Au cours de la journée, de nombreux messages sont parvenus aux rédactions, pour annoncer l’annulation d’événements prévus en librairie, galeries ou théâtres. Dans le même temps, le ministère de la Culture a présentés plusieurs recommandations officielles, relatives à la sécurité de chacun. La tension palpable, dans les rues de Paris, donne surtout le sentiment que la ville se remet douloureusement d’une abominable gueule de bois.
Le 14/11/2015 à 18:00 par Clément Solym
Publié le :
14/11/2015 à 18:00
patrick janicek, CC BY 2.0
Le message de la rue de Valois, envoyé en milieu de journée, incitait les « opérateurs privés du secteur culturel de différer l’ensemble des manifestations culturelles ou de renforcer les mesures de sécurité ». Et ce, pour se conformer « aux recommandations de la Préfecture de Police ».
Les mesures touchent notamment au « contrôle d’accès et de filtrage aux entrées de ces établissements, s’ils décident de maintenir ces manifestations sous leur responsabilité ». Les mesures appliquées avaient déjà conduit le salon L’Autre livre, dédié aux éditeurs indépendants, à fermer, et réclamer aux exposants de remballer. D'autres manifestations littéraires ont choisi de se maintenir, malgré tout.
Le président du Centre national du livre, Vincent Monadé, joint par téléphone dans la matinée déplorait « l’horreur » de ces événements. « Il ne faut pas céder, réaffirmer nos valeurs, refuser la peur. Et penser à tous les musulmans de France qui vivent la même horreur que nous. »
Le CNL a également tenu à appuyer son intervention :
Nous sommes en deuil.
Hier, dans Paris, des femmes et des hommes ont été assassinés par des lâches. Nous pleurons les victimes, nous nous tenons aux côtés de leurs proches. À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous restons sans nouvelles d’anonymes, de connaissances, d’amis.
Auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, nous incarnons, avec d’autres, avec tous, le droit, absolu, d’exprimer nos opinions. Nous ne céderons pas, nous ne reculerons pas.
Nous continuerons à sortir prendre un verre avec des amis, à dîner au restaurant, à écouter de la musique, à rire, à écrire, à défendre de notre place les valeurs de la République, la laïcité, la liberté, l’égalité, la fraternité.
Nous continuerons à questionner et à aimer, contre ceux qui imposent leurs réponses et leur haine.
Athées ou croyants, musulmans, juifs, chrétiens, laïcs, nous sommes la République, nous sommes la France. On ne nous fera pas taire. Nous ne céderons pas devant la peur. Demain, meurtris, nous serons là, encore.
Nous sommes le livre. Et nous sommes debout.
De son côté, le Syndicat des distributeurs de loisirs culturels, regroupant plusieurs enseignes comme Cultura, Decitre ou le Furet du Nord a exprimé « sa solidarité aux victimes de ces lâches attentats, ainsi qu’à leurs parents, amis ou relations. » Ses différents membres assurent avoir, dès ce 14 novembre, « pris dès ce matin toutes les mesures nécessaires pour protéger nos clients et nos collaborateurs et nous restons en veille et à l’écoute des pouvoirs publics pour assurer la sécurité de tous ». Et d’ajouter :
Face à ces drames et à ces tensions, nous continuons à soutenir que la culture et la circulation des idées sont les meilleures réponses à l’obscurantisme et l’extrémisme. À ceux qui s’expriment par des bombes, nous opposons et défendons ceux qui s’expriment par leur écriture, leurs images, ou leur musique.
De ce que ActuaLitté a pu constater, plusieurs librairies parisiennes étaient ouvertes, que ce soit Gallimard Place de Clichy, dans le XVIIe arrondissement, au Comptoir des mots, dans le XXe.
L’arrêté préfectoral interdisant les manifestations sur la voie publique à Paris et dans les départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, est étendu pour sa part jusqu’au 19 novembre prochain à 12 h. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de l’état d’urgence déclaré par le gouvernement.
De son côté, et sans trop de surprise, le ministère de la Culture a reconduit ses recommandations et reconduit la fermeture des établissements publics culturels accueillant du public en Île-de-France.
