Le prix Premia Bohemica 2020 a été décerné au bohémiste français Xavier Galmiche. Au nom du Ministère de la Culture, la Bibliothèque régionale de Moravie (Moravská zemská knihovna, MZK) accorde cette récompense à des bohémistes ou traducteurs étrangers qui participent largement à la diffusion de la littérature tchèque au sein de leur pays. Le lauréat du prix est choisi par une commission composée de chercheurs universitaires et académiques de renom, spécialisés en littérature tchèque, et d’anciens lauréats du prix.
Xavier Galmiche (1963 — ) est professeur de littérature tchèque et de cultures d’Europe centrale au département d’études slaves de Sorbonne Université Paris-IV Sorbonne. Il a vécu à Prague entre 1984 et 1986, s’est adonné à des activités de publication dès les années 1980. Il a gagné l’attention du public académique tchèque notamment par sa monographie sur Vladimír Holan — Vladimír Holan, le bibliothécaire de Dieu, Prague 1905-1980 (2009), publiée en tchèque en 2012.
Depuis longtemps, Galmiche s’est intéressé à plusieurs écrivains tchèques majeurs, et traduit en français certains des textes de Karel Čapek, Bohumil Hrabal, Vladimír Holan, Jan Vladislav, Jakub Deml ou encore Karel Jaromír Erben, Jan Amos Komenský, entre autres. Dans le cadre de ses activités de traduction, il s’est attaqué entre autres à des textes de spécialistes d’esthétique tchèques comme Jan Mukařovský, Josef Durdík, Otakar Zich, ou également d’artistes comme Josef Váchal ou Bohuslav Reynek.
Le professeur Petr A. Bílek, théoricien de la littérature et historien tchèque, explique à son porpos : « Originales et détonantes, ses analyses incitent le lecteur à prolonger la réflexion. Depuis la fin des années 1980 où il a commencé de publier, Xavier Galmiche se tient à califourchon entre sa culture française d’origine et la culture tchèque, qu’il a faite sienne. Il a des compétences et des idées qui lui permettent de ne pas être, tant s’en faut, un simple intermédiaire des analyses produites par les Tchèques. Ce qu’il découvre et interprète est globalement profitable pour le contexte tchèque. »
L’annonce et la remise du prix au lauréat en présence du représentant du Ministère de la Culture se déroule traditionnellement dans le cadre du Séminaire de bohémistique, organisé par la MZK depuis 2016 pour les bohémistes étrangers. Cette année, celui-ci n’a cependant pas pu avoir lieu en raison de la crise sanitaire.
La solution alternative était de remettre le prix à Xavier Galmiche des mains du directeur de MZK Tomáš Kubíček dans la première quinzaine de novembre à Paris, où une cérémonie était prévue, en collaboration avec le Centre tchèque et en présence de l’ambassadeur Michal Fleischmann. Cependant, eu égard à l’évolution de la pandémie, il a également fallu remettre ce projet, et la remise physique du prix ne se déroulera vraisemblablement qu’en février 2021.
« Nous regrettons que la cérémonie n’ait pas pu avoir lieu, mais le prestige du professeur Galmiche est au-dessus du temps, assez en tout cas pour que le Covid ne puisse l’atteindre. Nous nous sommes donc mis d’accord avec lui pour déplacer la remise du prix à plus tard. Cependant, nous en faisons dès maintenant l’annonce publique, puisqu’il s’agit d’une récompense pour l’année 2020 » déclare le directeur de la MZK, Tomáš Kubíček.
Le prix Premia Bohemica existe depuis 1993. Jusqu’en 2001, le prix a été décerné par la Fondation Fonds littéraire tchèque (Nadace Český literární fond, NČLF), de 2002 à 2011 par la Communauté des écrivains (Obec spisovatelů). Il a été rétabli en 2017, et il est décerné depuis lors par la MZK. L’importance de ce prix vise principalement à exprimer une claire reconnaissance pour le travail de longue haleine que suppose la diffusion de la culture tchèque à l’étranger.
Par le passé, le prix a été décerné à des personnalités telles que Susanna Rothová (1993), Oleg Malevič (1998), Christa Rothmeier (1999), Reiner Kunze (2004), István Vörös (2005), Edgar de Bruin (2008), Andrzej Czcibor-Piotrowski (2011), Urs Heftrich (2017) ou plus récemment la bohémiste italienne et professeure Annalisa Cosentino (2019).
crédit photo GalmicheM CC BY SA 4.0
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