Ce serait un scandale comme jamais Saint-Germain des Près n’en aura connu. La maison Flammarion qui refuserait de prendre part au prix Goncourt, considérant que ce dernier sent la naphtaline. Mieux, que le prix a non seulement besoin de se renouveler, mais surtout qu’il récompense toujours les mêmes. C’est exactement le pavé que le directeur éditorial du groupe Feltrinelli a jeté dans la mare.
Le 17/03/2016 à 11:24 par Nicolas Gary
Publié le :
17/03/2016 à 11:24
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Gianluca Foglia, patron de la Feltrinelli, s’est lancé dans un plaidoyer contre le célèbre Premio Strega, plus importante récompense littéraire d’Italie. « Le Premio Strega a besoin d’un processus de renouvellement en profondeur », lance-t-il. Et d’assurer que son groupe ne prendra pas part à ce prix.
Le directeur invite également la Fondazione Bellonci et Stefano Petrocchi, son patron, à se mettre autour d’une table et de discuter un peu du devenir de cette récompense.
C’est qu’à l’image de l’hydre GalliGraSeui, Gallimard-Grasset-Seuil, les trois maisons que le prix Goncourt récompensait régulièrement, le prix Strega semble être l’apanage de quatre éditeurs : Mondadori (24 prix), Einaudi (14 prix), Rizzoli (11) et Bompiani (10). La maison Feltronielli n’est pas spécialement la plus mal lotie avec 5 récompenses depuis la création en 1947.
« Le prix Strega est, et demeure, le plus prestigieux prix national. Mais il doit être revisité. Les initiatives de ces dernières années ne suffisant pas. Il est impossible de rivaliser quand ce sont toujours les mêmes figures éditoriales qui l’emportent. »
Et d’enchaîner : « Notre objectif est de protéger les auteurs et leurs livres. »
Si les organisateurs du prix refusent donc une table ronde pour mettre à plat les problèmes, le groupe Feltrinelli décidera de ne plus prendre part à cette récompense, pour 2016, et « pour les prochaines années ».
Le monstre Mondazzoli qui inquiète plus encore
D’autant plus que le rachat du groupe RCS Libri par Mondadori risque de provoquer un nouveau déséquilibre. « La naissance du géant Mondadori-Rizzoli ajoute de l’urgence aux changements. »
Liana Levi, l’éditrice française, assurait justement à ActuaLitté : « Ce que l’édition italienne n’a pas mesuré, c’est le nécessaire équilibre qui s’instaure entre les forces du marché. En France, nous avons cette conscience collective pour la protection de la chaîne du livre. Dans les débats entre éditeurs italiens, ils parlent du livre comme d’un produit de supermarché. Or, même en France, les supermarchés fragilisent les producteurs, alors pour le livre... »
Manifestement, certains ont tout de même ouvert les yeux. L’autorité de la concurrence italienne a déclaré que, pour parvenir à racheter RCS Libri, Mondadori devrait se débarrasser de Bompiani, maison phare, ainsi que de Marsilio.
Une décision qui séduisait l'ancienne directrice de Bompiani, Elisabetta Sgarbi, créatrice d'une nouvelle maison avec Umberto Eco.: « Je souhaite que tous les auteurs de La Nave di Teseo reviennent à Bompiani, qui est leur foyer d’origine [...] Si l’Antitrust devait pencher pour cette solution, et si Mondadori acceptait l’offre, bien sûr, je serais heureuse et en effet j’aboutirais au but éditorial de ma vie : fusionner La Nave di Teseo et Bompiani, et donc, restaurer l’unité du catalogue d’Eco et des autres auteurs du navire. »
(via Libreriamo, Il Libraio)
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