L’écrivain et auteur de bande dessinée, Jean Teulé est décédé ce 18 octobre 2022 à l’âge de 69 ans, d’un arrêt cardio-respiratoire des suites d’une intoxication alimentaire, confirme son éditrice, Betty Mialet, auprès de RTL. D’abord collaborateur à l’Écho des Savanes, il recevra en 1990 au festival d’Angoulême un prix spécial du jury pour sa contribution exceptionnelle au renouvellement du genre de la BD. L’année suivante, il se lance dans le roman, avec un premier titre qui fera date, Rainbow pour Rimbaud.
Le 19/10/2022 à 17:38 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
19/10/2022 à 17:38
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La première partie de carrière, plus d’une dizaine d’années, se passe dans la bande dessinée. Il entre en 1979 dans la revue créée 6 ans plus tôt par Claire Bretécher, Marcel Gotlib et Nikita Mandryka, et y restera jusqu’à la fin de la revue, première époque, en 1982.
Celui qui est né à Saint-Lô dans la Manche, collabore ensuite à la revue Circus, et publie en parallèle plusieurs albums, dont Banlieue sud, aux Éditions du Fromage en 1981, avant d’adapter, pour Glénat en 1983, Bloody Mary de Jean Vautrin.
Cette œuvre lui vaut un prix au Festival d’Angoulême de 1984. Il édite d’autres albums chez Glénat, comme Filles de nuit en 1985, puis passe chez Casterman et Comixland. En parallèle, il participe à la célèbre émission de Bernard Rapp sur Antenne 2, L’Assiette anglaise, entre 1987 à 1989, puis au programme culte de Canal+, Nulle part ailleurs.
En 1990, il reçut un prix spécial du jury du festival d’Angoulême « pour sa contribution exceptionnelle au renouvellement du genre de la bande dessinée ».
Une consécration et un point final à sa carrière de dessinateur. Chez Julliard, il signe son premier roman en 1991 sur le poète des archipels sidéraux, Rainbow pour Rimbaud.
Suivent une vingtaine de titres, parmi lesquels, Ô Verlaine ! en 2004, Je, François Villon en 2006, Le Magasin des suicides en 2007, adapté au théâtre et au cinéma par Patrice Leconte, mais également en BD par Domitille Collardey en 2012.
Il signe également les historiques Le Montespan en 2008, Mangez-le si vous voulez en 2009, Charly 9 en 2011, Crénom, Baudelaire ! en 2020, ou encore Azincourt par temps de pluie, chez Mialet-Barrault éditeurs en février 2022.
Si plusieurs de ces œuvres ont connu des adaptations cinématographiques, comme dernièrement Fleur de tonnerre en 2016, réalisée par Stéphanie Pillonca-Kervern, il se sera aussi essayé à la réalisation, avec une adaptation de Rainbow pour Rimbaud en 1996, avec Laure Marsac, Bernadette Lafont ou Michel Galabru.
ActuaLitté a eu la chance de s’entretenir avec cet auteur français important en 2021, à l’occasion du salon Lire en Poche de Gradignan, autour de Crénom Baudelaire.
Parmi la pluie d'hommages au disparu sur les différents réseaux sociaux, on peut citer celui du nouveau présentateur de La Grande Librairie :
Également du monde politique, comme celui du Maire de Cannes et figure des Républicains, David Lisnard :
Ou encore jounalistique, comme celui du rédacteur en chef de l'hebdomadiare, Le 1, Julien Bisson :
mise à jour : 19h45
La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, adresse ce communiqué :
« C’est un métier génial, écrivain : on se réveille quand on n’a plus envie de dormir et qu’on a fini son rêve. »
Le rêve s’est arrêté brutalement, mais comment ne pas prendre la plume ce soir pour rendre hommage à ce grand monsieur du paysage culturel français.
Jean Teulé nous a quitté dans la nuit du 18 octobre, beaucoup trop tôt, après 69 ans de fantaisie historique, d’irrévérence littéraire, d’originalité résolue.
Pour lui, tout commence à quelques mois. Elu plus beau bébé de France, celui qui marquera les années 1970 et 1980 de ses illustrations, est choisi dans un premier clin d’œil du destin pour illustrer le calendrier des postes.
Il faut dire que Jean Teulé avait le chic pour faire tourner la roue. Dernier de sa classe, destiné à des filières techniques qui ne lui inspirent rien, il provoque la chance au détour de cours de dessin gratuits qu’un professeur lui propose et transforme rapidement l’essai en intégrant une école d’art. Ses expositions y sont vite repérées. Viennent alors les débuts à l’Echo de la Savannes, Circus et Hara Kiri où il impose son style singulier, complexe. Celui d’un roman photo réinventé.
Dans les premières années de sa carrière, déjà, Jean Teulé nous déroute par un talent d’observation et un art du décalage saisissant. Comment ne pas penser à l’album si novateur qu’a été « Gens de France et d’ailleurs » qui, depuis sa sortie jusqu’à ses récentes rééditions, nous surprend autant qu’il nous amuse. Entre tendresse loufoque et moquerie, l’auteur nous force à sortir d’une normalité qui enferme.
Jean Teulé, nous le ressentons aujourd’hui douloureusement, n’aime pas s’éterniser. Lorsqu’il reçoit le Prix spécial pour contribution exceptionnelle au renouvellement du genre de la bande dessinée en 1990 au Festival d’Angoulême, il décide tout de go d’arrêter la bande dessinée et jette l’ensemble de son matériel. Le très grand public le découvre dans l’inénarrable Assiette anglaise d’Antenne 2 puis dans Nulle part ailleurs sur Canal plus.
Pour celui qui vient de l’image mais aime plus que tout les mots – ceux des poètes, surtout, qu’il découvre d’abord par la voix de Léo Ferré - les années 1990 marquent un tournant. Il se consacre désormais à la littérature avec une vingtaine de romans publiés en trente ans. Biographies de poètes, romans historiques fantasques, fictions… Jean Teulé nous a fait naviguer au fil de sa plume d’un univers à l’autre.
Aujourd’hui, nous ressentons avec une grande tristesse la fin trop précoce de l’histoire d’un rêveur inclassable, dessinateur et poète qui a voulu partager avec tous Rimbaud, Villon et Baudelaire. D’un commentateur truculent qui nous a fait revivre avec la même intensité faits Histoire de France et faits divers improbables.
Nous regretterons cette fantaisie par laquelle il nous livrait des analyses profondes. Cette envie de partager son amour des mots et des images. Cette inventivité de la forme qui a inspiré des artistes d’horizons et de genres si variés.
J’adresse à sa compagne Miou-Miou, à sa famille et à ses proches mes plus sincères condoléances.
Crédits photo : ActuaLitté (CC BY-SA 2.0)
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2 Commentaires
Rieg Davan
20/10/2022 à 01:16
RIP
Marie
20/10/2022 à 08:49
J'avais assez aimé : "Ô Verlaine" et "Le Montespan", découvrant un vrai écrivain... Il est mort trop tôt.