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Face aux géants du web, "aux éditeurs de prouver qu'ils sont irremplaçables" (Jean-Yves Mollier)

Vous avez également eu accès aux archives du Syndicat National de l'Édition (SNE), bien gardées elles aussi...

Le 05/11/2015 à 17:24 par Antoine Oury

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05/11/2015 à 17:24

Antoine Oury

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C'est en rédigeant son Autre histoire de l'édition française (La Fabrique) que Jean-Yves Mollier, chercheur spécialiste de l'histoire de l'édition, a eu l'envie de retracer l'existence du groupe Hachette, depuis la création de la librairie en 1826 jusqu'à la multinationale de 2015. Hachette, le géant aux ailes brisées, aux Éditions de l'Atelier, représente un travail inédit grâce aux nombreuses archives que Jean-Yves Mollier a pu consulter, qui révèlent notamment l'attitude de Hachette et d'autres maisons d'édition sous l'Occupation. Mais aussi parce qu'il analyse les défis que doit relever le groupe, et qui concernent toute l'édition.

Jean-Yves Mollier (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

Dans quelles circonstances avez-vous pu accéder aux archives de la maison Hachette ? 

À travers l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine, l'IMEC, qui ne reçoit pas les archives en dons, mais en dépôt : le contrat que l'IMEC fait signer au dépositaire laisse à ce dernier la décision d'autoriser ou non la consultation des archives. 

Il y a deux types de déposants : ceux qui donnent un accord général, et ceux qui veulent donner une autorisation préalable. C'est le cas de Hachette, qui accepte en général les demandes, mais les vérifie. Après la publication de Édition, presse et pouvoir en France au XXe siècle qui leur avait déplu, alors même que c'était publié chez Fayard, une de leurs filiales, ils avaient en quelque sorte fermé l'accès aux documents pour la Deuxième Guerre mondiale.

Mais on peut dire aujourd'hui que les archives Hachette sont disponibles : puisque Lagardère n'a acheté Hachette qu'en 1980, ils pensent qu'après tout ils ne sont pas comptables des 160 années antérieures. Et puis ils ont peut-être compris aussi qu'il vaut mieux communiquer et dire que l'on n’a rien à cacher plutôt que de laisser dire qu'on a quelque chose à cacher.

Effectivement, le SNE, lui, n'avait jamais ouvert ses archives. Il le fit à ma demande, en 2006, et je ne crois pas que quiconque ait été autorisé, ou même ait demandé depuis, mais j'ai eu un accès tout à fait complet.

Malheureusement, ces archives ne sont que des épaves : il y a des dossiers qui remontent à la création du Syndicat, en 1891, mais ils ne sont pas très épais. Et pour la guerre de 1940, ce sont des dossiers très fins. Je sais par d'autres sources qu'il existe chez un avocat en province un dépôt d'une partie des archives, mais, à ce jour, elles ne sont pas accessibles et ne le deviendront que le jour où le Syndicat le décidera.

Qu’avez-vous découvert en consultant ces archives ?

Lorsque l'on couple les archives du SNE, les archives Hachette, ou ce qu'il en subsiste pour la période, et les archives allemandes de la Deuxième Guerre mondiale, à condition de bien lire l'allemand, alors on arrive à reconstituer tout ce que les entreprises ou les syndicats voulaient cacher.

Et j'ai pu montrer, en effet, que la rédaction des listes Otto [listes recensant les ouvrages retirés de la vente par les éditeurs ou censurés par les nazis, NdR] n'est pas simplement une initiative nazie imposée aux éditeurs, mais bien une sorte de mixage entre des listes préparées à Berlin et les listes françaises de chaque éditeur, préparées individuellement. À des fins de vérification, j'ai précisé le nom de la personne chargée de la préparer, pour chaque éditeur, d'après les archives du Comité d'épuration du livre du 6e arrondissement de Paris qui, à la Libération, avait fait passer en pré-jugement, en quelque sorte, tous ceux qui étaient soupçonnés, quitte à les renvoyer devant les tribunaux. Ces archives ne sont accessibles que depuis peu de temps, avec l'ouverture des archives portant sur la Deuxième Guerre mondiale.

Pourquoi les éditeurs ont-ils constitué ces listes ?

Au minimum, pour ne pas subir la défaveur de l'occupant, et dans certains cas, j'ai donné les noms, pour obtenir des faveurs. C'est le cas du responsable des éditions Tallandier qui, véritablement, veut profiter des circonstances pour devenir le patron de l'entreprise et publier toute la littérature qui plaira aux Allemands.

Quelle était la stratégie des éditeurs français envers l'occupant ?

Si l'on prend le cas des éditions Tallandier, ils se sont arrangés pour publier des romans destinés à la jeunesse dans lesquels il y avait des personnages de bons Allemands, de bons Roumains, de bons Hongrois, tous leurs alliés, mais il aurait fallu 30 ou 40 ans pour que ce genre d'idéologie puisse imprégner les esprits. Ils ont aussi essayé de privilégier les traductions de l'allemand. Il y a eu 2000 à 3000 ouvrages traduits de l'allemand sur cette période, mais les éditeurs étaient souvent plus malins : Gallimard a par exemple fait rentrer Goethe dans la Pléiade, ce qui ne posait évidemment aucun problème. Beaucoup d'éditeurs ont joué au chat et à la souris, en publiant le patrimoine. Les Allemands n'étaient pas stupides : ils jouaient, eux, sur l'attribution de papier pour faire pression sur les éditeurs. Mais quatre années n'ont pas été suffisantes pour donner des résultats probants avec ces stratégies, sauf chez quelques éditeurs.