Nous avons également appris que le Centre national du Théâtre avait choisi d’annuler la remise du Grand prix de littérature dramatique prévu ce 16 novembre. « Si nous sommes tous sous le choc aujourd’hui, mais nous savons que, plus que jamais, nous avons besoin des auteurs et du théâtre », assure la direction de l’établissement.
La nuit du 13 novembre, six lieux ont été attaqués par des terroristes, provoquant la mort de 128 personnes et blessant 237 autres. Nombre d’entre elles ont dû être traités en urgence absolu. C’est au Bataclan, salle de concert parisienne, que la tuerie a été la plus meurtrière, avec 82 personnes décédées.
De son côté, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve a assuré que les écoles ouvriront normalement ce lundi 16 novembre, et les élèves observeront une minute de silence. Des dispositifs de sécurité renforcés sont prévus.
De son côté, le président a affirmé : « [N]ous allons mener le combat, il sera impitoyable, parce que quand les terroristes sont capables de faire de telles atrocités, ils doivent être certains qu’il y aura en face d’eux une France déterminée, une France unie, une France rassemblée et une France qui ne se laissera pas impressionner, même si aujourd’hui, elle exprime une émotion infinie à l’égard de ce drame et de cette tragédie qui est une abomination, parce que c’est une barbarie. »
MàJ :
Nous apprenons tristement le décès de Lola Salines, éditrice aux Editions First-Gründ. C’est son père qui a annoncé la nouvelle via les réseaux.
Je viens d'avoir confirmation du décès de Lola #LolaSalines#rechercheParis Merci à tous ceux qui nous ont aidé aujourd'hui
— Georges Salines (@GeorgesSalines) 14 Novembre 2015
La maison d’édition avait signalé la disparition. Elle était également traductrice, entre autres du livre de Dawn Apperley, Mes amis de la forêt enchantée et d'autres titres.
#rechercheParis Toujours sans nouvelles de notre éditrice #LolaSalines. Contactez @GeorgesSalines si infos ! pic.twitter.com/d9lb3K7YZK
— Editions Gründ (@editionsgrund) 14 Novembre 2015
Hélène Védrine, maître de conférence à la Sorbonne et responsable de l’option Édition du Master 2, a diffusé ce message : « J'ai l'immense émotion de vous annoncer le décès de notre ancienne étudiante du Master 2, Lola Salines (promotion 2010-2011)., lors de la prise d'otages au Bataclan. Plus encore de son talent et de son intelligence, que confirme son parcours professionnel chez Gründ, ceux qui l'ont connue se souviennent certainement de son sourire, de son énergie et de son humour.
À vous qui avez toujours eu à coeur de transmettre votre expérience auprès des jeunes générations et qui connaissez les liens profonds qui se tissent alors avec les étudiants, je n'ai pas besoin de décrire la détresse et le profond sentiment de révolte dans lesquels nous plongent la mort de Lola et, malheureusement, celle d'autres étudiants de la Sorbonne. »
MàJ 2 :
Les éditions Urban Comics ont également déploré le décès d’Ariane Theiller, qui compte parmi les victimes du Bataclan. Entrée en stage chez l’éditeur, elle était étudiante à l’université de Strasbourg. Elle avait manifesté un intérêt tout particulier pour le secteur de la bande dessinée et fut par la suite engagée chez Rustica Hebdo, maison du groupe Media Participations. C’est son frère qui a communiqué la nouvelle sur le réseau Twitter.
Ma soeur Ariane Theiller, RT svp elle était au bataclan pic.twitter.com/JJqgGaFLrB
— Geirmax (@Geirmax) 14 Novembre 2015
Nous sommes tous sous le choc. Ce soir, #Ariane, nous te rendons hommage. Nos pensées les plus affectueuses vont vers sa famille et ses proches. #ParisAttacks
Posté par Urban Comics sur samedi 14 novembre 2015
Pour joindre la préfecture de police et communiquer des éléments d'information : 0800 40 60 05. Pour les appels à témoins : 01.77.72.06.14 ou 01.77.72.06.16 ou 01.77.72.06.17.
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