Si rien n’est plus commun aujourd’hui que d’assurer sa voiture, sa maison, ou encore son téléphone portable, il n’en a pas toujours été ainsi. C’est un mouvement somme toute assez récent que celui des assurances, qu’elles concernent la santé, la vieillesse, ou encore les biens.
Le 22/11/2023 à 14:21 par Victor De Sepausy
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Il est possible de faire remonter l’histoire des assurances jusqu’à l'Antiquité, où les premières formes d'assurance étaient informelles et basées sur des accords mutuels entre commerçants et navigateurs. Les Babyloniens pratiquaient déjà des contrats d'assurance maritime dès le deuxième millénaire avant notre ère. Les marchands, soucieux des risques liés au transport de marchandises, utilisaient des contrats écrits pour partager les pertes en cas de sinistre. À Athènes, au Ve siècle avant J.-C., des sociétés de secours mutuel offraient une forme rudimentaire d'assurance aux marins et aux commerçants. Les Romains ont également développé des contrats d'assurance pour couvrir les risques liés au commerce maritime.
Au Moyen Âge, avec l'émergence du commerce international, les marchands italiens ont introduit des concepts plus sophistiqués d'assurance. À la fin du XIVe siècle, les premières polices d'assurance écrites sont apparues à Gênes, Venise et Bruges. Bien sûr, ces polices sont très éloignées de celles que l’on retrouve par exemple en matière d’assurance voiture. Toutefois, ces polices formalisaient déjà les conditions de couverture, mais elles étaient encore souvent négociées dans des cafés spécialisés. L'idée d'assurance s'est ensuite étendue à d'autres secteurs, y compris l'assurance contre les incendies et les pertes liées aux transports terrestres.
La révolution industrielle du XIXe siècle a considérablement transformé le secteur de l'assurance. L'augmentation des risques liés à l'industrialisation a conduit au développement de nouvelles formes d'assurance, telles que l'assurance vie et l'assurance responsabilité civile. La création de grandes compagnies d'assurance et la standardisation des contrats ont également marqué cette période.
Au XXe siècle, l'assurance a continué à évoluer avec l'introduction de produits plus diversifiés, tels que l'assurance automobile et l'assurance maladie. Les avancées technologiques ont facilité la gestion des polices et des sinistres. De nos jours, l'industrie de l'assurance s'appuie sur les technologies de l'information pour évaluer les risques, personnaliser les polices et améliorer l'efficacité opérationnelle. L'évolution rapide de la technologie continue de façonner le paysage de l'assurance, avec l'émergence de l'assurance basée sur les données et l'exploration de nouvelles frontières, telles que l'assurance cybernétique. Certains cherchent donc à porter leur regard vers ce qui sera l'avenir de l'assurance. Voici une petite sélection d'ouvrages pour y voir plus clair sur un mécanisme qui est au coeur de nos sociétés modernes :
Se protéger. Une histoire des assurances sociales en France (347 pages, PU Rennes, 2006, 22 €)
Publié aux Presses Universitaires de Rennes en 2006, cet ouvrage retrace l’histoire récente des assurances sociales. Devenues progressivement obligatoires et étatiques en France, ces assurances sont parfois un peu oubliées quand on pense couverture des risques. Et pourtant, quand on se plaint de la hausse constante des prélèvements obligatoires, c’est tout simplement parce que, progressivement, l’Etat a pris à sa charge des missions qui étaient auparavant du domaine privé.
Comment prévenir les aléas de la vie et se prémunir contre les risques de maladie, d'accident et de vieillesse ? Ces interrogations ont préoccupé la société française à la fin du XIXe siècle. À cette époque, l'État et la société avaient tendance à privilégier l'initiative individuelle, reposant sur l'épargne et la propriété, ou le paternalisme patronal. Dans une Belle Époque marquée par des inégalités importantes, la protection de soi-même était jugée plus cruciale que la protection des autres. Bien que la prévoyance libre ait été une vertu cardinale, elle était peu répandue et avant même la Première Guerre mondiale, elle coexistait avec des formes de protection obligatoire, réservées aux catégories sociales les plus modestes.