Dans votre ouvrage, vous considérez que l'accord entre Amazon et Hachette survenu en novembre 2014 est une victoire à la Pyrrhus pour la maison française, pourquoi ?

Aucun journaliste ne connaît les termes de cet accord, et ne peut dire s'il s'agit d'une victoire ou d'une défaite. Reprenons le conflit dans son ensemble : Hachette a beaucoup communiqué : d'abord, il a dit qu'il voulait en découdre avec Amazon, et qu'Amazon ne gagnerait pas, il a publié des communiqués extrêmement agressifs, notamment sur le site de Hachette Book Group. Quand on reprend tous ces communiqués les uns à la suite des autres, on se rend compte que le ton baisse au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'accord. Accord qu'Hachette, à la demande d'Amazon, n'a pas publié.

D'après moi, il s'agit véritablement d'une victoire à la Pyrrhus, donc d'une défaite : le conflit portait sur le prix de commercialisation des fichiers numériques de Hachette Book Group aux États-Unis, ou dans le reste du monde à partir de l'édition américaine de ses fichiers. On sait que la politique d'Amazon est de vendre le maximum d'objets, ce qui nécessite un prix d'appel le plus bas possible pour chaque objet. Amazon ne va gagner que quelques centimes par vente, mais, s'il y en a des millions, il va évidemment gagner beaucoup d'argent. Or, Hachette, comme la plupart des éditeurs français, ne veut pas abaisser de manière trop importante le prix des fichiers numériques par rapport à l'édition papier. En clair, Hachette voulait continuer à vendre entre 12,99 $ et 19,99 $, selon l'épaisseur et le type d'ouvrage, les volumes devenus des fichiers numériques. Amazon, lui voulait harmoniser à 9,99 $, le prix d'appel le plus compétitif dans le monde. Je ne connais pas l'accord, mais on peut imaginer qu'il est beaucoup plus près du prix proposé par Amazon que du prix que désirait Hachette.

Comment expliquez-vous cette défaite, alors même que Hachette avait reçu le soutien de ses auteurs et d'une bonne partie du monde du livre ?

Je considère que c'est une reddition en rase campagne, mais je ne condamne pas Hachette : pendant 180 ans, la puissance de la librairie Hachette puis du groupe Hachette est telle qu'il arrive à triompher de tous les obstacles. Locaux, régionaux, nationaux et même européens en 2002-2004 quand ils se sont opposés à la Commission européenne. Mais il serait tout à fait fallacieux d'imaginer qu'Hachette a gagné en 2014. Comment pourrait-il gagner avec un chiffre d'affaires de 2 milliards €, par rapport à un géant qui en pèse 80 milliards en 2014 et sans doute plus en 2015 ? Les chiffres d'affaires cumulés des 10 éditeurs mondiaux atteignent une trentaine de milliards €, c'est-à-dire 40 % du chiffre d'affaires du seul Amazon. Les entreprises du Net sont colossales : Apple, c'est plus de 650 milliards €, avec 15 milliards € de bénéfices par trimestre. Hachette est un fétu de paille face à eux, et c'est ce qui m'a intéressé dans ce livre. Il me semble que la situation est grave, Hachette tente de se donner les moyens de trouver une brèche par où combattre cet empire, mais à ma connaissance, pour le moment, ils ne l'ont pas trouvé.

Le contrat d'agence, remis en place depuis quelques mois, et qui laisse à l'éditeur le soin de fixer le prix de vente des ouvrages, n'est-il pas la réponse aux règles que les acteurs du Web tentent d'imposer ?

Bien sûr, le contrat d'agence est un moyen de lutter, mais quelle est la stratégie d'Amazon ? Il s'agit d'une entreprise jeune, qui est avant tout un distributeur, le plus gros du monde, probablement. Il est ensuite devenu éditeur, avec la distribution de prix littéraires, et en encourageant l'autoédition. Ça veut dire qu'au même moment où il négocie avec Hachette, Macmillan ou Simon & Schuster, il tente de passer au-dessus de ces éditeurs en faisant la promotion de l'autoédition, c'est-à-dire se passer des éditeurs.

Premier prix Amazon de l'autoédition

Remise du premier Prix Amazon de l'autoédition (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

Ces géants ont plusieurs stratégies, qu'ils mènent en parallèle : ils négocient avec les éditeurs, comme ils négocient avec les syndicats ou associations d'auteurs, mais leur objectif final est de casser le système. Jusqu'à maintenant, la Guilde des Auteurs aux États-Unis joue le jeu de l'édition traditionnelle, elle a demandé à ses auteurs de ne pas signer d'accord avec Amazon et de ne pas se faire autoéditer. Amazon propose 35 % de droits d'auteur, si vous avez un éditeur, et 70 % si vous faites de l'autoédition. Autant dire que vous pouvez gagner, au minimum, 7 fois plus qu'avec l'édition traditionnelle. Combien de temps les auteurs vont-ils résister à ce chant des sirènes ? Très peu de temps, à mon avis.

