Lors des rencontres professionnelles de la Foire Più Libri Più Liberi, qui s’est déroulée du 4 au 8 décembre à Rome, l'AIE (Association des éditeurs italiens) a présenté diverses recherches sur différents thèmes : de la diffusion de l’édition italienne à l'étranger aux pratiques d'achat des lecteurs, de la lecture de bandes dessinées en Italie à la lecture des petits enfants. Voici une synthèse des résultats de ces intéressantes investigations.
Le 15/12/2021 à 14:32 par Federica Malinverno
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15/12/2021 à 14:32
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Les petits et moyens éditeurs ont le plus souffert de la fermeture des salons internationaux causée par le Covid et ont encore besoin de services pour s’établir sur les marchés internationaux. Cette catégorie d’éditeurs (qui publie de 9 à 100 titres par an) n’a vendu à l’étranger que 9 % de ses titres en 2020, soit 772, en forte baisse (3 points de pourcentage) par rapport aux 1228 de 2019.
Selon le communiqué de l’AIE, cependant, « la tendance des années précédentes montre une croissance continue, qui a probablement été interrompue par le caractère exceptionnel de la première année de la pandémie ».
2020 a également marqué un recul pour les coéditions, en baisse de 65 % par rapport à 2019.
Toutefois, il faut rappeler qu’en 2020, la vente de droits s’est élevée à 8586 œuvres, soit +0,2 % par rapport à 2019 : la pandémie n’a donc pas eu un impact trop important sur ce secteur du marché de l’édition. La vente de droits a représenté 12 % des nouveaux titres publiés. Rappelons qu’en 2001, seuls 4 % des titres publiés intéressaient les éditeurs étrangers.
L’Italie achète toujours plus de droits d’édition à des éditeurs étrangers qu’elle ne parvient à en vendre, mais dans certains domaines comme les livres pour enfants, les livres illustrés et les ouvrages non romanesques, la situation s’est déjà inversée.
L’Europe, avec 5914 œuvres achetées, reste de loin le premier marché, avec 69 % des titres vendus à l’étranger. L’Espagne en a acheté 1301, suivie par la France (917), la Pologne (650), l’Allemagne (591) et le Royaume-Uni (237).
L’Italie confirme qu’elle est un pays très ouvert aux cultures et à la littérature étrangère, un pays qui traduit beaucoup et qui, cependant, au fil des ans, est moins dépendant des pays étrangers.
De 1997 à 2020, les œuvres d’auteurs italiens ont augmenté de 56 %, les traductions de 24 %. En 2020, les traductions étaient principalement effectuées à partir de l’anglais (62 % de toutes les traductions), du français (16 %), de l’allemand (7 %) et de l’espagnol (4 %).
« L’accompagnement des éditeurs à l’étranger, en particulier des petites et moyennes entreprises, a toujours été l’un de nos principaux objectifs », a expliqué Ricardo Franco Levi, président de l’AIE. « À l’horizon, le rendez-vous le plus important est Francfort 2024, l’édition de la Buchmesse qui verra l’Italie comme invité d’honneur : un rendez-vous pour lequel nous travaillons déjà depuis un certain temps. »
« Dans un monde où les processus de consommation culturelle — y compris la consommation de “lecture” — passent presque tous par cette terre sans frontières physiques et sans barrières linguistiques qu’est le web », affirme Angelo Piero Cappello, directeur du CEPELL (Centro per il Libro e per la Lettura), « penser exclusivement en termes de “marché national” serait une grave erreur ; l’horizon international de la lecture doit être l’objectif assumé par les politiques publiques de soutien et de promotion du livre italien dans le monde si nous voulons continuer à maintenir la qualité de l’édition italienne compétitive sur la scène internationale ».
Une étude de l’AIE réalisée par Pepe Research s’est penchée sur les pratiques d’achat des Italiens, notamment numériques, et a révélé un fait intéressant : un million de lecteurs italiens ont acheté au moins un livre par le biais des sites web des maisons d’édition l’année dernière. Ce chiffre a doublé depuis mai 2020 et quadruplé depuis mars.
Voilà la conclusion du chef du bureau de recherche de l’Association des éditeurs italiens (AIE), Giovanni Peresson : « le commerce électronique est une réalité qui s’est imposée à tous les niveaux ».
Selon l’étude susmentionnée, au cours des 12 derniers mois, 39 % des lecteurs affirment avoir acheté un livre sur Amazon, 7 % sur Ibs.it/laFeltrinelli, 5 % dans d’autres librairies en ligne et 4 % directement sur les sites des éditeurs.
Il y a 2,7 millions de personnes qui ont commencé à acheter en ligne et qui ne le faisaient pas auparavant, soit 11 % des lecteurs. Les livraisons à domicile par les librairies, après avoir atteint un pic de 10 % en mai 2020, pendant le confinement, sont tombées à 3 % en septembre 2021.
La bande dessinée est un genre de plus en plus populaire en Italie et l’AIE a décidé de réaliser une enquête pour tenter de mieux connaître les lecteurs de ce secteur éditorial. L’étude « Qui est le lecteur de bandes dessinées en Italie ? », réalisée en collaboration avec ALDUS UP et Eudicom et Lucca Comics&Games, indique qu’il y a près de 9 millions de lecteurs de bandes dessinées en Italie.
