Tesson et le Printemps des poètes : Sophie Nauleau démissionne
Directrice artistique du Printemps des poètes depuis 2018, l'autrice Sophie Nauleau a remis sa démission. Une décision qui suit l'intense polémique déclenchée par le choix de l'auteur Sylvain Tesson comme parrain de la 25e édition de l'événement. Elle a dénoncé, dans son communiqué, « une cabale effarante » contre la personnalité choisie.
Le 26/01/2024 à 12:27 par Antoine Oury
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26/01/2024 à 12:27
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Depuis la mi-janvier circulait une tribune, repérée par ActuaLitté puis diffusée par Libération. Dans celle-ci, des « poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignantes et enseignants, actrices et acteurs de la scène culturelle française » dénonçaient le choix de Sylvain Tesson comme parrain de la 25e édition du Printemps des poètes.
Le très médiatique écrivain, en tournée des plateaux pour son roman Avec les fées (Éditions des Équateurs), était désigné comme une « icône réactionnaire ». Plus loin, le texte en faisait une « figure de proue de cette “extrême droite littéraire”, aux côtés de Michel Houellebecq et Yann Moix, un triste panel d’“écrivains en vogue” dont les prétendus accidents de parcours se révèlent, en réalité, les arcanes d’un projet “d’une sinistre cohérence” que nous refusons et condamnons ».
Devenu une tribune, le texte a été signé par un collectif de 1200 auteurs, dont Baptiste Beaulieu, Chloé Delaume ou encore Jean D’Amérique. Les critiques adressées à l'encontre du choix de Sylvain Tesson semblaient nourries par l'ouvrage Réactions françaises, une « enquête sur l'extrême droite littéraire » du journaliste du Monde François Krug, publié par les éditions du Seuil en mars 2023.
Dans le livre, Krug rappelait notamment le parcours de Sylvain Tesson, de ses débuts sur Radio Courtoisie, clairement positionnée à l'extrême droite, à ses liens avec Jean Raspail, dont Le Camp des saints, paru en 1973, est une référence pour l'extrême droite et les néo nazis, ou Dominique Venner, figure de la « Nouvelle Droite ».
(Extrême) droit de réponse
La diffusion de la tribune dans Libération a déclenché un mouvement de défense inédit de l'auteur, de la ministre de la Culture Rachida Dati à Denis Olivennes, président d’Editis, en passant par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire ou même... Éric Ciotti.
Des contre-tribunes ont fleuri, l'une d'entre elles dénonçant une « injustifiable cabale », « au vu de ce qui apparaît là comme un nouveau type d’inquisition, de cet insidieux poison doctrinaire, sectaire et rétrograde, sinon réactionnaire par-delà même ses louables intentions émancipatrices de départ, de ce que l’on appelle communément le “wokisme” ».
Le principal intéressé, pour sa part, se refusait à réagir publiquement sur le sujet.
Critiques et démission
Un nouvel épisode s'est ouvert, avec la publication d'une enquête sur les coulisses de la structure, ce 24 janvier 2024. Dans celui-ci, « [h]uit anciens salariés évoquent un management traumatisant » de la part de Sophie Nauleau, dénonçant au passage « l’entre-soi étouffant d’une institution vieillissante », selon les termes du quotidien du soir.
La directrice artistique, directement pointée du doigt, n'a pas souhaité répondre aux sollicitations du Monde qui publiait l'article.
TRIBUNE - “Il faut être un idiot majuscule pour écrire de la poésie”
Mais le communiqué transmis ce 26 janvier à l'AFP, quelques jours après la publication de cet article, apporte sans doute des réponses. Il fait toutefois uniquement référence à l'affaire Sylvain Tesson : « Le choix, que j'assume pleinement, de Sylvain Tesson pour féerique parrain de “La Grâce” (thème de l'édition 2024, du 9 au 25 mars) a déclenché une cabale effarante, consternante pour ne pas dire monstrueuse », explique-t-elle.
« Dans ce contexte, aucune parole n'étant audible, j'ai préféré réserver la mienne au silence », précise encore Sophie Nauleau.
Rappelons que le directeur général du Centre national du livre (CNL), premier financeur de l'événement, a promis d'opérer un bilan, une fois la 25e édition achevée. Pascal Perrault faisait état d'un examen des « difficultés de fonctionnement interne qui viendraient à être portées à sa connaissance si elles sont susceptibles de porter préjudice à cette manifestation essentielle pour la poésie ». Certaines semblent désormais connues.
À qui profite la crimunication ?