À Francfort, Arnaud Nourry a pourtant assuré que l'autoédition ne lui faisait pas craindre de perdre son métier...

Il y a deux aspects dans sa réponse, et le premier est en quelque sorte un satisfecit qui tient compte de l'histoire : l'autoédition n'a pas été inventée par les géants de la net économie, elle existe depuis plusieurs siècles, sous l'Ancien Régime, puis au XIXe et au XXe, et elle se poursuit avec Internet.

Sauf qu'il y a une véritable rupture si l'on considère l'histoire de Cinquante Nuances de Grey : voilà un ouvrage d'abord autoédité, qui passe ensuite à une forme intermédiaire entre l'autoédition sur Internet et l'édition, puis, comme il est repéré par un éditeur majeur, devient un livre ordinaire, publié. Il aura 40 ou 50 millions, non pas de lecteurs, mais d'acheteurs, des chiffres faramineux. S'il s'agit d'un événement isolé, un arbre ne cachera pas la forêt, mais si les cas se multiplient, je ne vois pas très bien comment l'autoédition ne deviendrait pas un raz-de-marée qui balaierait l'édition.

Le second aspect est celui des actionnaires : une entreprise privée ne vit qu'au temps que ses actionnaires continuent à acheter le titre Hachette et à le faire monter, ou en tout cas ne pas le faire baisser. S'il avait paniqué à Francfort, Arnaud Nourry aurait fait perdre 10 ou 15 % au titre Hachette, avant un effet boule de neige.

Hachette Livre - Frankfurt Buchmesse 2015

L'empire Hachette Book Group, plus fragile qu'il n'en a l'air (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

Prenons acte des déclarations d'Arnaud Nourry, souhaitons-lui, éventuellement, de trouver avec ses collègues les parades, mais, en tant que chercheur indépendant, je suis sceptique. Pour la première fois de ma carrière, je le suis parce que le poids économique de ces géants est tel que je ne vois pas comment les éditeurs vont trouver les moyens véritables de lutter. La radio aurait pu être un concurrent important pour l'édition, les éditeurs ont su trouver les parades, en l'utilisant pour la publicité, le théâtre radiophonique... La télévision aurait pu en être un autre : les éditeurs sont entrés au capital, ça n'a pas toujours été heureux — au fond, le dernier échec de Jean-Luc Lagardère, avec Silvio Berlusconi, fut avec la chaîne La Cinq, dont ils étaient actionnaires-propriétaires —, mais ils sont entrés. Le cinéma, aussi : les éditeurs ont su trouver les parades pour tous les concurrents. Mais là, ils ne disposent pas du trésor de guerre qui leur permettrait d'entrer au capital de ces sociétés.

Est-il donc trop tard pour la survie de l'édition telle qu'on la connaît aujourd'hui ?

Le fait de bien cerner un problème, et à ce sens mon livre peut être utile, peut permettre d'éviter des erreurs. Je ne crois pas qu'il soit trop tard, mais il faut trouver les moyens d'informer les lecteurs sur ce qui fait la différence entre l'autoédition et l'édition. Pour le grand public, au fond, il n'y a pas de raison que les éditeurs prennent un bénéfice : si quelqu'un a eu l'intelligence ou l'imagination pour écrire un roman, au fond, autant qu'il soit publié le plus vite possible. Ce qui est totalement faux, car il n'existe pas de romancier qui donne son roman directement à l'imprimeur. L'édition est un travail collectif, celui des directeurs de collection, des lecteurs, des correcteurs, tous ces gens qui vont faire que le texte que produit l'écrivain devienne un véritable livre. Le grand public vit sur l'idée fausse que les écrivains écrivent des livres : un poète écrit des poèmes, un dramaturge écrit des pièces de théâtre, et un romancier des romans, mais l'éditeur les transforme en livre.

Aux éditeurs de prouver que leur rôle est irremplaçable, ce qui veut dire qu'il faut cesser de promouvoir certains livres comme des paquets de lessive : il faut se souvenir que l'éditeur est un offreur, et non pas quelqu'un qui suit la demande. C'est quelqu'un qui anticipe les besoins, les désirs du public, qui est prêt à faire confiance à ceux qui dérangent, qui perturbent. Parce qu'elle est une industrie de prototype, l'édition doit continuer à accorder toutes les facilités aux jeunes pour écrire, et pas seulement publier et aider ceux qui vendent bien, même s'il est évident que ceux-là aussi ont leur rôle à jouer. La situation, si l'on se place du côté des auteurs, est dramatique : il y a de moins en moins de possibilités pour quelqu'un qui n'a pas un nom connu de devenir un écrivain digne de ce nom. Souvenons-nous, il y a un an et demi, des 600.000 exemplaires vendus du livre de Valérie Trierweiler : ce n'est pas tellement parce qu'elle raconte ses aventures avec le président, mais plutôt parce qu'elle a un nom. On n'a pas acheté un livre qui a une valeur littéraire, sociologique ou ethnologique, on a acheté son nom. Et probablement sans avoir lu le manuscrit. 

Nous apprenons aujourd'hui qu'Amazon ouvre sa première librairie physique à Seattle, constituée à partir du jugement des acheteurs : les livres qui ont deux, trois ou quatre étoiles vont être les seuls à être présentés sur les rayonnages. Cela veut dire qu'on fait confiance au consommateur pour dire quels sont les meilleurs livres. À ce prix, jamais La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II de Fernand Braudel n'aurait eu le moindre lecteur puisqu'il s'en était vendu 120 exemplaires en une dizaine d'années. Jamais Le Rouge et le Noir de Stendhal n'aurait pu être lu, puisqu'il n'avait pas eu 500 lecteurs lorsqu'il a été publié.

