Tandis que le Fémina couronnait trois lauréats, le prix Virilo, revenu d’entre les morts, et plus velu que jamais, a fait son apparition, pour décerner ses propres récompenses. Rappelons que le prix se porte avec la moustache, qu’à défaut un postiche peut faire l’affaire, mais qu’il se décline en deux catégories : le Virilo et le Trop Virilo.
Le 04/11/2015 à 14:55 par Nicolas Gary
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04/11/2015 à 14:55
Le prix Virilo - [CC BY SA 2.0 Esther Marand]
Pour accueillir comme il se doit les deux lauréats de cette année, les membres du jury, pile-poil sur leur 31, ont surgi dans les salons de l’Interallié, pour saluer les livres de
Douna Loup, L’Oragé, au Mercure de France, prix Virilo
L’Oragé est le titre magnifique de cet ouvrage qui croise avec élégance l’histoire récente de Madagascar et les trajectoires de deux grands écrivains. C’est une langue poétique que celle de Douna Loup. Les couchers de soleil y sont lourds, et leurs derniers rayons grandissent un peu plus les ombres des deux poètes qui recouvrent donc la terre de Madagascar et – c’est tant mieux — cette rentrée littéraire.
Sophie Divry, Quand le loup sortit de la salle de bain chez Notablia
Le Prix Trop Virilo, c’est une ambition. Nous recherchons le bukkake littéraire. Merci à Sophie DIVRY d’y avoir si littéralement répondu par son calligramme turgescent. Le reste du bouquin est creux, mais comblé par plein d’idées un peu marrantes, vraisemblablement issues d’un brainstorm de publicitaires cherchant à « revitaliser le format livre et lui rendre son effet waouh ».
Jean Teulé, Héloïse Ouille !, chez Julliard
Jean Teulé n’avait toujours pas remporté le prix Trop Virilo. Eh non. Surprenant… Avec Héloïse Ouille ! il est allé au bout de son talent (du moins nous l’espérons) pour remettre au goût du jour l’histoire d’amour borderline entre Abélard et Héloïse… Et relancer ainsi le débat sur le maintien du latin au collège à travers la création d’un nouveau genre littéraire : le « Latin Porn ». Merci et Bravo à lui.
Tous deux se voient, ex-aequo, attribuer le prix Trop Virilo.
Mais le grande délice du prix Virilo, ce sont ses accessits, qui célèbre la littérature poilue et dense. Notons ainsi :
Le Prix Pilon de la Forêt qui pleure (Cuvée 21 COP) revient cette année à Christine Angot, pour son Amour impossible, dont les qualités littéraires ne parviennent malheureusement pas à justifier le coût carbone de son impression et de sa distribution.
L’accessit « Abattoir d’Alès » de l’ouvrage dans lequel un animal fait clairement l’objet de maltraitance revient à Patrick K. Dewdney pour son excellent Crocs. Et ce que nous appelons entre nous « l’affaire du bichon ».
L’accessit « de l’auteur qui, quand son éditeur demande un roman sur Daech, ou sur le bicentenaire de Waterloo, répond “OK je prends les deux” » revient à Romain Puertolas pour Re-vive l’empereur.
Et l’on ne saurait que trop encourager le lecteur émoustillé à se précipiter ici pour découvrir les autres. Dans l’intervalle des récompenses viriliennes de l’année prochaine, et alors que « c’était une belle année » que la cuvée 2015, un conseil persiste : « Ne lisez pas trop... »
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