Rappel sur La campagne Sempé Text'OCentre, Association professionnelle des Éditeurs en région Centre est engagé aux cotés de l'association des Librairies spécialisées jeunesse (ALSJ), les réseaux Initiales et Siloë, le Syndicat des libraires littérature religieuse (SLLR), les associations Librairies indépendantes en Lorraine (LIL), Libraires indépendantes en Poitou-Charentes (LIPC), Librairies indépendantes en Auvergne (LIA), Libr'Aire (Librairies indépendantes du Nord-Pas de Calais), la MEL, le groupe Alexandrie-Callimaque, et l'Union nationale de l'Imprimerie et de la communication (Unic).
Le 10/02/2012 à 10:47 par Clément Solym
Publié le :
10/02/2012 à 10:47
Rappel de la campagne Sempé contre le relèvement de la tva, elle se poursuit et prend une dimension à la mesure des impacts négatifs qui paraissent semaine après semaine. Permettez nous de faire quelques remarques sur le sens, qui se dégage avec le temps, des actions de chacun.
Dès le mois de novembre, la crainte d'une désorganisation des équilibres fragiles entre éditeurs et libraires nous a incités à soutenir la demande d'une exemption pour la chaîne du livre. Rappelons que le principe classique d'un relèvement de taux de TVA est, qu'appliqué à chaque stade de la production et vente d'un produit, seul l'acheteur final (parce qu'il ne récupère pas la TVA) assume totalement l'augmentation du prix TTC.
Par un effet trompeur, relayé par beaucoup des économistes, la presse et les syndicats, l'analyse macro-économique prévaut sur la réalité "nano-économique". Souvent est entendu que "la majorité des éditeurs" est prête à augmenter prix ou marge pour répercuter sans préjudice le relèvement du taux. Cette approche écrase les nuances puisqu'il s'agit non de "la majorité des éditeurs" mais de la "majorité en chiffre d'affaire des éditeurs".
La France recense près de 8 000 éditeurs, bien sûr 200 d'entre eux réalisent 90% du CA de l'édition, pour autant, les 7 800 autres font un travail important et de qualité. Il ne peut être question de les mettre en danger. Or la majorité de ceux-ci n'augmentera pas les prix HT, par défaut d'information, par manque de moyen de communication, par méconnaissance de leur implication dans le mécanisme de la TVA. Parce que les libraires ne pourront eux absorber la baisse de marge induite, ces éditeurs verront leurs livres massivement retournés.
Par ailleurs, même parmi les 200 éditeurs "majeurs", certains annoncent ne pas toucher aux prix du fonds. L'impact de baisse de marge est alors immédiat pour le libraire qui possède des livres de ce fonds. Et beaucoup de libraires ont déjà commencé à retourner leurs fonds!
Comme on le voit par ces deux exemples, sauf à laisser une bonne année à la filière livre pour se mettre en ordre de fonctionnement, il est impossible -en un délai si bref- de s'adapter sans pertes importantes.
Disons notre malaise d'entendre le Président de la République soucieux de donner 9 mois aux commerçants devant adapter leur informatique à la tva de 21,2%, lorsque 3 mois nous sont proposés pour des milliers de références... Pour être schématique : 9 mois pour un coiffeur, 3 pour un éditeur!
L'ensemble cumulé des difficultés, impossibilités, dégâts et pertes engendrés par le relèvement aboutit à la constatation sans appel d'une fragilité accrue de la filière et d'une inévitable disparition de beaucoup d'éditeurs, imprimeurs et libraires.
Dans un premier temps, seuls les petits éditeurs et les librairies de petites tailles auront à souffrir. Leur disparition accélérée amoindrira la diversité du paysage français du livre. Mais lorsque les plus faibles du réseau auront disparu, rien ne s'opposera plus à la disparition des moins faibles devenus alors les plus fragiles.
Même les grands groupes que sont Hachette Publishing, Editis (groupe espagnol Planeta), Gallimard et Flammarion (groupe italien Rizzoli), n'ont qu'un intérêt immédiat à l'élargissement de cette "piétaille" de concurrents. Au contraire, à moyen et long terme, leur savoir, expérience et intelligence du tissu de l'édition réclament une action forte en faveur des plus faibles d'entre eux. Il s'agit là, au sens darwinien, d'un réflexe de survie de l'espèce "homme du livre".
D'aucuns peuvent penser -et un certain nombre de députés partage cet avis- que notre filière se porterait mieux en s'affranchissant des contraintes imposées par la loi sur le prix unique du livre. A eux tous nous rappelons qu'il convient de garder à l'esprit, qu'avant la venue d'un monde idéal, où les libres échanges entre personnes valeureuses et fortes seraient les règles ordinaires du commerce, nous sommes et resteront longtemps encore dans un monde très inégalitaire, très disparate et moiré.