Finalement, les éditeurs ont tout intérêt à continuer à appliquer la fameuse règle de Diderot en 1763 : sur 10 livres publiés, 5 ne rapporteront jamais rien, 4 couvriront leurs frais et un seul va rapporter de l'argent...

L'extraordinaire PDG de Fayard qu'était Claude Durand a toute sa vie expliqué que c'est le fonds qui nourrit une maison d'édition, et c'est pour avoir fait confiance à un certain nombre d'auteurs qui risquaient de ne pas vendre beaucoup d'exemplaires qu'ils ont fini par couvrir leurs frais. C'est, il me semble, incompatible avec la politique menée aujourd'hui par trop d'éditeurs qui se contentent de promouvoir les valeurs sûres. L'investissement se réduit, et on assiste à Paris à une véritable coupe dans les catalogues des maisons d'édition. On ne propose plus de contrat aux auteurs dont les livres ne se sont pas assez vendus et on propose le maintien ou la poursuite des contrats uniquement à ceux qui font gagner beaucoup d'argent à la maison. Il ne s'agit pas de demander aux éditeurs de devenir des mécènes ou des philanthropes, simplement de maintenir cette règle de l'équilibre.

La baisse des tirages et la hausse des titres publiés observés en 2014 ne sont-ils pas le signe d'un investissement dans plus de livres, justement ?

Si l'on se contente d'une analyse quantitative, on pourrait dire que les éditeurs investissent sur l'avenir en publiant plus de titres, mais une analyse qualitative permet de se rendre compte que les éditeurs appliquent une vieille recette du monde de l'économie qui consiste à assécher le marché en y mettant le maximum de productions du même genre pour éviter que les concurrents ne viennent sur ce marché. Il n'y a pas eu de multiplication de l'offre, il y a simplement eu augmentation colossale du nombre de titres.

D'ailleurs, ce ne sont pas forcément les grandes maisons d'édition qui publient plus : L'Harmattan, qui ne publie jamais un livre à plus de 300 ou 500 exemplaires, essentiellement des thèses, est pratiquement le premier imprimeur, qui publie plus de 2500 titres par an. N'oublions pas non plus les petits éditeurs, très nombreux. Le tout réuni fait qu'en France, qui n'a pas une démographie galopante, nous sommes passés d'environ 40.000 titres par an à 70.000 titres, nouveautés et réimpressions. 70.000, ce n'est absolument pas réaliste. On a doublé une pseudo-offre, mais comme le nombre d'acheteurs n'augmente pas, et c'est le tirage qui s'en est ressenti.

Kindle tactile d'Amazon déballage

(ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

Hachette investit massivement dans le développement d'un standard pour le livre numérique, et milite pour l'interopérabilité des ebooks : cette attitude vous semble-t-elle encouragée par une forme de riposte contre Amazon ?

Lorsque l'on voyage, on se balade avec un adaptateur pour les prises électriques, ne serait-ce que pour recharger le téléphone ou le rasoir électrique. D'un point de vue de la logique, on préférerait avoir une interopérabilité pour pouvoir passer de Kindle à Kobo ou un autre acteur. Amazon souhaite garder le marché du Kindle, mais sur ce point précis, Hachette a raison. Et à mon avis, Amazon ne s'entêtera pas : pour le moment, la chasse est gardée, mais le jour où il verra un risque de perdre des clients, il acceptera l'interopérabilité. 

Quant aux investissements de Hachette dans la définition des standards, j'y vois surtout une tendance naturelle. Les éditeurs ont investi dans les imprimeries à l'époque où le livre était en papier : une des plus grosses imprimeries de France, Brodard et Taupin, était la propriété à 100 % de la maison Hachette, de la même manière que Louis Hachette avait investi dans les papeteries d'Essonne, devenues les usines Darblay, la plus grosse papeterie du monde en 1900. Il y a toujours eu une volonté des éditeurs de contrôler le marché en amont et en aval, de la production du papier jusqu'à la diffusion et la vente des livres au détail. C'est une manière d'être présent sur un marché diversifié, dans une logique économique. Si les éditeurs parvenaient à s'emparer de la totalité des fabricants de liseuses, alors ils auraient une réponse, pour un moment. J'ajoute « pour un moment », car Amazon créerait sans doute un autre support, avec la capacité d'influencer le marché.

Vous évoquez finalement peu Arnaud Nourry dans votre ouvrage : que pensez-vous de sa carrière et de sa gestion ?

Oui, j'en parle peu, car j'évite d'abord de faire des personnalisations. J'ai connu plusieurs PDG de Hachette, notamment Jean-Louis Lisimachio, dont Arnaud Nourry était le bras droit. Il était alors le PDG du groupe Foucher-Didier, des maisons d'édition scolaire, et au moment du rachat de 40 % de Vivendi, en 2003, il y a eu un désaccord stratégique entre Arnaud Lagardère et une partie de son équipe, il a écarté Lisimachio au bénéfice d'Arnaud Nourry, devenu le PDG de l'ensemble du groupe. Arnaud Nourry, comme Lisimachio, fait partie des anciens d'HEC ou de l'Essec, des professionnels du management qui connaissent parfaitement les règles de l'économie, parlent et lisent parfaitement l'anglais.