Corollaire économique immédiat : les ventes de son ouvrage, Avec Les Fées auront passablement ronronné suite à cet emballement médiatique. Publié chez Les Equateurs (filiale d’Humensis), son livre aligne 40.500 exemplaires vendus entre le 10 et le 21 janvier. Et bien entendu, il est premier des ventes de pour la semaine passée, confirme Edistat.
Peut-être même que Le téléphérique et autres nouvelles prendra l’aspiration — le poche sortira chez Folio pour 3 €. Mais quitte à consulter les entrailles des données, un bref coup d’œil à Blanc, son précédent roman, montre qu’en trois semaines, les résultats étaient supérieurs, à plus d'un titre : 44.000 exemplaires, sans polémique.
De quoi regarder l’horizon, Sire Conspect.
Photographie : affiche du 25e Printemps des poètes/Sophie Nauleau
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31 Commentaires
Pouet pouet (camion)
26/01/2024 à 13:29
Ce que le microcosme (ou le Landerneau, ou les germano-crétins, choisissez votre AOC) sait surtout, c'est combien cette nomination en 2018 avait fait rire aux éclats et jaune : conjointe d'André Velter, qui dirigeait la collection Poésie/Gallimard, elle prenait la place de Jean-Pierre Siméon – qui occupe lui désormais le poste de directeur de ladite collection.
Vous avez oublié ? Vous en avez parlé pourtant : https://actualitte.com/article/21490/edition/jean-pierre-simeon-remplace-andre-velter-a-la-collection-poesie-gallimard
Donc, les petits arrangements "préparés de longue date" ne remonte pas à Tesson, qui certainement quittera ce parrainage, n'ayant plus le soutien de la DA.
Minable, toute cette histoire. Et plus encore pour la manifestation, qui aurait mérité un peu d'incarnation : filer quand ça chauffe, alors qu'on aurait au contraire eu besoin d'une capitaine, c'est vraiment du courage !
Grouik
26/01/2024 à 13:38
on commence à comprendre la manip...
les minables petits merdeux degauche ont été instrumentalisés (une fois de plus!) pour un règlement de compte qui leur échappe (évidemment) totalement
Pouet pouet (camion)
26/01/2024 à 14:09
J'ignore à qui échappe ou échappa quoi que ce soit.
Juste que cette affaire est un arbrisseau cachant l'Amazonie, que Tesson (pun intended) a de la bouteille, et qu'en faire un bouc émissaire permet de crever l'abscès.
Marrant d'imaginer qu'en 2019, quand Bilal signait l'affiche et Rachida Brakni était marraine, tout filait droit, avec une certaine image de la poésie, graphiquement et par le savoir d'une comédienne.
Pas de placement de produit désastreux – faut-il préciser que Tesson est publié chez Gallimard ? – ni de renvoi d'ascenseur entre gens bien éduqués.
A l'époque c'était Riester, le pauvre, qui mangea plus que son pain noir au ministère de la Culture.
Maintenant, la transition Abdul-Malak / Dati s'opère avec cette polémique navrante.
Mais avec quelle prestance la directrice artistique quitte le navire, se murant dans le silence, parce qu'elle est trop bien pour nous expliquer son choix et l'assumer...
grouik
26/01/2024 à 16:51
L'hystérie "antifasciste" chez les souschiens (huhu) de pavlov degauche mobilisée pour... faire tomber une tête, régler un compte... voilà le niveau de la cuculture en France... pouet pouet, vos papiers etc
Jasper the disaster
27/01/2024 à 11:26
C'est clair mon petit cochon que quand on voit le niveau de vos contributions, on a pas envie de partager la même auge... Grouik, grouik !
Pierre la police
27/01/2024 à 11:25
"petits merdeux de gauche". J'ai été censuré pour moins que ça . On sait que l'insulte est l'apanage des badufs d'extrême droite mais attention à ne pas trop montrer pour qui on roule.
Thomas
26/01/2024 à 14:00
lol
Marie
26/01/2024 à 17:10
Même si cela ne sert de rien, force est de constater que c'est "la bêtise au front de taureau" qui gagne pour le moment...Dans l'impossibilité de prendre la place de celle qui a décidé, je souhaite seulement que "le Printemps des poètes" poursuive sa route, car c'est bien la" poésie" qui semble à présent en survie, en France.
Gilles Lapierre
26/01/2024 à 17:52
Tesson aura-t-il la Grâce de se retirer ? rien n'est moins sûr... le bougre doit ruminer quelques vengeances, soupeser quelques aigritudes, fulminer comme un taureau au bord de l'abime...
