Dans un courrier adressé par le président de la MEL, Jean-Yves Masson, consulté par ActuaLitté, on découvre « la situation inédite dans laquelle nous nous trouvons », indique-t-il. En accord avec la directrice Sylvie Gouttebaron, le président prend le temps d’informer les auteurs – en tout cas, celles et ceux qui ont « conclu avec la MEL un contrat en vue d’une intervention dans le cadre d’un de nos programmes ou d’une de nos manifestations ».
Et ce, que la prestation ait été effectuée ou reste à venir.
Bref rappel de la situation, par le président de la MEL : voilà sept mois, « le ministère de la Culture a décidé que nous quitterions la tutelle du CNL pour passer sous celle de la DRAC d’île de France ». À l’origine de cette transition, chose tue dans l’email, un profond désaccord avec le Centre national du livre. Ce dernier avait pourtant abondé à la hauteur de 577.000 € de subvention, pour l’année 2017.
N’oublions pas que, dès mars 2017, l’association avait vécu « une lourde crise». Son ancienne présidente, Cécile Wajsbrot, qui avait alors démissionné, déplorait en effet que la directrice de la MEL soit entrée dans un « conflit ouvert avec une autorité de tutelle qui accorde à la MEL plus de la moitié de ses ressources met la maison en péril ». En l’occurrence, le CNL.
Entre 2015 et 2017, le montant des aides accordées avait diminué – l’attribution des budgets découlant d’une volonté de soutien à toutes les activités liées à l’Éducation artistique et culturelle. Passant de 678.300 € à 644.000, entre 2015 et 2016, la subvention restait non négligeable. Mais déjà en 2015, les crédits alloués avaient été réduits de 5 % en regard de 2014. Toutefois, pour 2017, le montant accordé de 550.000 € restait le deuxième plus important que le CNL versait.
S’en était d’ailleurs suivi un renouvellement assez inédit du Conseil d’Administration, suite à un grand nombre de démissions de ses membres – et la prise de la présidence par intérim de Claude Eveno.
Aujourd’hui que le Centre n’est plus responsable de la MEL, son président déplore une nouvelle coupe budgétaire. De plus, la transition administrative semble traîner, et prend « trop de temps ». L’association se retrouve ainsi « dans une situation de trésorerie extrêmement délicate ». Si les salaires du personnel sont préservés pour le mois de février, en l’absence des versements attendus et dus, les paiements de mars ne seront pas effectués.
« Or à la date où je vous écris, aucune information ne nous a été donnée sur le montant de notre dotation, aucune réunion avec notre nouvelle tutelle n’a pu avoir lieu », souligne Jean-Yves Masson. Mais les conséquences débordent : les auteurs apprennent ainsi que, si la MEL a toujours procédé à leur rémunération dans les meilleurs délais, la situation changera.
« Exceptionnellement, pour les rémunérations qui vous sont dues, cela ne pourra pas être le cas pendant les semaines qui viennent », poursuit Jean-Yves Masson. Et d’espérer une sortie de crise avec la banque de l’association, à condition de disposer d’un engagement écrit de la DRAC IdF. « Néanmoins, vous comprendrez que, vu l’état d’urgence auquel nous devons faire face, il faille faire passer en premier le versement des salaires des permanents. »
Les auteurs qui nous ont communiqué le courrier n’en reviennent pas : « Une fois encore, nous sommes la dernière roue du carrosse », nous assure l’un d’entre eux. « Et ce ne sont pas les regrets de Masson qui y changeront quoi que ce soit ! »
Ce dernier assure en effet que la MEL n’est « en rien responsable puisque toutes les démarches ont été faites dans les temps, tous les dossiers remplis et dûment déposés à la DRAC ». La situation « devrait rentrer dans l’ordre dans les mois à venir », continue-t-il, assurant que l’information communiquée « vous prouvera notre souci de transparence ».
La semaine passée, dans une communication qui accompagnait la mise en ligne d’une pétition, la MEL n’évoquait pas le moins du monde que les auteurs seraient les victimes de leur trésorerie. « La MEL est un outil merveilleux, mais depuis des années, la direction ne convainc plus », déplore un proche du dossier.
Pour certains, il est tout de même compréhensible qu’en regard des marchés publics remportés par l’association, « pour un travail de qualité, la DRAC décide de reverser une partie de l’argent à d’autres structures », indique une pesonnalité du livre. En effet, la MEL est opératrice de deux événements pour la Région IdF : le prix des lycéens et les leçons de littérature. Nous attendons plus de précisions de la Région sur ces points.
De son côté, contacté par ActuaLitté, Olivier Tur, chef de cabinet de la DRAC Ile-de-France, nous assure ne pas être en mesure d’apporter d'éclaircissements. Le dossier fait « actuellement l’objet d’échanges avec l’administration centrale du ministère de la Culture et la MEL », apprend-on seulement. Le ministère de la Culture, de son côté, n'a pas donné suite à notre demande d'explications.
3 Commentaires
julia (dormitorium)
04/03/2019 à 20:18
Qui sont les personnes proches des dossiers dans des articles de presse ? Ce que l'on appelle des "Sources" ? Des fonctionnaires, des auteurs ? Jeunes, moins jeunes ? Pouvez-vous m'expliquer, je fais des études de lettres modernes, et je cherche un stage dans le secteur de la vie littéraire. Je pensais que la Maison des écrivains était une structure très sérieuse. Merci de votre réponse.
En passant
06/03/2019 à 21:03
La Mel est une structure. Ses équipes sont sérieuses. Comme l'indique l'article, la direction a été contestée, a connu un fort conflit avec son ancienne tutelle, le CNL, qui a conduit à ce que l'association aille plaider sa cause ailleurs.
Maintenant qu'elle est sous la tutelle de la Drac, c'est un autre combat. Que la direction semble avoir encore plus de mal à gérer.
julia dormitorium
05/03/2019 à 23:23
Je ne vois pas beaucoup de commentaires. Bon.
En revanche, je viens de voir que plus de 1250 personnes avaient signé la pétition lancée pour la Maison des écrivains et de la littérature sur Change.org. Tant mieux. Voire édifiant. J'ai signé bien sûr. Et j'espère bien y faire mon stage.