Arnaud Nourry a su, jusqu'en 2006, conduire une véritable transformation au sein de Hachette : lorsqu'en 2003-2004, il reprend 40 % d'Editis, Hachette est essentiellement français, même s'il est présent aux États-Unis avec Grolier, sans grand succès, et en Espagne par Salvat, qui est plus cohérent, et quelques filiales en Amérique du Sud et Angleterre. Mais tout l'effort d'Arnaud Nourry va consister à racheter toutes les maisons d'édition du bassin anglophone, voire hispanophone, qui sont disponibles. Il va réussir ce coup de génie en 2006, au moment où s'écroule le géant né en 1998, AOL Time Warner : AOL revend Time Warner Book Group et Hachette s'en empare. Comme il a déjà racheté les maisons d'édition disponibles en Angleterre, Australie et Nouvelle-Zélande, il devient le numéro 1 en Grande-Bretagne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, et le numéro 2 du trade aux États-Unis, derrière Bertelsmann avec Penguin Random House.

Arnaud Nourry, PDG de Hachette Livre - Frankfurt Buchmesse 2015

Arnaud Nourry, en octobre 2015 à Francfort (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

Avant l'apparition des GAFA, Arnaud Nourry a mené une stratégie cohérente à laquelle on ne peut que rendre hommage. Aujourd'hui, Hachette réalise 1/3 de son chiffre d'affaires en France, contre 2/3 dans le reste du monde. Il a même jeté des têtes de pont en Inde, en Asie, en Chine, on peut dire qu'il y a eu une bonne perception de ce qu'il se passait. Mais l'apogée était peut-être proche du périgée : au moment même où Hachette était au summum de sa puissance, il rencontre beaucoup plus fort que lui, avec l'apparition de ces géants du Net.

Vous évoquez dans votre livre l'influence qu'a su exercer Hachette sur les différents régimes politiques, cette influence se maintient-elle aujourd'hui ?

Pour l'influence sur le gouvernement, je ne suis pas tout à fait sûr que François Hollande ait apprécié le fait que le PDG des Arènes ait signé un accord exclusif de distribution avec Hachette au mois de juillet 2014, quelques semaines avant de produire Merci pour ce moment. François Hollande sait pertinemment que si Les Arènes ont gagné de l'argent en éditant Valérie Trierweiler, c'est Hachette qui en a gagné le plus en diffusant et en distribuant...

Le Bureau du SNE à l'Elysée.  Crédits photo © Présidence de la République - L. Blevennec

Mais, pour autant, on sait que le groupe Hachette est capable de développer ses antennes du côté du ministère de la Culture et de Fleur Pellerin, il l'a fait sous tous les gouvernements : la monarchie, l'Empire, la III, la IV, la Ve République, il continuera demain sous la VIe s’il y en a une un jour. Il y a donc un maintien de cette stratégie, mais elle est désormais mondiale, puisque l'Europe ne représente plus que 45 % de son chiffre d'affaires environ. Les défis ne sont plus au niveau de la France, ou même de l'Europe, ils sont mondiaux : même si Hachette regarde les éventuelles modifications européennes du droit d'auteur, il s'intéresse bien davantage aux mutations à l'échelle planétaire. Hachette est plus intéressé par l'Asie, en Chine et dans le sous-continent indien : ces marchés ont un énorme potentiel. La Chine a déjà deux groupes dans le top 10 des plus gros éditeurs mondiaux.

Si l'on parle beaucoup d'Amazon, l'ennemi public numéro 1, pour Hachette, semble bien être Google...

J'ai osé la comparaison entre les GAFA, Google, Amazon, Facebook et Apple, et les 4 Cavaliers de l'Apocalypse, mais Google demeure effectivement l'ennemi numéro 1, parce qu'il a numérisé dans les années 2000, jusqu'à la fin des années 2010, des millions d'objets imprimés : des livres, photographies, partitions... Google a passé des accords avec de grandes universités et bibliothèques, jamais publiés : pour les connaître, il a fallu qu'un cabinet d'avocats lyonnais fasse un procès à la Ville de Lyon, qui avait signé un accord avec Google pour la Bibliothèque municipale de Lyon. Le cabinet a gagné, ce qui a permis de connaître la teneur des accords.

Google s'est arrangé pour numériser le contenu des bibliothèques à l'aveugle, car une numérisation au cas par cas coûterait trop cher. Mais il n'a pas fait le tri entre domaine public, les oeuvres qui ont un auteur et dont la propriété littéraire appartient à une maison d'édition, et les oeuvres orphelines. Selon le principe de l'opt-out, Google attendait que les éditeurs réagissent, ce que Hachette a fait : c'était un peu un retour au XVIIIe, quand L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert est contrefaite à Genève, à Lausanne, à Iverdon et dans d'autres villes. Et Hachette a raison.

