Le jeudi 14 avril dernier, Sandrine Collette a été désignée grande gagnante du Prix Landerneau Polar. Déjà auteure de trois romans publiés dans la collection Sueurs froides : Des nœuds d’acier, Un vent de cendres et Six fourmis blanches, l’écrivaine a été récompensée pour son ouvrage Il reste de la poussière, paru en janvier 2016 aux éditions Denoël.
Le 15/04/2016 à 12:44 par Orianne Vialo
Publié le :
15/04/2016 à 12:44
Sandrine Collette, entourée de Michel-Edouard Leclerc et de Bernard Minier, président du Jury
(ActuaLitté / CC BY 2.0)
« Sandrine Collette réussit l’un des meilleurs romans de la rentrée, et c’est sans doute le plus noir », déclare Bernard Minier, président du jury, au moment de présenter brièvement les romans en lice pour le prix Landerneau polar 2016.
Dans son ouvrage très bien accueilli par la critique du jury, l’auteure a voulu retracer l’histoire de Rafael, dont les bourreaux sont ses frères aînés. Sa mère, murée dans un silence hostile, mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors l’enfant se réfugie auprès de son cheval et de son chien...
« Nous avons eu affaire à des livres formidables. Ce fut un véritable crève-cœur de renoncer à un livre pour un autre », avoue Bernard Minier.
Pour lui et le reste du jury, il était difficile de choisir entre « l’écriture lyrique de Sandrine Collette, comparable à une rivière qui roule sur les mots comme sur les pierres du fond de son lit », « le côté militant d’Hervé Commère » qui transparaît presque invariablement dans ses écrits, « le sens de la formule, qui malgré toute la noirceur de ses écrits, fait sourire et les dialogues étincelants de justesse » d’Olivier Norek ou encore « le roman plein d’images, d’odeurs et de couleurs » d’Ahmed Diab.
Pour l’occasion, et pour célébrer sa réussite, Sandrine Collette a rédigé un poème, que voici :
« Il y a trois ans au même endroit,
Je suis venue au même dîner,
Le lauréat c’était pas moi,
Et j’ai promis de me ranger.
Un peu trop jeune, un peu trop verte,
Alors je reviendrai plus tard,
Ce serait la cerise offerte,
Sur un plateau de romans noirs.
Mais l’an dernier, au Landerneau,
Vous m’ignorâtes encore une fois,
Je ne suis pas Caliméro,
Mais j’ai manqué perdre la foi.
J’ai ruminé mes idées noires,
Serait-ce un jour enfin mon tour ?
Et pour vous dire mon désespoir,
J’ai failli aller chez Carrefour.
Ceci étant familialement,
C’aurait été la grande guerre,
Car tout le monde depuis vingt ans,
Collectionne sa carte Leclerc.
Mais haut les cœurs, stop aux déboires,
Car il faut être combattif,
Et j’ai juré d’être un beau soir,
Qualif à la place du khalif.
J’ai bien pensé pour y arriver,
Trucider tous mes concurrents,
Mais quatre d’un coup, c’est pas gagné,
De faire croire à un accident.
Et pourtant j’en ai massacré,
Des personnages, des doux, des durs,
Mais cette fois-ci j’ai hésité,
C’est mon côté Leclerc-obscur.
Pour intimider le jury,
Avec des cris et de la fureur,
Mais ils ont ri et ils m’ont dit,
Sandrine fais moi peur.
J’ai même tenté à cours d’idées,
De supplier en pleurnichant,
Il ne fallait pas s’inquiéter,
Ce jury est Leclerc-voyant.
Alors ce soir je suis ravie,
Mais cette victoire inespérée,
Je voudrais savoir avec qui,
Mon éditrice a du coucher.
Enfin qu’importe, car je suis là,
Je rends hommage à ceux-là qui,
Ont bien voulu voter pour moi,
Au terme de cette étriperie.
Et me voilà le cœur en joie,
Poète d’un soir tout en émois,
Car de ce jour et sans appel,
Je ferai partie du Club Med.
Nous partageons les grands espaces,
Vous culturels, moi la pampa,
Pourvu que tout cela se passe,
Dans le polar et dans l’effroi.
Mais à vingt heures ou quasiment,
De la lecture il n’est plus temps,
La gastronomie nous attend,
Je vais finir mon compliment.
Auréolée du Landerneau,
J’ai changé de super-héros,
Ne riez pas elle est facile,
Et puis l’humain est volatile.
Mais aujourd’hui je dis clairement,
A qui l’écoute et qui l’entend,
Plus de frissons pour Guy l’Eclair,
J’préfère Michel-Edouard Leclerc. »
(ActuaLitté / CC BY 2.0)
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