La Grande Librairie : les mots, les livres et la lecture en danger ?
Écrans, censures, réécritures… Quelles perspectives pour demain ? Cette semaine, La Grande Librairie s’interroge sur tout ce qui inquiète la littérature et imagine quelques lignes de résistance. Croyez-le ou non, romanciers, essayistes et académiciens n’ont pas dit leur dernier mot !
Le 09/10/2023 à 11:44 par Victor De Sepausy
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Publié le :
09/10/2023 à 11:44
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Lisons-nous moins qu’avant ? Comment transmettre le goût de la lecture à nos enfants ? Face à l’hégémonie des écrans, le chercheur en neurosciences Michel Desmurget rappelle dans Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital (Seuil) l’importance de la lecture pour l’éducation des plus jeunes. Apprentissage du langage, créativité, empathie : la lecture est bien un outil essentiel à notre développement et notre humanité.
Si Amin Maalouf analyse dans Le Labyrinthe des égarés (Grasset) les conflits qui opposent l’Occident à d’autres grandes nations, l’auteur de « Léon l’Africain » ou du « Rocher de Tanios » vient aussi d’être élu Secrétaire perpétuel de l’Académie Française et nous éclairera sur le sort de notre langue et de nos récits.
Quelle place accorder à notre intériorité, à l’heure du règne de la « transparence » ? Avec Panorama (Gallimard), Lilia Hassaine imagine la possibilité du pire… et des façons de s’en sortir. En explorant nos angoisses contemporaines, ce troisième roman permet aussi d’interroger notre rapport à la littérature : comment lira-t-on demain ? Que restera-t-il de nos écrits, de nos poèmes, de nos bibliothèques ?
Enfin, une nouvelle découverte dans La Grande Librairie ! Le deuxième roman de Dimitri Kantcheloff, Vie et mort de Vernon Sullivan (Finitude), nous offre un portrait tourmenté de l’auteur de J’irai cracher sur vos tombes. Traversant les déceptions, les danses, les scandales, le roman nous plonge avec délice dans le Paris d’après-guerre, les mécanismes de la censure et le génie d’un certain Boris Vian.
Avertissement aux lecteurs sensibles ! Tania de Montaigne livre dans Sensibilités (Grasset) une satire grinçante du monde de l’édition, de la marchandisation de nos sociétés et de nos points sensibles. Quand chaque mot a son importance, sa gravité, son pouvoir d’offenser, comment ne pas succomber à la tentation du silence… et de l’oubli ? Un roman curieusement actuel !
Le choix des Libraires : Le Préau
Cultiver l’envie de lire, c’est l’une des missions de Nathalie Mysliwiec, libraire à Metz. Elle anime avec passion « Le Préau » et nous présentera ses trésors de la semaine.
Sensibilités. Roman
Paru le 27/09/2023
172 pages
Grasset & Fasquelle
18,00 €
Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital
Paru le 22/09/2023
409 pages
Seuil
22,50 €
Le labyrinthe des égarés. L'Occident et ses adversaires
Paru le 04/10/2023
448 pages
Grasset & Fasquelle
23,00 €
Panorama
Paru le 17/08/2023
235 pages
Editions Gallimard
20,00 €
Vie et mort de Vernon Sullivan
Paru le 22/08/2023
161 pages
Finitude Editions
17,50 €
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8 Commentaires
L'albatros.
09/10/2023 à 13:02
C est un grave sujet.
La textualité : soi, le livre, la lecture --- la reprise d' autres livres au cours de la lecture, le crayon, la prise de notes, retours en arrieres, reprises.
Le développement subjectif de Soi, par la précision littérale, l interprétation la plus rigoureuse possible, y compris dans l ' extravagance.
L ' imagerie : le film, la fiction, le documentaire, partiel, partial, peu nombreux.
Des forums, des débats publics, des entretiens, des dvds , sur des sujets, histoire, actualités, certes mais le fond, la reprise, la comparaison possible d' une séquence hétérogène avec une autre séquence hétérogène ?
Impossible pour chacun, faute du matériel adequat, coûteux, et s'il existe !!!!
La séquence n est pas la phrase écrite.
Même sur une tablette.
Donc une perte.
Mais il y a pire :
La campagne contre le Livre, à cause du papier vegetal, bois, donc arbres.
Et l imagerie, et aussi tout le net, et le numérique, les composants des matériaux ???
N est ce rien ?
Et puis il y a Pire.
La situation historique de l enseignement des lettres :
Tant les œuvres que les appareillages intellectuels de leur réception critique par la théorie.