La politique de Google en la matière n'est pas très claire : on s'est demandé si cette fièvre de la numérisation n'était pas un moyen de se constituer un catalogue extraordinaire d'oeuvres dans le domaine public, ou orphelines, dont il serait le seul à pouvoir commercialiser les fichiers. Google, non pas en tant que moteur de recherche, mais en tant qu'entreprise pouvant se transformer en éditeur à la carte, en distributeur et en libraire, représente une véritable menace. Et quand les tribunaux américains semblent lui donner raison face à la Guilde des Auteurs, il y a une brèche qui rend le terrain des éditeurs de plus en plus instable. 

Accord numérisation Google Books - Hachette Livre

En 2010, Hachette signait avec Google Books une série d'accords pour la numérisation de ses livres

(ActuaLitté, CC BY SA 2.0)

Pour quelle raison Google s'est-il emparé des chantiers de numérisation dans le monde entier ?

Avec mon ami Robert Darnton, directeur des bibliothèques d'Harvard jusqu'au mois de mai dernier, et Roger Chartier, professeur au Collège de France, nous nous sommes réunis à de nombreuses reprises avec un projet utopiste : faire en sorte que dans chaque pays la Bibliothèque nationale devienne la bibliothèque numérique du pays et qu'ensuite on interconnecte toutes ces bibliothèques pour avoir une vraie bibliothèque numérique. 

Ca me laisse un regret très amer, parce qu'au début des années 1990, lorsque la BnF a été transférée de la rue de Richelieu à Tolbiac, il y avait un projet de numérisation à marche forcée : j'ai signé en 1991 avec Fayard un contrat autorisant la BnF à numériser gratuitement L'Argent et les lettres: Le capitalisme d'édition (1880-1920) que j'avais publié trois ans auparavant [chez Fayard, NdR], à des fins de recherche. Ce contrat n'a jamais été honoré : quand la nouvelle BnF a ouvert en 1998, elle aurait dû avoir 100.000 volumes numérisés, elle n'en avait quasiment aucun. 

Je n'accuse pas ces grands groupes : si la BnF avait numérisé, jamais Google ne se serait intéressé à cette question. La nature a simplement horreur du vide, et ces entreprises ont comblé des vides. Il existe, pour la recherche, un certain nombre de bibliothèques numériques publiques : il existe Gallica, aujourd'hui Gallica 2, Europeana, la Bibliothèque électronique du Québec, aux États-Unis toute une série de bibliothèques publiques numérisées. Aujourd'hui, la plus grande bibliothèque du monde est possédée par une firme dont la logique est de faire de l'argent, ce qu'on peut difficilement lui reprocher. 

Nos collègues chinois nous ont expliqué qu'ils ont décidé de numériser sous l'autorité de la bibliothèque nationale de Pékin la totalité de leur patrimoine : ils ont commencé par les textes sur rouleau, et progressent ainsi. Ils ont des missions à Paris, à New York, à Londres, qui dépensent de l'argent pour numériser tous les manuscrits ou livres chinois qui sont possédés par les différentes bibliothèques. Ils n'ont pas voulu laisser Google entrer et je pense qu'ils ont raison, même si on ne sait toutefois pas si leur bibliothèque numérique sera en accès gratuit ou payant.

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#Noshorizonsdesirables – Durant cinq années de librairie au Québec chez Pantoute, Benoît Vanbeselaere est passé de la communication et de l’événementiel à la direction générale d’une des deux succursales. Depuis avril 2023, il a pris ses fonctions comme coordinateur de l’Association des éditeurs des Hauts-de-France. En marge des Rencontres régionales du Livre et de la Lecture 2024, à Boulogne-sur-Mer, il revient avec nous sur les actions menées et à mener.

26/02/2024, 15:13

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Partage de la valeur : cette étude “apporte des éléments de compréhension” (SNE)

L'étude du Syndicat national de l'édition (SNE) consacrée au partage de la valeur entre auteurs et éditeurs, présentée au début de ce mois de février, a été accueillie froidement par les organisations d'auteurs. Ces dernières reprochaient une approche « biaisée » et des résultats qui masquaient la situation économique des écrivains. Renaud Lefebvre, directeur général du SNE, répond aux critiques.

22/02/2024, 11:49

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Barbara Kingsolver, Prix Pulitzer 2023 : “Je ne crois pas au talent”

Le Prix Pulitzer de la fiction, qui récompense un roman qui raconte cette démente Amérique, a été décerné à deux auteurs ex-aequo en 2023 : Hernan Diaz pour son texte sur les coulisses de la Grande Dépression des années 30, Trust, et Barbara Kingsolver. D’un côté, le gros argent, de l'autre, les prolos d'une campagne des Appalaches, à travers les aventures de Demon Copperhead. Un David Copperfield contemporain dans les terres contrariées de l'OxyconTin et des champs de tabac…

21/02/2024, 16:00

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Pour le livre de Turin, "un salon qui aide au dialogue"

Du 9 du 13 mai, le Salon international du livre de Turin incarne un événement majeur autour du livre sur le territoire italien. Entre défis antérieurs et direction nouvelle, Annalena Benini, directrice du Salon pour cette édition, fait part à Actualitté des conditions à réunir, pour mener à bien les ambitions prochaines, notamment quant à la jeunesse. 

19/02/2024, 12:07

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“Le livre et la lecture comme biens communs”

Noshorizonsdesirables – Dans le paysage littéraire des Hauts-de-France, une révolution jusqu’alors silencieuse entend faire grand bruit. François Annycke, directeur de l’Agence Régionale du Livre Hauts-de-France (AR2L), inaugurera les 21 et 22 février deux journées professionnelles. Objectif : collaborer, en redéfinissant le rôle de l’Agence et de ses partenaires, pour plus d’efficacité.

