C’est des mains de Geluck, président du jury 2015 composé également des libraires des Espaces Culturels E.Leclerc,
que Manu Larcenet a reçu hier sa récompense. Son adaptation en bande dessinée du Rapport de Brodeck, roman de Philippe Claudel, a permis au dessinateur d’être le lauréat du prix Landernau 2015, organisé par les Espaces Culturel E.Leclerc. Mais il ne fut pas le seul salué : une mention coup de cœur a fait son apparition.
Manu Larcenet, entouré de Philippe Geluck et Michel-Edouard Leclerc
C’est sous les hauts plafonds du Carmen, à Paris, que le dessinateur Manu Larcenet, a été récompensé pour son travail. Il a surpassé 10 autres bandes dessinées en compétition comprenant notamment Au revoir là-haut (Rue de Sèvres) de Pierre Lemaitre et Christian de Metter, California drain' (Gallimard) de Pénélope Bagieu, Zaï, zaï, zaï, zaï de Fabcaro ou encore Cher pays de notre enfance (Futuropolis) de Benoît Collombat et Etienne Davodeau.
« Merci de m’avoir récompensé pour un livre que je n’ai pas écrit », s’amuse Manu Larcenet une fois l’annonce des résultats passée. L’occasion pour lui de lancer un hommage à l’artiste qui l’a poussé dans le dessin : Cabu. « Quand j’étais tout petit, je regardais récré A2. Et dans récré A2, il y avait Cabu qui dessinait en direct. C’est la première fois de ma vie que j’ai vu un type en direct s’exprimer non pas avec sa voix , mais avec un crayon. Quand j’avais 10 ans, ça m’a collé un coup. Je me suis dit, mais ça, c’est faisable : on peut parler avec le trait », explique l’artiste. « Je l’ai connu sur le tard et c’était un amoureux du dessin, et il y a peu enfaîte. »
Un amour du dessin pour lequel Manu Larcenet ne cesse de travailler. Après avoir passé près de 6 ans sur Blast, l’auteur c’est cette fois-ci plongé dans l’adaptation d’un roman. « C’est un hasard complet. Je sortais de Blast. C’était très très intense, très personnel. Je parlais de douleur, de choses très noires. Alors tout est tombé d’un coup une fois l'oeuvre terminée, je n’avais plus la force d’écrire. Et puis entre temps, j’ai lu le bouquin de Philippe Claudel. C’est marrant, à chaque page, je me disais, "ça je peux le faire, ça je peux le dessiner"... jusqu’à la dernière page », raconte Manu Larcenet à ActuaLitté.
Manu Larcenet, entouré des membres du jury et Michel-Edouard Leclerc
« Il a fallu vraiment travailler pour que le dessin soit plus exigeant que d’habitude. J’ai vraiment bossé sur le dessin à temps complet sans me préoccuper du sens de l’histoire puisqu’elle était déjà très bien écrite et très bien faite. Je suis resté très fidèle au livre, car quand je l’ai lu, ça me paraissait limpide. Je n’allais pas faire mon intéressant à le remodeler. J’ai juste essayé de donner ma vision de dessinateur de ma lecture »
Zaï, zaï, zaï, zaï de Fabcaro : "coup coeur du président"
Pour Geluck, au-delà de ce livre « très impressionnant », c’est également la personne de « Larcenet, avec son parcours et son éclectisme » qui est récompensé.
Manu Larcenet succède ainsi à Hervé Bourhis pour Le Teckel (Casterman/Arte édition). Et pour ce qui est de ces projets : « Il faut que je finisse le deuxième tome, c’est le truc qui m’obsède. Je sais juste que je vais refaire de l’humour très vite, ça fait 8 ans de trucs très noirs, l’humour me manque beaucoup », nous livre Manu Larcenet.
Mais cette année, la compétition s'est ponctuée d'une petite nouveauté : la mention coup de cœur du président . « J’ai voté à fond les manettes pour le lauréat Landerneau 2015, mais je voulais absolument mettre l’accent sur un livre qui n’a pas été élu. D’ailleurs j’hésite vraiment à créer un prix Philippe Geluck, le mois prochain », plaisante l'auteur du Chat. C’est ainsi que Zaï, zaï, zaï, zaï de Fabcaro a été élu coup de cœur du prix Landerneau 2015.
« Quand je l’ai lu, je me suis dit, ça, c’est le prix. Mais je savais qu’il serait difficile à défendre, car c’est un OVNI. C’est un livre qui n’est pas dans les clous de la bande dessinée. En tant que citoyen, que confrère, je vais emmener Zaï, zaï, zaï, zaï à mes côtés sur un petit bout de chemin. Je vais vraiment m’attacher à sa visibilité », a alors expliqué Geluck à ActuaLitté.
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