Mis en place en 1985, le baccalauréat professionnel n’a cessé de recruter toujours davantage de candidats. Il a permis, au début des années 2010, de dépasser le seuil symbolique des 70 % d’une classe d’âge obtenant le bac. En 2011, ce bac arrivait même devant les séries technologiques, avec respectivement 19,1 % des candidats au bac et 16,1 %.
Le 01/07/2015 à 00:01 par Victor De Sepausy
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Publié le :
01/07/2015 à 00:01
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Mais à l’heure de la célébration des trente ans du bac professionnel, le bilan n’est pas non plus tout rose. D’après une étude de l’OCDE, Regards sur l’éducation 2013, ce bac n’est pas la garantie contre le chômage qu’il prétend pourtant être. Plus fort, avoir un bac général protège davantage.
Ainsi, le taux de chômage des 25-34 ans ayant un bac pro était en 2013 de 11,5 %, contre 11 % pour les bacheliers venus des filières générales ou technologiques. C’est d’ailleurs une caractéristique particulière de la filière professionnelle en France. Dans les autres pays de l’OCDE, on observe un mouvement inverse.
(Source : Ministère de l'Education nationale)
Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CEREQ) organisera un colloque pluridisciplinaire à l’occasion du trentenaire du bac pro les 17, 18 et 19 novembre 2015 à Université de Lille 3.
En présentant son appel à communications, le CEREQ rappelle, en usant des termes « faux bac, leurre, illusion » que « le bac pro a souvent été analysé pour ce qu’il n’est pas. Il reste de ce fait un diplôme plutôt méconnu, d’abord marqué par son hétérodoxie en tant que baccalauréat et en tant que diplôme professionnel.
La diversité de ses spécialités, aux flux très inégaux, participe de cette méconnaissance, également alimentée par le faible intérêt des chercheurs à l’égard de la voie professionnelle, souvent réduite à n’être qu’un segment « dominé » du système éducatif.
Trente ans après avoir été institué, le bac pro occupe pourtant la deuxième place dans la trilogie des baccalauréats, en termes de candidats à l’examen. Sur les 678 000 candidats au baccalauréat de la session 2013, 3 sur 10 proviennent de la voie professionnelle et 2 sur 10 de la voie technologique.
Si cette ‘promotion’ résulte en partie de l’affaiblissement de la voie technologique, dont les flux en formation baissent sensiblement, elle provient surtout de la rénovation de la voie professionnelle, qui a consisté à supprimer le cursus de formation au BEP, à relancer une nouvelle fois le CAP et à changer le mode de préparation au bac pro.
Comme les autres baccalauréats, le bac pro se prépare dorénavant en trois années à l’issue du collège et le ministère de l’Éducation nationale met clairement en avant sa fonction de poursuite d’études. Il est désormais mobilisé pour permettre à la France de mener 50 % d’une génération à la licence, sachant que c’est grâce à sa restructuration que l’objectif de conduire 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat a enfin pu être réalisé.
Après avoir connu une certaine stagnation entre 1994 et 2009, autour de 63 %, la proportion de bacheliers dans une génération a en effet atteint 79 % en 2013, toutes voies de formation comprises.
Si la création de ce diplôme avait suscité l’attention, en raison de l’ambiguïté de sa position dans le système éducatif et sur le marché du travail, sa nouvelle organisation en trois ans a de nouveau braqué sur lui les projecteurs, pour des raisons à peu près similaires : une certaine inquiétude sociale, voire quelques crispations, face à son alignement sur les autres baccalauréats.
La progression du bac pro dans l’espace des diplômes questionne de fait le statut et la définition du baccalauréat, qui a de moins en moins à voir avec ce qu’il était avant les deux explosions scolaires, tout comme les types de relations qui s’établissent entre enseignement secondaire et enseignement supérieur et entre formation professionnelle et emploi.
Elle invite également à reposer la question des inégalités du système éducatif : entre les voies d’enseignement, les publics, les spécialités de formation, les diplômes... que la parité formelle entre les baccalauréats tend à masquer.
Une nouvelle architecture des diplômes désigne la voie professionnelle, dont la vocation à la poursuite d’études est de plus en plus affirmée. Bien que les gouvernements qui se succèdent fassent régulièrement appel à une meilleure intrication entre enseignement et formation en entreprise, et tiennent à développer l’apprentissage, la forme scolaire semble avoir pris une place croissante dans l’organisation des formations et dans les curricula, afin de favoriser la poursuite d’études.
Des passerelles ont par exemple été établies entre les cursus de CAP et de bac pro, pour faire en sorte que le CAP contribue plus directement à la hausse du niveau d’éducation, alors qu’il reste le seul diplôme de niveau V relevant de l’Éducation nationale et que c’est en tant que diplôme « de métier » qu’il a été relancé.
