Le jury des Prix Littérature-monde du Festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo a fait son choix : Makenzy Orcel a été récompensé pour L'ombre animale, publié par Zulma, et Ondjaki remporte lui aussi une distinction pour Les Transparents, publié en 2015 par Métailié. La cérémonie de remise des prix se déroulera samedi 14 mai lors du 27e festival Saint-Malo Étonnants Voyageurs.
Le 09/05/2016 à 10:47 par Antoine Oury
Publié le :
09/05/2016 à 10:47
Makenzy Orcel
Avec le Prix Littérature-Monde, Makenzy Orcel se fait de nouveau remarquer pour son livre L'ombre animale : en avril 2016, il recevait le Prix Louis Guilloux, décerné par le Conseil départemental des Côtes-d'Armor. Né le 18 septembre 1983 à Port-au-Prince en Haïti, Mkenzy Orcel se consacre à l'écriture après des études en linguistique. En 2015-2016, il est en résidence d'écriture en Mayenne, à Laval, et c'est en janvier 2016 qu'il publie L'ombre animale.
Ananda Devi, présidente du jury, a rédigé quelques lignes pour expliquer son choix et celui de ses collègues :
Lui, c’est Makenzy Orcel, trente-trois ans, qui donne voix à une ruche vénéneuse de pères incestueux, violents et poétiques, d’épouses aux reins cassés à force de pliures, de filles en attente de solitude et de rage, de fils rêvant d’océans inatteignables car trop proches (car rêver de l’eau, c’est rêver de la mort), et de loups, loups religieux, loups politiques, loups des milices et des calices, loups qui éviscèrent le pays pour mieux le dévorer de l’intérieur en même temps que ses êtres en déséquilibre entre monde des corps morts et monde des corps vivants – sans points ni majuscules, Makenzy Orcel, talentueux ravisseur de cadavres féminins pour en faire des conteuses, des parleuses, des ragoteuses, nous ouvre les portes d’un jardin des délices propre à lui seul et nous entraîne dans une cavalcade mortelle et amoureuse.
L'autre lauréat, pour le Prix Littérature-monde étranger, c'est Ondjaki, Ndalu de Almeida selon sa carte d'identité. Né à Luanda en Angola, il travaille dans un premier temps sur des projets cinématographiques, puis publie des poèmes et des romans qui reçoivent plusieurs prix dont le Grande Prémio de Conto Camilo Castelo Branco, décerné par l'Association des écrivains portugais et le prix Grinzane for Africa. Ondjaki est également récompensé par le prestigieux prix Jabuti. Son dernier roman, Les Transparents, a déjà obtenu le prix Transfuge du meilleur roman africain.
« Au-delà de l’histoire elle-même, c’est l’écriture d’Ondjaki qui opère une magie poignante et énigmatique, rendant l’Aveugle, le MarchandDeCoquillage, GrandMèreKunjikise et Odonato – celui en qui la transparence de la misère se manifeste – si proches de nous, si humains, si frères », souligne Ananda Devi. Le jury qu'elle présidait était constitué par Boualem Sansal, Nancy Huston, Atiq Rahimi, Jean Rouaud, Paule Constant, Dany Laferrière et Michel Le Bris.
Pour rappel, la sélection des Prix Littérature-monde était la suivante :
Prix Littérature-monde
Makenzy Orcel, L’ombre animale (Zulma)
Catherine Poulain, Le Grand Marin (L’Olivier)
Carole Martinez, La Terre qui penche (Gallimard)
Hyam Yared, Tout est halluciné (Fayard)
Jean Hatzfeld, Un papa de sang (Gallimard)
Prix Littérature-monde étranger
Bob Shacochis, La femme qui avait perdu son âme (Gallmeister), traduit de l’américain par François Happe
Ondjaki, Les Transparents (Métailié), traduit du portugais (Angola) par Danielle Schramm
A. Igoni Barrett, Love is power, ou quelque chose comme ça (Zulma), traduit de l’anglais (Nigeria) par Sika Fakambi
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