L'année 2015 représente une célébration, à plus d'un titre, pour l'œuvre de Marcel Pagnol : les 120 ans de la naissance de l'auteur (1895), les 60 ans de sa présidence du jury cannois et le 15e anniversaire du Prix Marcel Pagnol. Saluant chaque année l'œuvre d'un écrivain français portée sur l'enfance, la récompense a été décernée à Gilles Leroy hier, pour Le monde selon Billy Boy.
Le 09/06/2015 à 09:39 par Antoine Oury
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09/06/2015 à 09:39
Quelques membres du jury, réunis autour de Gilles Leroy (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Depuis 13 ans, le Fouquet's abrite la cérémonie — détendue — de remise du prix. Étaient présents pour féliciter Gilles Leroy : Daniel Picouly, coprésident du jury, Nicolas Pagnol, petit-fils de l'auteur, Claude Pujade-Renaud, Karin Hann, Floryse Grimaud, Xavier Houssin et Stéphanie Janicot. Tous membres du jury, ils ont débattu avec leurs confrères et consœurs Azouz Begag, Guy Goffette, Karin Hann ou encore Jacqueline Pagnol, coprésidente du jury.
Les motifs de réjouissance ne manquaient pas : la restauration des films de Marcel Pagnol est bien engagée, et la version de Marius a marqué jusqu'aux distributeurs américains, explique Nicolas Pagnol. « On ne se rend pas bien compte à quel point la restauration permet de faire revivre une œuvre », assure le petit-fils de Marcel Pagnol.
Marius, Fanny et César seront distribués à partir du mois d'octobre, en version restaurée, par la société Mission.
Gilles Leroy (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
« Écrivain de l'enfance, qui traverse toute son œuvre », selon Xavier Houssin, Gilles Leroy est donc le lauréat 2015 du Prix Marcel Pagnol pour Le monde selon Billy Boy, publié en janvier dernier au Mercure de France.
En cette toute fin des années cinquante, Éliane a vingt ans quand elle tombe enceinte. André, le futur père, n’en a que dix-sept et ses parents s’opposent au mariage. Éliane a peur. Sa propre mère la renie, André disparaît… Où trouver le courage de porter puis d’élever seule cet enfant?
Gilles Leroy renoue ici avec la veine personnelle de son œuvre – dans la lignée de Machines à sous et de Grandir. Car Éliane et André sont ses propres parents. Dans ce roman familial, il dresse les portraits émouvants d’une mère séduisante et combative, d’un père amoureux et flambeur, tous deux adorés et complexes. Avec une infinie tendresse, essayant d’imaginer leur vie avant lui et ce qu’elle aurait pu être sans lui, il cherche aussi à savoir d’où il vient, livrant de lui-même un autoportrait en creux.
« En écrivant Billy Boy, j'ai songé à une scène de Fanny, quand Marius rentre à Marseille, qu'il se rend compte que Fanny a eu un fils, et s'imagine qu'il a des droits sur cet enfant. César lui rappelle alors qu'il n'a fait que lui donner la vie, et que "même les chiens donnent la vie". C'est très violent, et ça m'a marqué, dès ma jeunesse », confiera l'auteur. « Pagnol aimait ses personnages, il les considérait à hauteur d'homme, ce que doit faire un auteur. On peut les répudier ou les condamner moralement, mais il ne faut pas, je pense, les surplomber. »
L'affiche de ce 15e Prix Marcel Pagnol était réalisée par FKDL aka Franck Duval, comme chaque année, en hommage à Jacqueline Pagnol, que Marcel Pagnol qualifiait de « brin de poésie et de tendresse ».
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