Ah, que ça fait du bien, de suivre des projets rafraîchissants, qui parviennent à prendre forme, vie... Epilobe Editions s’est lancé voici à peine un an, dans le merveilleux monde de la BD. Merveilleux et impitoyable, faut pas non plus rêver. Sa vocation à faire découvrir de nouveaux talents l’a entraînée vers le financement participatif. Et de premiers ouvrages...
Évoquons aujourd’hui, un jour d’août pluvieux, la bande dessinée de Florian Royer, complète réécriture du légendaire roman de Victor Hugo. L’exercice est périlleux, parce qu’à en dévoiler les trames, on pourrait gâcher le plaisir. Allons tout de même : ce que cette histoire d’Esmeralda, de Quasimodo et des autres met en place, c’est un Paris uchronique, très loin de la vision romancée d’Hugo.
Ici, l’air de la capitale est irrespirable, et pour couronner le tout, Esmeralda, lanceuse de couteaux, est épaulée par une sorte de bouc mutant, doué de parole. Et puis, pour ne pas se priver de petits plaisirs, Royer a replacé tout ce beau monde dans un univers steampunk, au croisement de La Ligue des Gentlemen extraordinaires et du Bohème de Mathieu Gaborit.
Bref, une tout autre ambiance, des personnages qui ont un rôle spécifique à jouer et n’en démordront pas. Le scénario a été suffisamment bien reficelé pour que l’on se laisse embarquer dans cette autre capitale, au cœur d’un XVe siècle improbable, gouverné par l’alchimie.
Quant aux larmes de la gigantesque cathédrale ? Oh, il se pourrait bien qu’une histoire de jeunesse éternelle et de pierre philosophale y soient associés... mais difficile d’en dire plus.
Sincèrement, le dessin de Florian m’a laissé un peu dubitatif, dans les premières cases : peut-être un manque de construction, ou des traits pas toujours très bien équilibrés – des dessins en somme assez inégaux. Mais le jeu de lumière provoque des contrastes d’ambiance lumineuse plutôt saisissants et l‘on retrouve quelques pleines pages qui font un bel effet.
En somme, l’histoire du bossu amoureux de la bohémienne est agréablement revisitée, avec une pointe de sarcasme et de mordant : les larmes de Notre Dame est très plaisant, mais aurait pu profiter d’un dessin plus affirmé. On se plaît toutefois à suivre les péripéties – jusqu’à l’épilogue pas forcément nécessaire – à un savoureux détail près, cette phrase :
Ce qu’il faut savoir sur cette ville, c’est que l’air n’est que vapeur empoisonnée ! Nul ne peut survivre là-bas sans masque à gaz ou scaphandre !
Vous avez dit uchronie ?
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Florian Royer – Les larmes de Notre Dame – Epilobe Editions – 9782955827819 – 20 €
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Pour approfondir
Editeur : Epilobe
Genre :
Total pages : 90 pages
Traducteur :
ISBN : 9782955827819
Les larmes de Notre-Dame
de Florian Royer