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16/02/2008 à 13:13
Le mandarin se porte plutôt bien en France. Mais cette situation nationale est à l’image de la situation internationale du chinois avec plus de 30 millions d’étrangers qui apprennent cette langue. Les autorités chinoises espèrent voir ce chiffre progresser pour arriver à 100 millions d’ici 2010.
Si la situation économique internationale actuelle se confirme, dans peu de temps, la Chine deviendra la première puissance mondiale, devant les États-unis. La prééminence économique devrait se retrouver au niveau de la langue. Est-ce à dire qu’il faut au plus vite se mettre à apprendre le mandarin ?
Un article paru dans The Economist déclenche le débat en apportant une réponse négative. Il faudrait pour voir un tel changement que l’échelle de valeurs des langues change, ce qui apparaît peu probable. Le magazine britannique voit mal le mandarin pratiqué comme la langue des affaires.
Connaître le mandarin, un apprentissage long et laborieux
Ce constat s’explique par la difficulté pour un occidental d’arriver à un niveau opérationnel de maîtrise du chinois. On estime qu’il lui faut quatre fois plus de temps que pour l’apprentissage d’une autre langue étrangère européenne.
La célèbre école Centrale illustre parfaitement ce problème. Entre 60 et 70 élèves choisissent d’apprendre le mandarin en première année. En dernière année, seulement trois élèves pourront prétendre parler suffisamment correctement pour être autonome dans le pays.
Pour atteindre un niveau 6, autrement dit le niveau maximal du HSK, test équivalent pour le mandarin du Toefl ou Toeic anglais, les étudiants ont en moyenne passé trois ans à apprendre à plein temps le chinois sur place.
La connaissance de la langue pour connaître une culture
Toutefois, cet article de The Economist trouve aussi des contradicteurs. Ainsi Ken Caroll, inventeur d’un nouveau business model concernant l’apprentissage des langues avec son ChinesePod ou son SpanishSens trouve qu’il convient de fortement nuancer les positions en dissociant deux catégories d’étudiants.
Les étudiants occidentaux qui ont le temps d’apprendre avec patience la langue de Confucius et les expatriés qui n’ont ni le temps ni l’envie d’entrer dans ce sacerdoce. Ils n’en n’ont pas non plus un besoin vital car face à eux, ils ont des Chinois qui commencent à maîtriser l’anglais, quand ce ne sont pas des traducteurs.
Confucius a dit : « Apprends… et tu apprendras… »
Apprendre le chinois pour surfer sur le décollement économique de ce pays n’est donc peut-être pas une idée aussi lumineuse que l’on pourrait bien le croire. Mais au-delà du principe d’utilité, l’immersion dans une langue construite au travers de millénaires d’histoire est un enrichissement extraordinaire, un moyen unique de dialoguer pleinement avec une culture différente.
Ainsi, apprendre un sinogramme est un moyen pour entrer dans la conceptualisation des idées de transformation, de création de tout un peuple. La langue apparaît alors comme une porte d’entrée pour pénétrer une culture qui s’est construite pendant des siècles loin du mode de vie et de la pensée occidentale.
Stendhal disait que le premier instrument de génie d'un peuple est sa langue. Apprendre le mandarin est une façon d’aborder le génie du peuple chinois. Encore faut-il faire effort de patience et de rigueur.
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