Le premier livre du réalisateur anglais Ken Loach sortira le 19 juin en France, Suisse romande, Belgique et Québec aux éditions Indigène - les mêmes que l'indignez-vous de Stephan Hessel, rapporte l'AFP. Écrit en collaboration avec l'activiste Franck Barat, iI s'agit un manifeste pour un « cinéma de la résistance » , intitulé Défier le récit des puissants, qui entend s'opposer à « l'esthétique de la soumission d'Hollywood ».
Le 24/05/2014 à 14:21 par Louis Mallié
Publié le :
24/05/2014 à 14:21
Bryce Edwards, CC BY 2.0
« Nous faisons des films pour tenter de subvertir, créer du désordre et soulever des doutes (...). Il faut donc agiter, et c'est ce que nous essayons de faire : enrayer la mécanique, bousculer le statu quo, défier le récit des puissants », écrit le cinéaste de 77 ans dans le manifeste.
Il s'attaque de front au conformisme des films hollywoodiens : d'après lui, pour qu'un film possède une réelle portée politique, « il doit y avoir une cohérence entre sa sensibilité et son contenu. C'est ce qui me dérange dans les grosses productions américaines qui traitent de « bons » sujets. Ce sont des films hollywoodiens, avec une star hollywoodienne, des films revendicatifs, avec un bon message, mais complètement pervertis par la méthode employée. » Le réalisateur évoque également quelques clefs de son style. Déclarant toujours éviter les gros plans il explique : « c'est une image hostile, elle réduit l'acteur, le personnage à un objet », concluant que « si la caméra se substitue à l'oeil, nous obtenons une réponse humaine. »
Le réalisateur est connu pour son activisme politique, aussi bien dans son oeuvre que dans la vie courante : élu au conseil national du parti d'extrême gauche anglais RESPECT en 2004, il a encouragé les internautes début 2014 à souscrire au Nouveau Parti Anticapitaliste. Il présentera demain sur la croisette son dernier film Jimmy's Hall. Dans le sillon de Le vent se lève qui lui avait valu la Palme d'or en 2006, le film traite du retour au pays de Jimmy en 1932, dans une Irlande encore marquée par les blessures de la guerre civile.
Quant au livre, voici ce que la maison en raconte :
Nous voici au coeur de la résistance et de la création tout à la fois.
Défier le récit des puissants, c'est défier ces films « parfaits » formatés par Hollywood, faisant de nous des citoyens passifs, dociles, sans esprit critique. Car il y a bel et bien une esthétique de la soumission.En revanche, y a-t-il une esthétique de la résistance ? Ken Loach répond « oui ».
Mais soyons clairs. S'il est un des rares aujourd'hui à assurer que la lutte des classes est toujours aussi vivante, il ne cède jamais pour autant à la propagande. Il dit : « Je ne filme jamais un visage en gros plan ; car c'est une image ostile, elle réduit l'acteur, le personnage à un objet. » Or on peut faire ce qu'on veut d'un objet, l'exclure, l'expulser… Mais si la caméra est comme un œil humain, alors elle capte toutes les présences, les émotions, les lumières, les fragilités. Et nous devenons tous des « film makers ».
Rendez-vous ce 9 juin, avec 5€ en poche...
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