Le prix de la liberté de publication, remis par l’Association of American Publishers, pour l’année 2019, est allé à NB Publishers, une maison d’Afrique du Sud. Et plus spécifiquement pour son livre The President’s Keepers de Jacques Pauw.
Le 04/06/2019 à 09:33 par Clément Solym
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04/06/2019 à 09:33
La récompense est attribuée chaque année à une maison, hors des États-Unis, dont le courage dans la défense de la liberté de publication a été remarqué. En décernant ce prix, l’AAP rappelle par ailleurs que si un éditeur se voit refuser le droit de publier un ouvrage, alors la menace pèse sur chacun.
Et des dangers, avec la parution de cet essai, n’ont pas manqué, souligne Maria A. Pallante, directrice générale de l’AAP.
« Lorsque nous avons décidé de faire paraître The President’s Keepers, nous savions que nous prenions un risque énorme. Le sujet principes tourne autour de la plus grande puissance du pays. Nous avons dû éditeur, dactylographier, imprimer et distribuer le livre dans le plus grand secret. Et ce pour être assurés que l’on ne nous empêcherait pas de le faire avant que les stocks ne soient dans les magasins », indique Eloise Wessels, éditrice de NB Publishers.
Le public a littéralement englouti le premier tirage, vendu en une journée — les chiffres n’ont pas été divulgués — et la maison a rapidement fait face aux convocations et menaces de poursuites judiciaires, émanant de différents organismes publics. « Le téléphone de notre auteur a été mis sur écoute, il a reçu des menaces de mort, a été menacé et on a brandi une possible arrestation », poursuit-elle.
Le livre raconte comment le président Jacob Zuma est maintenu au pouvoir, conservant son trône grâce à un réseau de corruption et un gouvernement tout aussi fragilisé. Le journaliste d’investigation Jacques Pauw présente en effet un « État mafieux de l’ombre », articulé autour de la figure présidentielle.
Plusieurs des allégations et accusations portées contre le président ont fait sensation : comme le fait qu’il n’ait jamais payé d’impôts durant sa présidence, ou qu’il ait illégalement sollicité une société privée pour des services, à la hauteur de 1 million de rands (65 000 €), sans jamais la payer.
Le livre met également en lumière des réseaux d’influences puissants entre les différents acteurs du monde politique sud-africain, ou encore la création d’une agence d’espionnage pour 1 milliard de rands, au sein même de l’agence de sécurité de l’État. Et qui servait d’instrument de corruption généralisé.
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