#UkraineUnderAttack – L’arrivée des troupes russes dans la capitale ukrainienne ne serait plus qu’une question d’heures. L’invasion globale, doublée de frappes aériennes, et désormais des chars à une trentaine de kilomètres de Kiev. Pour le président Volodymyr Zelensky, le pays est abandonné face à la puissance que Poutine déploie. Et en attendant les soutiens promis des pays européens, les sanctions se mettent en place.
Le 25/02/2022 à 10:52 par Nicolas Gary
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25/02/2022 à 10:52
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Le PEN Club International n’aura eu de cesse que d’appeler au maintien de la paix, exhortant les autorités à empêcher cette violation de la souveraineté de l’Ukraine — qui désormais apparaît comme le déroulé du plan de Vladimir Poutine. « La Seconde Guerre mondiale n’a rien appris à l’humanité », estimait le président de la section ukrainienne du PEN, Andrey Kurkov.
Ce 24 février, l’Association italienne des éditeurs fut la première à réagir, alertant de la menace qui plane désormais sur l’Europe. L’association allemande des éditeurs et libraires assure être « indignée de l’attaque brutale de la Russie contre l’Ukraine ». La Fédération européenne des éditeurs leur a emboîté le pays, élargissant le spectre du danger « au monde entier », comme l’avait dit plus tôt la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola.
Et la FEE d’adresser ses pensées aux collèges : « Auteurs, traducteurs, éditeurs, libraires et bibliothécaires. Continuez d’écrire, de traduire, de publier et de donner accès aux livres. Même s’ils sont de fragiles remparts contre les bombes, le livre et la lecture sont indispensables à la démocratie. » L’Ukraine a droit « à la paix et la démocratie, ses citoyens à la sécurité et le pays à l’intégrité territoriale ».
Arno Jundze, président de l’Union des écrivains lettons à Riga insiste : « L’effusion de sang doit cesser. Le peuple ukrainien et nos collègues auteurs doivent recevoir un soutien en ces temps difficiles. » L’union des écrivains lituaniens se dit aux côtés des auteurs ukrainiens. « Nous condamnons l’invasion russe, illégale et injustifiable », ajoute Birutė Jonuškaitė Augustinienė, présidente de l’organisation.
Nina George, présidente du Conseil des écrivains européens, qui représente 46 organisations à travers 30 pays, ajoute : « Nous demandons aux États membres de l’Union européenne d’intervenir fermement face aux violences qui ont en cours en Ukraine. Nous appelons les ministres de la Culture de tous les États à soutenir le peuple ukrainien, nos collègues écrivains, en ces temps de guerre difficiles et potentiellement mortels. »
De son côté, le PEN France nous indique avoir pris contact avec ses homologues ukrainiens. Nous devrions avoir prochainement des informations plus directes et une réaction de son directeur. « Nous avons suivi, d’abord avec inquiétude et maintenant avec consternation, l’évolution de la situation de votre pays face aux menaces, aujourd’hui mises à exécution, de la Russie de Poutine. Nous vous assurons bien sûr de toute notre sympathie. Et, au-delà de toutes les condamnations venant de la communauté internationale, nous tenons à vous dire que nous sommes à vos côtés et attentifs aux demandes d’aides que vous pourriez nous faire », a écrit Philippe Pujas, Président du Comité pour la paix au PEN Club français à ses confrères d’Ukraine.
Du côté de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants, on regrette de n’avoir pas de liens avec des structures en Ukraine. Par ailleurs, l’association est en contact avec certains éditeurs russes, qui demeurent prudentes et « ne prennent pas facilement la parole, pour toutes les raisons que l’on peut imaginer », nous assure la directrice, Laurence Hugues.
Nous avons également pris contact avec l’institut ukrainien du livre et tâchons de joindre, par l’intermédiaire de l’International Publishers Association, l’association des éditeurs et libraires ukrainiens. L’IPA nous assure être en contact avec les représentants de l’industrie du livre et suivre avec attention les terribles événements.
En octobre 2014, l’IPA avait diffusé un rapport déjà alarmant sur l’industrie du livre ukrainienne, alors que le conflit avec la Russie faisait rage déjà, dans de bien moindres proportions. Une « véritable tempête » qui agitait les professionnels, lesquels enregistraient alors une perte de 30 % des ventes sur les douze derniers mois.
Rappelons également qu’en 2017, la Cour suprême d’Ukraine avait imposé des restrictions sur l’importation de livres imprimés à l’étranger. Et plus spécifiquement, tout ouvrage faisant état d’une propagande anti-Ukraine, en faveur de la Russie, déjà présenté comme « État agresseur ».