Merde j'écris comme Tesson, je suis pris de Tessonite aiguë
ouououoiiilleouillle
"À genoux, il priait de tout son sang" _ Lu sur internet
Aurelien Terrassier
26/01/2024 à 18:44
Gilles Lapierre Nous aurons la réponse dans 20h30 le dimanche. https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/19h-le-dimanche/20h30-le-dimanche-avec-yannick-alleno-sylvain-tesson-et-jain_6293967.html Suspens donc! En attendant le fait que Sophie Nauleau démissionne est une petite victoire pour les signataires. En effet, Sophie Nauleau a défendu Sylvain Tesson jusqu'au bout. En attendant la réponse du principal intéressé dimanche soir et même si fort heureusement 32 articles de la loi immigration ont été censurés par le Conseil constitutionnel, la bataille politique, culturelle et intellectuelle contre les idées d'extrême droite et leur infusion dans l'opinion publique doit continuer!
Aurelien Terrassier
26/01/2024 à 18:11
Avec des anciens salariés qui dénoncent un management traumatisant, cet événement annuel qui a eu dans le passé des soucis de subventions public ne pouvait pas non plus se déshonorer cette année avec l'un des écrivains médiatiques les plus réactionnaires du moment après Michel Houeĺlebecq! Sophie Nauleau savait à quoi s'attendre. Maintenant elle en tire les conclusions.
régis
27/01/2024 à 00:46
Pitoyable pour les censeurs !
Ça sappelle la jalousie...la rivalité...la rancoeur
Marie
27/01/2024 à 16:02
... la bêtise, l'ignorance, la suffisance, la cupidité, la vanité, l'égotisme, la haine, la "moi...sissure" comme dirait l'autre, le "je-fais-tout-bien", le "je-sais-tout-moi" la rancoeur...suite prochainement, la coupe n'est pas pleine.
nathalie
27/01/2024 à 08:08
résultat de cette affaire germano pratine , censurer revient souvent à promotionner un auteur (ou un film).
LIvres hebdo : Avec les fées (Les Équateurs) prend directement la 2ᵉ place des meilleures ventes GFK / Livres Hebdo de la semaine.
Marie
27/01/2024 à 09:12
Pour tous ceux qui s'acharnent tant sur "le Printemps des poètes" que sur l'écrivain poète, certain osant même écrire : "pas besoin de lire"!!, je laisse Brassens s'exprimer: "Le temps ne fait rien à l'affaire...quand on est "c.n", on est c.n"...L'été suit le printemps, et ce faux problème a au moins le mérite d'avoir fait connaître un peu plus le conteur voyageur.
sylvie Podevin
27/01/2024 à 09:27
Ce que je ne comprends pas c'est comment est-il possible d'"enfourner"(je pèse mes mots) Tesson et houelbecq dans une liste de poètes ?
Grouik
27/01/2024 à 12:05
https://www.poemes.co/michel-houellebecq.html
Hannibabal
29/01/2024 à 11:47
MAIS OUI!!! C'est CELA, et CELA UNIQUEMENT le problème( il ne faut pas néanmoins nier les problématiques idéologiques liées à la littérature, -depuis toujours- pour autant!- MAIS comment se fait-il que S. Tesson, d'un coup... soit érigé en figure de poète, que dis-je , de son parrain??!
de la POESIE, donc!
Tout cela évoque... QUOI??
- Que montrer la LUNE fait que, systématiquement, on regarde le doigt?
-Que la pensée ( même la plus élémentaire: REGARDER de quoi il s'agit, dans un débat..) a atteint, non pas le degré ZERO, mais que les commentateurs ET les "décideurs" (...) ont réussi à faire passer sous le tapis le FAIT même de penser ?!(ici, penser la poésie, la regarder, la considérer comme telle...ah! oui, c'est vrai...: Il faudrait travailler, voir, penser, etc... et avoir quelque chose à.... dans le.... et une conviction, culture, expérience, vision... etc) Pour y substituer le fait brut médiatique du BUZZ, en passant sous le tapis la seule et simple logique:
- Qu'est-ce que Tesson fabrique en poésie? Qu'a-t-il écrit en la "matière"...??? Ses randonnées sont-elles un FAIT POETIQUE... suffisant?!!! une sorte "d'écologie" commerçante...(nomadisme de riche, etcetc..)
-Ou son appartenance de droite(??) tient-elle lieu de poésie?, appartenance, donc, de SUBSTITUTION au fait littéraire, culturel,ARTISTIQUE,Social, anthropologique, et merveilleux d'AGIR et de CREER, (écrire) en, pour, dans .... la poésie, sa promotion, son émancipation, son illustration, sa représentation sa DEFENSE..............................???? La pensée est-elle devenue à ce point un camp hors SYMBOLE...? Et donc, HORS-CHAMP de toute pensée???