Si la scolarisation de cette voie d’enseignement est inscrite dans sa genèse, le cours qu’elle emprunte pose néanmoins question. Ces questions portent sur ses caractères distinctifs, ses curricula partagés entre différents enseignements et objectifs, son statut au sein du système éducatif, ses rapports avec le travail et l’emploi... et conduisent à interroger la politique éducative, les normes qu’elle édicte comme les effets qu’elle produit.
De telles questions sont d’autant plus vives que tous les diplômes français sont désormais censés être ‘professionnels’, y compris dans l’enseignement supérieur. Un double processus semble donc avoir lieu: alors que la légitimation de la voie professionnelle et du bac pro repose sur la banalisation, voire la suppression, de leurs spécificités, l’enseignement supérieur est quant à lui soumis à une recherche affirmée de plus grande proximité avec le système productif.
La définition du terme ‘professionnel’ apparaît par conséquent très élargie. De plus, bien que le modèle français des relations entre système éducatif et système productif apparaisse très adéquationniste, les évolutions de la voie professionnelle conduisent à interroger cette caractérisation. Il y a en effet un pas entre l’argumentaire des réformes et leur contenu effectif. »
Selon une Note d’information publiée par la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) en juin 2015, la note obtenue à l'épreuve pratique professionnelle est décisive dans le succès au baccalauréat professionnel, ce qui en fait l’un des bacs les moins liés aux épreuves terminales. Plus de 75 % des candidats au baccalauréat professionnel obtiennent leur diplôme à l’issue du premier groupe d’épreuves.
(Source : Ministère de l'Education nationale)
La DEPP constate également qu’ « à la session 2014, 200 000 candidats se sont présentés au baccalauréat professionnel, hors spécialités agricoles. Ils étaient 336 000 dans la voie générale et 136 000 dans la voie technologique.
Les candidats au baccalauréat professionnel obtiennent une moyenne générale de 11,2, légèrement inférieure à celle des bacheliers technologiques (11,5) et celle des bacheliers des séries générales (12,1). La moyenne des notes obtenues par les bacheliers professionnels se concentre entre 10 et 13.
Comme dans les voies générale et technologique, les jurys arrondissent les moyennes des candidats au baccalauréat professionnel dont les résultats sont très proches de l’obtention du diplôme ou d’une mention. Toutefois, ces candidats ne sont pas favorisés pour accéder à l’oral de rattrapage, contrairement à leurs camarades de la voie générale.
Pour l’ensemble des spécialités, les trois épreuves professionnelles et techniques représentent 60 à 70 % du total des coefficients. Le poids de la seule épreuve pratique professionnelle est proche de 35 % pour les spécialités du secteur de la production et varie entre 20 et 35 % pour celles des services.
Les épreuves professionnelles participent de façon très importante à la réussite au baccalauréat dès le premier groupe : la moitié des candidats obtient au moins 12 de moyenne dans ces épreuves, contre 10,8 dans les matières générales. L’épreuve pratique professionnelle est la mieux réussie, loin devant celle de technologie.
Parmi les candidats au baccalauréat professionnel, les garçons sont plus nombreux que les filles (56 % contre 44 %). Massivement présentes dans les spécialités des services, les filles obtiennent des résultats souvent meilleurs à l’examen, quel que soit le secteur : la moitié d’entre elles ont au moins 11,8 de moyenne contre 11,3 pour les garçons. »
En attendant, le bac reste très inégalitaire, comme le rappelle L’Observatoire des inégalités et ce phénomène s’est accentué ces dernières années. « Pour mesurer l’évolution des inégalités, nous avons calculé la variation du ‘rapport de chances’: cet indicateur mesure le rapport entre la probabilité pour un enfant d’enseignant d’être bachelier, plutôt que ne pas l’être, et celle des autres catégories sociales.
Entre 1996 et 2002, ce rapport s’est accru vis-à-vis de toutes les catégories sociales. En 1996 - génération d’enfants entrés en sixième en 1989 - les enfants d’enseignants avaient 8,9 fois plus de chances relatives d’être bacheliers que les enfants d’ouvriers non qualifiés. En 2002, c’est 14 fois plus. Vis-à-vis des enfants d’inactifs, le rapport est passé de 15 à 25 fois plus.
Le mouvement est donc double. D’un côté, la proportion de bacheliers tend plutôt à augmenter dans tous les milieux sociaux sur une longue période. Mais dans les années récentes, les inégalités dans la probabilité d’accès au bac se sont accrues entre catégories sociales. »
(Crédits photos : CC BY 2.0 - Jean-Louis Zimmermann)
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RIADISAMIR
18/09/2022 à 00:11
COMPANIE EROTIQUE ENFANCE NUDE EN ALLMAGNE