Et répétons le, la puissance financière des grands groupes n'est pas synonyme de qualité littéraire, intellectuelle et spirituelle. Toute ces valeurs peuvent aisément se retrouver aussi chez les minuscules éditeurs du marché du livre. L'histoire littéraire de notre pays est forgé de ces exemples où les moins connus des éditeurs et des libraires découvrirent les plus prometteurs de nos auteurs.
Pour lors nous entrons dans la deuxième phase importante de cette campagne. Ce mercredi matin, le 8 février, le gouvernement a accueilli le second projet de loi de finances rectificatives, présenté par François Baroin et Valérie Pécresse. Ce projet a été discuté par la commission des finances de l'Assemblée. A priori aucun amendement de la commission n'est venu modifier le texte.
Celui-ci sera à nouveau lu et débattu lundi 13 février, peut-être amendé, puis adressé à l'Assemblée.
Alors, tous les députés présents en séance pourront donner leur avis, débattre et voter une/des modification(s) à ce projet de loi.
L'action de nous tous, auteurs, éditeurs, traducteurs, imprimeurs, bibliothécaires, responsables de CDI, libraires et personnels de la fonction publique ou associative engagés dans la lecture et sa diffusion, peut porter un fruit immense en faisant connaître à l'ensemble des députés de la XIIIe législature notre détermination à soutenir le livre et la lecture partout en France.
Deux moments d'inégale importance s'offrent à nous:
1.. le deuxième passage du texte de loi devant la commission des finances, lundi matin;
2.. le débat en séance à l'Assemblée dans les jours qui suivent.
A chaque fois, nous pouvons et devons agir:
1.. en adressant des courriels aux membres de la commission (liste disponible dans le fichier joint) avant lundi, leur demandant de "voter les amendements de séance stipulant une TVA à 5,5% pour le livre papier et numérique, et un retour à même taux pour celle appliquée depuis le 1er janvier aux auteurs";
2.. en adressant et faisant adressé par les électeurs de leur circonscription, des courriels aux 577 député(e)s (voir procédure ci-dessous) leur demandant de "voter les amendements de la commission stipulant une TVA à 5,5% pour le livre papier et numérique, et un retour à même taux pour celle appliquée depuis le 1er janvier aux auteurs" et de vous adresser une invitation pour assister au débat qui décidera de la victoire de cet/ces amendement(s). Ce courriel peut être adressé en copie à l'Elysée ( www.elysee.fr/ecrire/ )
Enfin, et pour le dernier point évoqué, nous vous invitons instamment à proposer aux amis et lecteurs les plus engagés, citoyens et instruits de la "chose publique" de joindre le député de leur circonscription en demandant aussi une invitation pour la séance où seront discutés ces amendements.
cliquer sur ce lien, il ouvre la carte de France des départements sur le site de l'Assemblée nationale:
http://www.assemblee-nationale.fr/13/qui/circonscriptions/index.asp
pour trouver son département, cliquer sur le département concerné
pour trouver sa circonscription, cliquer sur le numéro désignant les partitions du département (la liste des communes concernées apparait à droite dans un cadre):
pour trouver l'adresse mail de son député, cliquer sur le mot "contact" à droite, la page reste identique mais en bas apparaissent les coordonnées du député:
pour lui adresser le mail de demande d'invitation, cliquer à la gauche sur le mot "Mél" ou directement sur son adresse courriel.
Merci de l'attention soutenue que vous venez d'accorder à ce long courriel.
Cette campagne a été initiée par Yannick Poirier, qui avait dès décembre incité ses clients et confrères à envoyer un message d'alerte aux parlementaires, et Olivier Huguenot, de la librairie Le Neuf à Saint-Dié. Ils ont été vite rejoints par l'association des Librairies spécialisées jeunesse (ALSJ), les réseaux Initiales et Siloë, le Syndicat des libraires littérature religieuse (SLLR), les associations Librairies indépendantes en Lorraine (LIL), Libraires indépendantes en Poitou-Charentes (LIPC), Librairies indépendantes en Auvergne (LIA), Libr'Aire (Librairies indépendantes du Nord-Pas de Calais), Text'O Centre (éditeurs en région centre), la MEL, le groupe Alexandrie-Callimaque, et l'Union nationale de l'Imprimerie et de la communication (Unic).
Synthèse réalisée par Sylvie Gouttebaron, Maison des écrivains et de la littérature, Liana Levi, éditrice, Héloïse d'Ormesson, éditrice, Francis Goux, conseiller culture de Gilles Carrez au Perreux sur Marne, Olivier Huguenot, dirigeant de la librairie Le Neuf à Saint Dié, Régis Pecheyran, ancien directeur général de Termondyn, filiale de Framatome, actuel gérant de la Société des amis de Tschann, Yannick Poirier, dirigeant de Tschann Libraire à Paris.
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