Rien du tout! (Même l'Absurde n'est pas présent ici! car il y a trop de vide, trop de nullité, trop de ZERO INFINI.)
-S'il a généré des sous, en masse, paraît-il- ce fric est-il de droite, de gauche?
Le triste, c'est l'état des choses poétiques, de la poésie, car des poètes et de la poésie et du TRAVAIL (des oeuvres) de ce côté, il s'en trouve en France.
Le problème c'est l'adjectif: quand on ne sait pas, quand on ne sait plus QUOI dire, on dit" c'est poétique".Sur tous les médias, c'est le même mot, le même vide...(On sait:" = doux, rêve, évanescent, joli, et : " QUI FAIT du BIEN!"... etc....(Là, on voit bien que Tesson ne fait pas ...du bien...! en tous cas, pas du bien commun!)
Il n'y a pas de poésie dans le fait de gagner du fric, ni dans le fait de n'en pas gagner- ni dans le fait d'avoir eu un accident, ni dans celui de s'en être "remis", ni dans celui de randonner en France(fût-ce en faisant une apologie du terroir-territoire, de la Bretagne, dont par chance, il n'est pas...).
-Le point AVEUGLE peut être admis chez la plupart des gens en France qui s'échinent à tenter de parler/écrire une langue... celle d'ici... et à en garder une joie à vivre/survivre à ce monde, c'est bien cela la Poésie, non? La POINTE AVANCEE de la LITTERATURE.
Eh bien! on voit bien que ceci est PERDU... de Vue, même par (et surtout!) par ceux-ci qui dirigent, administrent, commentent... ce qu'un jour on a nommé la ...culture.
Aussi, je vois qu'ils n'écrivent pas. Ne créent pas, donc. Ne sont pas artistes, donc.
On pourrait alors avancer la fameuse phrase: " la Poésie n'est NI de droite, NI de gauche" (seule la C... ie est des deux), à quoi la Maqueronnie nous a habitués-, mais on ne fait pas(de) la Poésie ni (de) la Littérature avec du "ni, ni", (ni... avec du "en même temps", ce qui revient au même), IL Y A ou pas, la poésie ou/et la littérature.
Ni -Ni, et "en même temps" proviennent et vont à.... la béance.
Alors? Pas de solution....!La solution, c'est la création artistique, et il faut bien admettre qu'il y a toujours eu un Marché.... et des ratés du moment: (Gide refusant de publier Proust!!)
C'est invraisemblable que quasiment aucun commentateur ne VOIE que la pensée n'est pas le combat mortifère insensé et diabolisé( d'un côté comme de l'autre) idéologique et mercantilisé jusqu'à l'os... Mais la mort de ce"logiciel" littéraire et poétique qui a fait la culture dans sa langue et ses usages.
Ce n'est certes pas Dati qui, comme chacun le sait, lit Rimbaud et Michon chaque jour, et Gracq la nuit-qui va nous aider à sortir de là.....
Romain PERRIN COMTE
27/01/2024 à 09:57
A titre personnel, je n'aime pas les livres de Sylvain Tesson et je ne les lis plus, son positionnement de droite qui transparaît trop souvent dans ses textes ne me convenant pas, pas plus d'ailleurs que ceux d'Houellebecq ou Moix. L'avoir choisi comme parrain du Printemps des Poètes était à tout le moins une maladresse. Mais peut-on parler de "maladresse" ? J'approuve les personnalités du monde du livre qui ont protesté contre un tel parrainage. Si Mme Nauleau a démissionné, tant mieux. Elle s'en remettra.
Pierre la police
27/01/2024 à 11:29
Adieu, Sophie ! Je ne suis pas inquiet pour vous. Vos contacts vous permettront de rejoindre le privé où vous pourrez à loisir copiner avec de vrais prédateurs.
