Période d'élections oblige, l'Association des Bibliothécaires de France et Bibliothèques Sans Frontières, association qui agit pour apporter des livres sur les territoires où la culture manque, ont interpellé les candidats sur les sujets des bibliothèques et de la lecture publique. À quelques jours du premier tour, bilan des réponses reçues, avec Benoît Hamon, Emmanuel Macron, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon.
Le 21/04/2017 à 09:56 par Antoine Oury
Publié le :
21/04/2017 à 09:56
Jean Lassalle et Jacques Cheminade ont envoyé un courrier-type pour indiquer que leurs moyens humains ne leur permettaient pas de répondre en temps et en heure et de manière détaillée aux questions des deux organisations. François Asselineau « renvoie le sujet vers les députés et propose de lancer un référendum sur toute question qui aura mobilisé 500 000 citoyens par signature ».
Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Marine Le Pen et Nicolas Dupont Aignan n'ont pas envoyé de réponses aux questions des deux organisations. En guise de bilan, ABF et BSF s'accordent sur le fait que... les réponses des candidats sont « insuffisantes », et promettent une nouvelle campagne au moment des élections législatives.
Parmi les points abordés, la liberté des personnels dans la constitution des collections fait écho à différentes affaires récentes, mais surtout récurrentes, qui voient des élus intervenir dans les acquisitions des établissements. « [L]es bibliothécaires doivent être protégés dans cette part essentielle de leur mission », indique Hamon, qui propose une enveloppe de 1 million d'euros sur 5 ans pour les acquisitions, tandis que l'équipe de Mélenchon se porte « garant[e] de la diversité d’assortiment par le refus de toute intrusion dans les choix d’acquisition, et du respect absolu de la laïcité par l’affichage d’une charte reprenant les termes de la nouvelle constitution ». François Fillon, lui aussi, compte sur « le pluralisme et la laïcité défendus par des professionnels formés aux métiers de bibliothécaire, la gratuité d’accès et de consultation sur place des collections ». Emmanuel Macron, pour finir, veillera « personnellement » sur ce pluralisme.
Chez Hamon, le programme suit d'abord une logique à la Hollande : le candidat socialiste compte sur la Dotation Générale de Décentralisation (DGD), dont il souhaite augmenter le montant, pour aider les collectivités à financer l'extension des horaires d'ouverture. Mêlant cette question à celle du maillage territorial, Benoît Hamon indique qu'il portera « les concours publics à 1 % du PIB avec notamment comme priorité le rééquilibrage territorial et une nouvelle contractualisation avec les collectivités locales, notamment pour la lecture publique ». Signalons aussi que le candidat socialiste évoque « la rédaction d’un projet scientifique et culturel » pour « formaliser une vision de la bibliothèque dans son territoire ». Ce projet et son accomplissement, semble-t-il, pourraient être liés à l'octroi de la DGD.
François Fillon, qui prône une réduction des dépenses publiques, propose le recours au bénévolat et au service civique pour élargir les horaires, tout en appelant à une mobilisation des établissements culturels nationaux, en particulier la BnF, pour couvrir le territoire.
Jean-Luc Mélenchon est le seul à s'opposer ouvertement au « travail dominical généralisé », en proposant des ajustements « au cas par cas ». Le candidat souligne qu'il prône « l’embauche de personnels qualifiés et la continuité du service public, excluant tout rafistolage d’effectifs, pour “assurer de plus larges ouvertures” ». Un discours proche des demandes des syndicats et des représentants des personnels, que le candidat de la France insoumise n'avait pas vraiment convaincus lors de son passage au Salon du livre...
La réponse de François Fillon est sans doute la moins précise, puisqu'il fait référence à « la montée en puissance des nouvelles structures régionales ou intercommunales » et à des « schémas de lecture publique », sans les préciser.
Parmi eux, on compte d'ailleurs Jean-Luc Mélenchon, qui en salue les capacités techniques, mais pointe « les dangers de la mainmise des éditeurs et diffuseurs numériques sur la proposition de lecture ». Emmanuel Macron souligne le travail à venir, pour les établissements, dans l'éducation des usagers au numérique (y compris dans l'habitude d'accéder à une offre numérique légale plutôt qu'illégale), et précise que le prêt numérique doit se développer « en respectant un équilibre entre exigence d’accès, impératif de rémunération des auteurs et caractère soutenable pour les budgets publics ».
Enfin, François Fillon indique, lui, que le dispositif PNB « sera maintenu ». Il souligne par ailleurs que la transition numérique des bibliothèques doit être accompagnée, avant de mettre en garde contre les dérives propriétaires à l'œuvre sur Internet. Dans cette perspective, l'installation de l'EDRLab à Paris lui semble, comme Benoît Hamon, constituer une opportunité.
Les réponses complètes de François Fillon
Les réponses complètes de Benoît Hamon
Les réponses complètes d'Emmanuel Macron
Les réponses complètes de Jean-Luc Mélenchon
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