Quand Barack Obama a été consacré Prix Nobel de la Paix en 2009, le président des États-Unis savait qu’il aurait à se rendre à Oslo pour recevoir sa récompense. Nous voici en 2015, et le POTUS a encore une petite année de présidence à assumer. Et son Prix Nobel, explique Geil Lundestad, dans un ouvrage, Secrétaire de la paix, a failli attendre longtemps avant d’être récupéré.
Le 17/09/2015 à 12:36 par Nicolas Gary
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17/09/2015 à 12:36
Utenriksdepartementet UD, CC BY ND 2.0
Lundestad a été directeur durant 25 années de la célèbre institution des Nobel. Et il explique que de décerner ce prix au président américain, si tôt dans le cours de son mandat – il est élu en 2008 – n’a pas eu les effets attendus. Prise de court, la Maison-Blanche contactera discrètement l’organisation, pour savoir si le président peut être exempté de cérémonie de prix Nobel.
Au sein du bureau ovale, on panique : qu’un lauréat ne se présente pas à la cérémonie n’est arrivé qu’en de très rares occasions : la plupart du temps, ce furent des dissidents politiques, dont le gouvernement empêchait le déplacement. « À la Maison-Blanche, on a très vite compris qu’il devait impérativement se rendre à Oslo. »
« Même de nombreux partisans d’Obama ont considéré que ce prix était une erreur », poursuit l’auteur, auprès de l’AP. La décision des jurés était d’encourager le président dans ses efforts sur le désarmement nucléaire – et pas vraiment de saluer le travail déjà accompli.
L’auteur exprime quelques regrets, suite à ce choix malencontreux : la décision du lauréat était en effet plus fondée sur des espoirs quant à l’avenir, que le constat d’une importante réalisation. Et les attentes alors exprimées n’ont pas vraiment été comblées durant la suite du mandat, et du second, du POTUS. « En ce sens, le comité n’a pas obtenu ce qu’il attendait. »
Des espoirs nourris, et largement déçus
Le président américain Barack Obama avait été gratifié « pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationale entre les peuples », affirmait en 2009 le jury.
Les délibérations du comité Nobel restent généralement privées durant plusieurs années. Et les remarques de l’ancien directeur ont hérissé le poil des Norvégiens, très soucieux de la confidentialité. Mais surtout, entraînant une certaine colère, à l’égard d’un choix de Nobel qui relevait plus d’une stratégie politique et pas d’une reconnaissance véritable ?
Thorbjørn Jagland, qui fut président du comité Nobel durant six années et avait remis sa récompense à Barack Obama, n’a manifestement pas souhaité faire de commentaires. L’ouvrage de Lundestad est publié ce jour, et provoque par ailleurs de vives polémiques aux États-Unis.
« Au cours de mes 25 années dans le comité, je ne me rappelle pas avoir vu quelque chose de semblable », assure Geil Lundestad.
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