Selon l’étude, les lecteurs de bandes dessinées (plus de 14 ans) sont exactement 8,7 millions, soit 18 % de la population et 35 % du lectorat total.
Emanuele Di Giorgi, de la commission Bandes dessinées et romans graphiques de l’AIE, a souligné plusieurs points importants : « La lecture de bandes dessinées est répandue dans toutes les tranches d’âge, en particulier chez les jeunes, et les lecteurs de bandes dessinées sont également de forts lecteurs d’autres genres, réfutant ainsi le lieu commun qui voit dans les bandes dessinées un monde séparé du reste de la scène éditoriale, la culture considérée comme “élevée”. »
Le directeur général de Lucca Crea Emanuele Vietina ajoute : « L’amateur de roman graphique est un consommateur culturel actif et conscient, réparti sur toutes les tranches d’âge. Le connaître, c’est comprendre les raisons pour lesquelles la bande dessinée est, aujourd’hui, l’un des principaux langages de la contemporanéité ».
Les bandes dessinées sont plus populaires chez les hommes (21 %) que chez les femmes (14 %) et plus chez les jeunes que chez les personnes âgées. En détail : 17 % de la population de la tranche d’âge 15-17 ans lit des bandes dessinées, 26 % entre 18 et 24 ans, 23 % (25-34), 22 % (35-44), 20 % (45-54), 13 % (55-64) et 11 % (65-74).
Ce sont des lecteurs particulièrement assidus : le nombre moyen de bandes dessinées lues chaque année est de 17,5 (bandes imprimées et ebooks, neufs et d’occasion) et 64 % du public en lit plus de 7. En outre, 83 % des personnes qui lisent des bandes dessinées lisent également des romans, des ouvrages documentaires et d’autres genres (contre une moyenne nationale de 52 %), lisent des livres numériques (48 % contre une moyenne de 23 %) et écoutent des livres audio (27 % contre 11 %).
« Pour la première fois », a expliqué le chef du bureau de recherche de l’AIE, Giovanni Peresson, « nous explorons la consommation de produits éditoriaux par les enfants en bas âge, à travers les livres tactiles, et nous rendons compte d’une évolution qui devrait nous faire réfléchir au renforcement des politiques de soutien à la lecture, pour comprendre quels groupes sont mieux adressés et comment ».
Il s’agit en effet de la première recherche menée par l’Association des éditeurs italiens (AIE) en collaboration avec le Centre pour le livre et la lecture (CEPELL) sur la lecture dans la petite enfance (de 0 à 14 ans).
L’objectif est donc d’orienter les politiques publiques de promotion de la lecture afin de répandre l’habitude à lecture chez les jeunes dès le plus jeune âge.
Selon Angelo Piero Cappello, directeur du Centre pour le livre et la lecture, « les lecteurs ne naissent pas tous seuls, il ne sert à rien de prétendre le contraire. Au contraire, il incombe à ceux qui planifient les politiques publiques d’encouragement à la lecture de donner naissance à des lecteurs : encourager et soutenir la lecture (ou bien l’écoute) dans la petite enfance, à l’école maternelle et à la préadolescence, en tenant compte toutefois du fait que les processus de lecture d’aujourd’hui ne se limitent plus aux livres numériques ou aux livres tactiles, et encore moins aux livres illustrés.
Ce qui change, c’est le concept du livre — de plus en plus intégré entre différents supports — qui entraîne avec lui le concept de lecture, de plus en plus numérique : au livre papier, compris au singulier, s’ajoutent les livres hybrides, qui utilisent simultanément différents sens (ouïe, toucher, vue), et qui poussent le jeune lecteur vers une cognition du monde de plus en plus simultanée et plurielle ».
Dans la tranche d’âge 0-14 ans, les lecteurs représentent 77 % du total, soit 5,9 millions, et chacun d’entre eux lit de manière très différente : 72 % lisent des livres imprimés (y compris illustrés), 10 % des livres numériques, 2 % des livres audio physiques, 3 % des livres audio sur des plateformes, 18 % utilisent des apps éducatives et narratives, 34 % (dans la tranche d’âge 0-4 ans) des livres tactiles.
Derrière ces chiffres se cache toutefois une tendance extrêmement variable en fonction de l’âge : entre 0 et 3 ans, 77 % sont des lecteurs, ce chiffre passant à 93 % dans la tranche d’âge de 4 à 6 ans et tombant à 84 % dans la tranche d’âge de 7 à 9 ans. Entre 10 et 14 ans, ils chutent encore à 65 %, une baisse qui se poursuivra pour atteindre 51 % dans la tranche d’âge 15-17 ans (qui ne fait pas l’objet de l’étude).
L’écrasante majorité, jusqu’à 69 %, ne lit que des livres imprimés ou tactiles, tandis que 20 % lisent ou écoutent également des langues étrangères. En outre, 37 % choisissent eux-mêmes ce qu’ils lisent.
crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
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