16/02/2024, 12:00

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“Le lecteur français veut comprendre l'Italie à travers sa littérature”

Dans une interview menée par Federica Malinverno, Florence Raut revient sur la création de La libreria, librairie-café parisienne cofondée aux côtés d'Andrea De Ritis en 2006, se définissant comme un « espace petit mais riche dédié à l’Italie, situé dans le cœur du IXe arrondissement de Paris ».

13/02/2024, 11:38

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“Pour être un libraire, il faut porter la casquette d’agent culturel”

Pleine d’énergie et toute souriante, Prudientienne Gbaguidi est une figure de la librairie francophone en Afrique de l’Ouest. Très engagée pour faire rayonner son métier, elle suit tout ce qui se publie dans la sous-région. A la tête de la librairie Savoir d’Afrique (Bénin), elle est aussi présidente de l’Association des Libraires professionnels du Bénin (ALPB) et vice-présidente de l’Association internationale des Libraires francophones (AILF). Propos recueillis par Agnès Debiage, fondatrice d’ADCF Africa.

06/02/2024, 13:07

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Statut européen des artistes-auteurs : “C'est un nouvel espoir”

Depuis plusieurs semaines, des organisations françaises d'auteurs de l'écrit se sont lancées dans une campagne de soutien à une initiative législative du Parlement européen. L'objectif ? Inciter la Commission européenne à agir pour améliorer les conditions de vie des artistes-auteurs, notamment par la création d'un statut. 

18/01/2024, 15:15

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Résolument ancré dans la Fantasy, Leha crée Majik sa collection poche

ENTRETIEN – Apparu en 2017 dans le paysage des Littératures de l’Imaginaire, Leha Editions amorce 2024 avec un gros dossier : la création d’une collection de poche, Majik. Un pari audacieux, autant qu’une nouvelle corde à l’arc de cet éditeur, installé à Marseille depuis quelques années. 

17/01/2024, 10:08

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Louise Boudonnat : traduire, “c’est aussi une rencontre avec soi-même”

Dans une interview menée par Federica Malinverno, Louise Boudonnat revient sur son travail de traduction (de l'italien) de l'ouvrage Absolutely Nothing. Histoires et disparitions dans les déserts américains, de Giorgio Vasta et Ramak Fazel, paru aux éditions Verdier en 2023.

02/01/2024, 14:52

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Line Papin et les Lettres Zola : "Cette démarche me garde constamment en éveil"

LaLettreZola — La première Lettre Zola est toujours disponible à la prévente sur la plateforme KissKissBankBank. La première romancière à offrir aux futurs lecteurs un texte inédit, entre réel et fiction, est Blandine Rinkel. Mais chaque mois est l'occasion de découvrir une nouvelle plume, et pour ce faire, Louis Vendel, créateur de ce singulier et enthousiasmant concept, a dû façonner une véritable équipe autour de lui. Une trentaine de trentenaires, parmi lesquels Line Papin, qui triche un peu, puisqu'elle a 27 ans, mais déjà six ouvrages derrière elle.

26/12/2023, 17:06

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David Duchovny : “Les écrivains ont le devoir d'écrire tout ce qu'ils veulent”  

David Duchovny, pour les plus anciens, c’est l’agent Fox Mulder, pour les plus au fait, le romancier Hank Moody de Californication. L’enfant de New York est aussi un écrivain : son premier texte fut un conte animalier, Oh la vache ! (trad. Claro, Grasset) « entre Georges Orwell et Tex Avery », rien que ça. Le second publié en France, La Reine du Pays-sous-la-Terre, est un texte étonnant, riche, non sans humour et d'un beau romantisme suranné.

20/12/2023, 18:08

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Main à plume : la résistance surréaliste sous l'Occupation

Épisode aussi bref qu’intense, aujourd’hui oublié, l’aventure de la « Main à plume » constitue pourtant un des éléments majeurs de l’histoire du surréalisme. En 1940, suite au départ d’André Breton, plusieurs jeunes créateurs se regroupent pour résister à l’occupant, tout en poursuivant une intense activité créatrice, avec la publication de plaquettes, aujourd’hui introuvables. Huit de vingt-trois membres périront : déportés, fusillés, ou tombés au front. Docteure ès Lettres, mais aussi traductrice et autrice, Léa Nicolas-Teboul a retracé le parcours du groupe. Propos recueillis par Étienne Ruhaud.

06/12/2023, 15:37

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L'édition jeunesse au Maroc : rencontre avec Nadia Essalmi

Nadia Essalmi est une femme de cœur et d’engagement. Une fonceuse qui ne se pose pas mille questions en amont mais qui agit pour faire bouger les lignes et surtout pour apporter aux autres.  C’est aussi une grande rêveuse qui suit son cœur, mais n’est-ce pas le moteur pour innover et avancer ? Editrice jeunesse, promotrice culturelle, militante associative, Nadia est sur tous les fronts quand il s’agit de défendre et valoriser le livre et la lecture au Maroc. Propos recueillis par Agnès Debiage, fondatrice d’ADCF Africa.