Les bouleversements résultant de la guerre ont incité les pouvoirs publics à instaurer des assurances sociales, liées au contrat de travail, visant ainsi à préserver la force de travail. Ainsi, la protection est devenue aussi nécessaire que la prévoyance. Cependant, ce système destiné à améliorer la santé générale de la population a suscité des débats intenses, rencontré de fortes oppositions et heurté de nombreuses convictions. Cet ouvrage narre l'histoire de ces assurances conçues par la classe politique pour contenir les crises du début du XXe siècle, en s'appuyant sur les résultats d'une enquête réalisée par les correspondants départementaux de l'Institut d'histoire du temps présent. Ces assurances concernent aussi les auteurs, qui connaissent parfois quelques déboires avec les URSSAF.
Histoire générale de l'assurance en France et à l'étranger (Hachette BNF, 827 pages, 2014, 36.90 €)
Publié originellement en 1895, cet ouvrage est désormais disponible en impression à la demande. Il est incontournable quand on s’intéresse à l’histoire de l’assurance. Georges Hamon, spécialiste en la matière, a choisi de diviser son ouvrage en sept parties : Physiologie de l’assurance – Histoire générale – Histoire de l’assurance incendie – Histoire de l’assurance vie – Histoire de l’assurance accidents – Histoire des assurances agricoles et conclusion générale. En prenant le parti de distinguer les domaines assurés, l’auteur offre un panorama des plus justes d’un système qui s’est progressivement étoffé et enrichi pour arriver à l’état actuel, avec des risques très étendus pouvant être couverts de toutes les façons qui soient.
Pour commencer son histoire, Georges Hamon revient sur les rêves qui se cachent derrière l’assurance, à savoir, pouvoir se prémunir contre ce qui est imprévu, mais aussi contre ce qui est hautement prévisible, comme la vieillesse et la mort. De façon presque poétique, l’auteur évoque l’assurance comme une « auréole » qui planerait « au-dessus des soucis comme un astre brillant ». Elle serait un gage de paix, de bonheur, consacrerait l’effort personnel et la productivité de l’économie. Et de citer Boileau qui écrivait « Contre les coups du sort songe à te prémunir / Et loin dans le présent regarde l’avenir ». On ne peut mieux dire en termes d’assurance !
L'assurance demain - Etat des lieux et vision prospective (224 pages, 2021, Dunod, 29.90 €)
Tournons-nous maintenant vers l’avenir de l’assurance, avec ce livre qui offre une vision prospective à moyen terme, sur une période de dix à vingt ans, du secteur de l'assurance, actuellement à un carrefour crucial. Signé par Frédéric Morlaye, diplômé de l'École Polytechnique et de l'Institut d'Études Politiques de Paris, et ingénieur du Corps des Mines, cet ouvrage met à profit l’expérience de l’auteur en tant que Managing Director, en charge des solutions de gestion de capital pour les sociétés d'assurance en Europe chez BNP Paribas Corporate and Institutional Banking.
Durant les quatre dernières décennies, ce secteur a bénéficié de conditions démographiques, sociales et économiques particulièrement favorables, mais ces conditions sont aujourd'hui largement obsolètes. L'auteur, F. Morlaye, propose une approche prenant du recul et de la hauteur pour analyser cette industrie, ses dynamiques et son rôle social.
A travers cet ouvrage, on comprend mieux les raisons du succès passé de l'assurance, mais aussi les contraintes et les difficultés structurelles auxquelles le secteur est actuellement confronté, expliquant pourquoi le modèle économique ne fonctionne plus. L’auteur envisage ensuite les perspectives démographiques, économiques et financières à moyen terme, afin de définir le "terrain de jeu" sur lequel l'assurance devra désormais évoluer. Voilà un ouvrage incontournable pour percevoir la juste manière dont les assureurs, qu'il s'agisse de l'assurance non-vie ou vie/épargne, devront adapter leur activité pour prospérer dans ce nouveau paradigme.
Crédits illustration Pexels CC 0
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