Une diversité ethnique et religieuse encore pauvre
Le 17/01/2019 à 11:24 par Antoine Oury
Publié le :
17/01/2019 à 11:24
Préoccupée par le manque de diversité régulièrement signalé au sein la profession, l'édition britannique s'est lancée dans un plan d'action sur 5 ans : les progrès attendus seront mesurés chaque année par une étude. Celle portant sur l'année 2018 vient d'être publiée par la Publishers Association, organisation professionnelle de l'édition. On y note une présence satisfaisante de femmes à des postes de responsabilité, un nombre de personnes qui s'identifient comme LGBT supérieur à celui de la société britannique dans son ensemble, mais un manque de diversité ethnique persistant.
Reconnaissant un problème de diversité au sein de la profession, la Publishers Association a mis en place un plan d'action, en 2017, qui comprenait notamment la réalisation d'une étude annuelle pour identifier les progrès ou, au contraire, les points à améliorer. Le sondage mené en 2018 révèle tout d'abord une prise en compte plus importante de la question, puisque 42 organisations ont participé (une hausse de 82,6 % par rapport à 2017), et 6432 individus, une croissance de 142,9 % par rapport au précédent sondage.
Les résultats du sondage 2018 annoncent un vieillissement de l'édition britannique : « D'ici 2020, un tiers de la masse salariale sera âgée de plus de 50 ans » note la Publishers Association (PA), qui relève toutefois que 37,9 % des répondants sont âgés de 25 à 34 ans. Pour assurer un renouvellement de la profession, la PA incite au recrutement d'un plus grand nombre d'apprentis au sein des maisons. Fait inquiétant, la moitié des professionnels âgés de 55 ans ou plus indique qu'ils ont été victimes de discrimination en raison de leur âge.
Les femmes sont très largement présentes dans l'édition britannique, et représentent 63,4 % des personnes ayant répondu au sondage (le recensement britannique estime la part des femmes au sein de la population à 52 %), contre 36,1 % d'hommes, 0,4 % de personnes n'ayant pas répondu et 0,1 % de personnes se qualifiant de non binaires. 0,6 % des personnes interrogées se qualifient de transgenres, 0,8 % préférant un autre terme que transgenre.
« Alors que l'industrie de l'édition continue d'être identifiée comme une industrie à prédominance féminine, les rapports sur l'écart de rémunération entre hommes et femmes publiés en 2018 montrent que l'écart de rémunération entre hommes et femmes continue à être principalement en faveur des hommes », ajoute la Publishers Association. Cela dit, la répartition des postes à hautes responsabilités entre hommes et femmes est encourageante, et en croissance (54 % des postes sont occupés par des femmes en 2018, une hausse de 5 % par rapport à 2017).
Côté sexualité, 89,9 % des éditeurs britanniques sont hétérosexuels (contre 93,4 % des Britanniques), 4,3 % sont gays ou lesbiennes (1,2 % dans la population britannique), 3,9 % bisexuels (0,8 %) et 1 % autre (0,5 %). La Publishers Association estime que la représentation de la population LGBT est plutôt satisfaisante, en regard de la part de la population LGBT au sein de la population britannique totale. Cela dit, une partie significative des éditeurs LGBT préfère ne pas évoquer leur orientation sexuelle sur leur lieu de travail.
De nombreux progrès doivent encore être réalisés sur le plan de la diversité ethnique et d'origine géographique, note la Publishers Association : 87,3 % des éditeurs sont blancs et 11,6 % issus d'autres catégories ethniques (BAME, soit Black, Asian and minority ethnic), un chiffre inférieur à la part d'individus BAME au sein de la population britannique (14 %). Au sein des individus se disant BAME, une majorité est asiatique.
Autre critère de représentation, la religion : si 59,7 % des éditeurs se disent athées, 28,1 % sont chrétiens, 1,6 % musulmans, 1,2 % juifs, 1,1 % hindous, 0,6 % bouddhistes et 5,5 % affirment adhérer à d'autres croyances.
86,2 % des répondants sont de nationalité britannique, 7,6 % d'un autre pays européen, 3,7 % d'un pays qui n'est pas européen et 1,6 % de binationalité.
Le rapport relève enfin que la part des éditeurs concernés par un handicap s'élève à 5,4 % sur l'ensemble des répondants : « Bien que ce chiffre semble faible par rapport à la population britannique (18 %), il est en réalité très positif. Pour remettre celui-ci dans son contexte, la BBC s'est fixé pour objectif en 2016 d'atteindre un taux de représentation des travailleurs handicapés de 5,3 % pour 2017 et de 8 % pour 2020. En outre, en 2014, KPMG s'est fixé pour objectif une représentation de 2,8 % des personnes handicapées pour 2018. »
« Bien que les données montrent que des progrès ont été accomplis, il ne faut pas oublier qu'il reste encore des domaines clés dans lesquels il reste encore beaucoup à faire », commente Stephen Lotinga, PDG de la Publishers Association. « Les éditeurs reconnaissent l’importance de la diversité et de l’inclusion et la Publishers Association s'engage sur la durée, en vue de développer davantage notre enquête et de mener un travail plus large, afin d’aider le secteur à identifier et à orienter son action sur la question de l'inclusivité. »
L'organisation professionnelle prévoit de concentrer son action sur la diversité ethnique et religieuse, mais aussi sur la sensibilisation aux maladies mentales et au handicap, sur les lieux de travail.
Le rapport complet aborde quelques autres points, dont l'origine géographique des éditeurs, au sein du Royaume-Uni ou encore le niveau d'études. Le rapport complet est disponible à cette adresse ou ci-dessous.
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