Ce sont 1,5 million d’exemplaires qui furent interdits depuis l’instauration de cette législation, alors que le marché du livre ukrainien fut longtemps dominé par les importations depuis la Russie. En 2013, ils représentaient encore 73 à 75 % de l’industrie du livre ukrainienne. (voir le rapport du Centre ukrainien du livre)
Si depuis, des collaborations plus contrôlées se sont mises en place, les ouvrages venus de Russie demeurent sujets à des vérifications. Et l’obtention d’autorisation commerciale n’implique pas que les livres soient pour autant disponibles dans les bibliothèques du pays.
Certains éditeurs, en France, ont la mémoire longue. « En 2018, quand Poutine fut élu, une nouvelle fois, à la tête de la Fédération de Russie, Emmanuel Macron avait rappelé “que la France restait fermement attachée au plein rétablissement de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues”. Il avait aussi appelé à rapidement mettre en œuvre les accords de Minsk. »
Et, troublante coïncidence, ce 22 février, est mort Ivan Dzyuba, dissident et héros ukrainien. Véritable figure d’autorité dans la littérature, et malgré son grand âge (91 ans), continuait de suivre le marche du livre avec une grande attention.
Dans un message diffusé ce 24 février, l’association ukrainienne réunissant éditeurs et libraires évoque « un jour tragique pour l’Ukraine et la civilisation humaine ». Face aux messages de solidarité venus du monde entier, les bombes et missiles qui ont frappé villes et villages dans le pays semblent ne pas peser grand-chose. Ainsi, c’est au secrétaire général de l’IPA, José Borghino que les professionnels ukrainiens font appel.
« Maintenant, le sang des civils est versé sur le territoire […] les installations et infrastructures essentielles du pays ont été détruites. Nous pensons qu’un dirigeant [Vladimir Poutin, NdR] prenant des mesures aussi meurtrières devrait recevoir une réponse ferme de la part de tous », poursuit le courrier. « Nous demandons aux membres de notre association internationale professionnelle de trouver les moyens et les outils pour condamner l’agression de la Russie, et soutenir le peuple ukrainien en cette période difficile dans la lutte contre cet agresseur mondial. »
Si l’armée tente de se défendre, il n’est pas simplement question de l’Ukraine, mais de « l’Europe tout entière, du monde et de notre avenir commun ».
L’association liste une série de mesure, allant du soutien militaire par drones aux blocus économiques, financiers, bancaires. Elle demande que les entreprises russes soient toutes mises à l’index, dans le fret maritime aussi bien qu’aérien. Et que, dans le même temps, toutes les sociétés de high-tech bloquent les solutions technologiques dont le pays pourrait se servir. Enfin, que les tribunaux internationaux adoptent des procédures pour accuser Vladimir Poutine de crime de guerre contre le pays — tout en imposant des embargos sur l’importation de produits agroalimentaires.
Des sanctions « à imposer maintenant. Elles contribueront à mettre fin à la guerre, ou du moins, à désamorcer la situation ». Et dans ce qui ressemble à une supplique, l’association conclut : « Agissez contre cette guerre. Partout où vous le pouvez. »
crédits photo : Kharkiv sous les bombardements
DOSSIER - La guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine
DOSSIER - La guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine ou la Russie impériale
2 Commentaires
SamSam
26/02/2022 à 10:52
Nicolas Gary s'est embarqué avec l'OTAN, le bras armé des USA.
On est en guerre, mais même Macron n'oublie pas de faire son buzz. On a une classe politique, et des serviteurs choyés, constituée d'un nid de vipères corrompues, à plat ventre devant un gouvernement, un hegemon qui corrompt et qui tue tout ce qui lui résiste. Je parle évidemment des USA.
On avance la fleur au fusil. On cache sous le tapis les renversements de présidents légitimes par les USA et les milices qu'ils financent avec l'UE depuis des decennies. On planque les nazis qui paradent, qui tuent, qui gouvernent. Avec lequel l'UE, la France signe des accords de commerce, de "respect de la démocratie".
MAïDAN ?
Nicolas Gary - ActuaLitté
26/02/2022 à 11:05
Bonjour SamSam
on finit donc par comprendre votre point de vue et l'orientation que vous souhaitez donner à tout cela. France Inter (mais j'imagine qu'il s'agit là d'un “merdia” à la solde de qui vous voudrez), l'a récemment détaillé : "À l’origine de la guerre en Ukraine, une lecture complotiste de la Révolution de Maïdan"
https://www.franceinter.fr/emissions/antidote/antidote-du-vendredi-25-fevrier-2022
Maïdan, une révolution qualifiée par Poutin de « de coup d’État qui a bénéficié de l’aide directe d’états étrangers, notamment des États-Unis ».
Mais en fait, il est assez facile de tenter des interprétations X et Y. Car la réalité, c'est un pays envahi, des gens sur les routes fuyant leur foyer, des bombardements, des morts. Une guerre.
Et puisque vous m'interpellez, je ne vous répondrai pas. J'invoque plutôt Prévert. « Quelle connerie, la guerre. » Bonne route.