Ou en sommes nous de la litterature, si l on tient que tout ce qui se publie n y appartient que d' une manière plus ou moins diverse, a préciser, ou en est on de son histoire comme creation , et pas comme nouveautés de publications ? Ou en est on du rapport critique historique, et rétroactif et rétrospectif sur le Passé des siècles, et comment les relire les œuvres du passé, ce qui est aussi les transmettre ?
Oui, très grave sujet.
Aurelien Terrassier
09/10/2023 à 16:18
Dans un monde ayant perdu plus ou moins la nuance à force d'abus d'écran là où les masses sont manipulés par les fake-news et se gavent de télé-poubelle et où l'influencerie est bien pire sur les réseaux sociaux sans parler d'un certain nombre de séries qui se regardent en mangeant une pizza ou des chips, j'ai quand même un minimum d'optimisme quand j'écoute des gens comme Marc Dugain, Michel Desmurget et Bruno Patino qui sont des voix assez rares dans le débat publique à alerter sur les dangers de l'addition aux écrans qui n'est plus la même qu'il y a vingt ou trente ans du fait de l'apparition des smartphone que la majorité de la planète possède.
Marie
10/10/2023 à 08:22
Pourquoi pas l'"influence", tout simplement?
Xavier Duraffourg
09/10/2023 à 20:43
Que dire? Depuis des lustres, la lecture comme projet éducatif et pédagogique est stipendiee au profit d'un impératif favorable à la cause des minorités, des peuples exclus de la normativité narrative occidentale et d'une volonté de repentance exacerbée.Intention louable au demeurant mais pas pour des jeunes collégiens et étudiants qui, en vertu de l'offre restrictive en la manière, les prive du ' grand imaginaire" et du panoptisme onirique et littérataire qui permet de former au plus profond des esprits, ce fiat lux, ce deus ex machina nécessaire à la formation de ce système de production d'une phénologie intime propice à la saisie de l'essence d'un lire qui est à la fois connaissance et jouissance intellectuelle. Un bon livre transcende le quotidien, le lieu de sa lecture abolit la trivialité, la banalité et fait du véhicule de sa propre vie, le carrosse doré des plus grands délices.
La littérature et le livre sont les derniers vecteurs de la liberté absolue en ce monde d'idoles et d'images.
Or pour ce faire, il faut donner aux enseignants, aux libraires et aux bibliothécaires la totale plénitude de leurs choix, de leurs dilections et de leur désir de partage.
Ce qui implique le refus de toute mise à l'index, de toute méfiance éditoriale.
Car en ce monde finissant, tout est à redécouvrir et à reconstruire. Et le propre de toute dialectique vraie est de construire du nouveau, de l'inédit avec de vieilles contradictions que l'on considéraient comme révolus.
La dernière métaphysique est celle de la Liberté, elle passe par la lecture et la prodigieuse expansion qu'elle peut produire dans l'âme de tout lecteur quels que soient son statut et sa condition.
Je n'illustrerai mon propos qu'à l'aide d'un seul exemple : Une nuit au Luxembourg de Rémy de Gourmont.
Merci de laisser libre cours à cette contribution.
Aurelien Terrassier
09/10/2023 à 21:57
Des études ont prouvé il y a quelques années que les gens retiennent mieux le texte d'un livre que celui d'un écran. Les liseuses c'est bien car cela permet d'avoir une bibliothèque numérique dans la poche mais ça reste toutefois un terminal connecté à internet, donc interaction ce qui est contraire à la lecture intense qui demande un minimum concentration. D'ailleurs, si des gens défendent encore le livre comme objet, ce n'est pas pour rien non plus. Les outils numériques étaient dans le passé quand il y en avait moins et qu'il fallait faire l'effort de programmer un logiciel pour le lancer, considérés comme des compléments dans l'information et l'éducation. Aujourd'hui, le numérique évolue vite et prend parfois le pas sur le livre papier ainsi que l'écriture manuscrite par ailleurs. Il est vrai que d'aller sur Wikipedia peut s'avérer plus rapide que d'ouvrir un dictionnaire Larousse ou Robert. Pourtant les dictionnaires électroniques dans les années 90 n'ont pas reussi à les remplacer. C'est depuis la démocratisation du smartphone beaucoup plus que de l'ordinateur de bureau ainsi que de site comme Wikipedia que ça a commencé à changer.
Austen
10/10/2023 à 00:49
Des livres à venir très interessants
Lyo
13/10/2023 à 20:10
Le livre est un produit de consommation et avec les IA ce n'est pas prêt de s'arranger.
Les livres d'IA vont envahir le marché et faire une lourde concurrence aux auteurs mais en plus leur contenu sera globalement lisse, sans imagination et surtout pas du tout innovateur.
Pointu Hélène
28/10/2023 à 14:31
Le meilleur pour nous élever un peu dans ce monde qui nous échappe et surtout qui nous empêche de réfléchir !