Le belin
27/01/2024 à 14:53
Eussiez vous écrit la même chose si le parrain du printemps était classé à gauche ? Si oui, votre commentaire se comprend. Si non, j’entends qu’il n’est de bon écrivain que de gauche, le talent ne saurait exister ailleurs. Au secours
Pierre la police
27/01/2024 à 16:29
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Pierre la police
27/01/2024 à 16:44
Oui. (je réponds par monosyllabe car j'ai peur comme Sylvain d'être censuré)
Alain Kewes
27/01/2024 à 13:39
"Un début !", "Une première victoire", lit-on ici et là après la démission de Sophie Nauleau. Le problème n'était donc pas le positionnement politique supposé de Tesson, ni même la direction artistique de Sophie Nauleau. La question était, et reste, l'éparpillement façon puzzle de l'association "le Printemps des poètes", coupable d'avoir trahi la poésie en la jetant dans le domaine public (métro, aéroports, usines, stades de foot... enfin partout où elle n'était pas). "C'est grand public" était, avec "c'est commercial", le pire jugement qu'on pouvait porter sur un album ou un groupe dans ma lointaine adolescence de rocker. Il semble qu'en poésie aussi, la croyance perdure qu'elle n'aurait rien à gagner à se frotter aux vrais gens, ordinaires, à ceux qui n'y connaissent rien et aiment encore être bêtement émus ou charmés par un poème, voire gardent la nostalgie des rimes et des alexandrins. Un vrai poète se doit d'être maudit, confidentiel, à l'abri dans sa bulle, sa niche éditoriale. Un vrai poème ne saurait plaire, faire du bien, il faut qu'il heurte, provoque, mette son lecteur mal à l'aise, lui ouvre les yeux - de force au besoin - sur les horreurs et injustices d'un monde dont le poète est convaincu que le lecteur ne le voit pas, ne le combat pas déjà ailleurs et autrement. Qu'un recueil se vende à plus de 1000 ou 1500 exemplaires, il sera gentiment taxé de cui-cui les petits oiseaux, à moins que son auteur ne soit soupçonné de jouer de ses relations, de son charme peut-être. Bref, ce n'est pas normal. La poésie veut rester cachée, ignorée, méprisée. C'est ce qui fonde la "mission" que le poète voyant, et seul voyant, se donne. Fi donc de cette manifestation grand-guignolesque du Printemps des poètes. Loin de nous le petit éclairage annuel sur la poésie qu'elle s'offrait dans les grands médias, auxquels on ne saurait, n'est-ce pas ?, vendre son âme. Téléspectateurs, quidams, ouvriers et paysans, gens de rien, passez votre chemin, la poésie est affaire de spécialistes. Mort au Printemps !
Jacques Lèbre
27/01/2024 à 18:49
"La poésie telle qu'elle est reçue, ou plutôt éconduite, égarée, perdue de vue, me suffit et me comble. Elle n'est pas, et refuse d'être, un genre littéraire, un produit culturel, une marchandise éditoriale. Elle est, par bonheur, déficitaire dans les calculs de marketing. Elle est irrécupérable par l'ordinateur de la diffusion et la herse médiatique. Elle n'a pas de rayonnement au sens où vous l'entendez, car elle a renoncé depuis le premier jour, à l'éclat public, pour l'irradiation dans le corps obscur, la déflagration invisible et les transmutations souterraines." (Jacques Dupin, revue "Le Débat" n° 54, mars-avril 1989 - repris dans "M'introduire dans ton histoire", P.O.L)
Pierre la police
28/01/2024 à 14:35
Merci Jacques lebre de rappeler à tous ces ignares ce qu'est la poésie, loin des sunlights, des trappenardises et autres kitscheries pour la petite bourgeoisie en mal de frissons lettrés.
Anjo
27/01/2024 à 17:43
Les coincés du cerveau - et du reste - agiraient de même avec quelqu'un" présenté" comme extrémiste de gauche.
Jean-Luc M.
28/01/2024 à 08:39
Maintenant je propose que l'on remplace Sylvain Tesson par Raquel Garrido en tant que parrain et le Poètes seront contents... le bonheur tient à peu de chose...
ECHO
28/01/2024 à 15:28
"Raquel Garrido comme parrain" ... hum, est-ce voulu? Comme Parraine ou comme Marrain, peut-être, pour être "inclusif.ve" ?
Ou sa fille (qui est forcément poète.tesse, puisque d'extrême-gauche, selon la logique de la pétition) avec T shirt obligatoire pour tous les participants : solidarité avec le Hamas...
Jasper the disaster
03/02/2024 à 12:27
Ce commentaire a été refusé parce qu’il contrevient aux règles établies par la rédaction concernant les messages autorisés. Les commentaires sont modérés a priori : lus par l’équipe, ils ne sont acceptés qu'à condition de répondre à la Charte. Pour plus d’informations, consultez la rubrique dédiée.
Jean Uber
06/02/2024 à 12:02
"M'introduire dans ton histoire" houa ! Dupin il est chaud... pas lu ce bouquin mais ce titre claqué au sol MDR bon c'est POL tu me diras... toujours à la pointe de l'incontrôlé...