05/12/2023, 13:07

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Malaise dans l'Éducnat : “Mes élèves me donnent matière à espérance”

Qu’est-ce que la précarité ? Qu’est-ce que le démantèlement méthodique du service public ?  Qu’est-ce qu’être un professeur précaire dans le secondaire, de surcroît « (grand) remplaçant » dans les territoires abandonnés de la République ? Qu’est-ce qu’enseigner et transmettre ? Autant de questions qui interpellent notre temps. Propos recueillis par Faris Lounis.

04/12/2023, 14:54

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“Stig Dagerman va plus loin que Camus : il supprime l’espoir”

Claude Le Manchec, essayiste et traducteur français,  nous parle de l’œuvre de Stig Dagerman (1923-1954), de sa place et de sa réception en France, en évoquant son étude Stig Dagerman, la vérité pressentie de tous (Éditions du Cygne, Paris, 2020). Propos recueillis par Karim El Haddady

04/12/2023, 12:22

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Pour une industrie du livre plus forte en Italie

Dans un entretien accordé à ActuaLitté, le président de l'Associazione Italiana Editori dévoile ses objectifs pour l'industrie du livre en Italie. Il aborde la nécessité d'une croissance culturelle, la promotion de la lecture, l'internationalisation de l'édition italienne et les défis du dialogue avec les institutions.

27/11/2023, 15:29

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Tom Buron : "Le danger est un élément central de mon travail"

Jeune poète francilien, Tom Buron pratique la boxe, écoute du jazz, écrit de brefs recueils percutants. Dernier en date, La Chambre et le Barillet (éditions « Angle mort », 2023), présente une suite de vers-libres, souvent rageurs, parfois énigmatiques. Familier de l’univers urbain, guidé par un certain rythme incantatoire, habitué des scènes poétiques, l’auteur semble refuser la tyrannie du sens, de l’intelligibilité, tout en favorisant l’oralité. Propos recueillis par Étienne Ruhaud.

27/11/2023, 10:04

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Anarchie en Haïti : “Que les Américains nous lâchent un peu”

Gary Victor, « le romancier haïtien le plus lu dans son pays » selon son éditeur Mémoire d'encrier, ne peut plus aujourd'hui vivre dans sa maison, dans le quartier de Carrefour-Feuilles à Port-au-Prince, pris dans la guerre des gangs. La situation dans le pays de Dany Laferrière est cataclysmique, mais il faut continuer de vivre, et pour le Prix littéraire des Caraïbes 2008, cela passe par l'écriture : à la rentrée, il a fait paraître en France Le Violon d'Adrien, où il s'appuie sur un épisode de son enfance qui l'a particulièrement marqué...

14/11/2023, 11:40

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Tikoulou : un héros mauricien qui unit les cultures

À l’Ile Maurice, Pascale Siew est devenue indissociable du personnage qu’elle a créé : Tikoulou, le petit Mauricien. Cette éditrice passionnée est depuis longtemps une référence sur l’île mais, dans ce cadre idyllique, Pascale Siew avoue se sentir très isolée professionnellement. Elle nous raconte cette belle aventure des éditions Vizavi qui dure depuis trois décennies. Propos recueillis par Agnès Debiage, fondatrice d’ADCF Africa.

13/11/2023, 10:42

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De l'ombre du 93 à la lumière littéraire : “Je lui serai toujours redevable” (Olivier Norek)

Le décès de Huguette Maure, survenu ce 29 octobre, a assombri un week-end déjà maussade. Parmi les écrivains que la responsable éditoriale avait soutenus, Olivier Norek lui rend hommage. « Elle a façonné mon parcours : elle représente les fondations de l'écrivain que je suis devenu. » Notamment grâce à la confiance qu'elle fut la première à lui témoigner, en choisissant de publier son premier roman, Code 93.

30/10/2023, 11:04

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“La consommation de l’actualité s’opère sans prise de conscience”

Benoît Couzi, directeur des éditions Le Lys bleu, avait dernièrement lancé une pétition pour attirer l’attention sur le coût croissant des livres en France. Malheureusement, malgré une diffusion à près de 200.000 personnes, seulement 4 000 ont choisi de signer. Une réalité qui, selon Benoit Couzi, « dit quelque chose de l’implication de l’individu dans la société ».

26/10/2023, 17:02

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Les chiens ne se baignent jamais deux fois dans la même Rivière

Décalé, mystérieux, Les chiens nus nous parle, comme son nom l’indique, de nos amis quadrupèdes. Mais loin d’avoir rédigé un (banal) traité d’éthologie, ou un énième guide sur les chiens, Alain Rivière nous embarque pour un déroutant voyage, dans lequel l’animal semble essentiellement nous renvoyer à nous, à notre condition mortelle. Propos recueillis par Étienne Ruhaud.

26/10/2023, 11:24

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“La réécriture par les ayants droit, ce n'est plus la même oeuvre”

Déposée en mai 2023 à l'Assemblée nationale par le député Les Républicains Jean-Louis Thiériot (Seine-et-Marne), la proposition de loi visant à protéger l’intégrité des œuvres des réécritures idéologiques a fait son retour, au mois d'octobre. Un texte inchangé, mais cette fois soutenu par d'autres représentants de la droite, Éric Ciotti en tête.

23/10/2023, 12:24

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Elias Khoury : héraut d'un monde arabe en quête de modernité

Le romancier libanais Elias Khoury publie chez Actes Sud L’Étoile de la mer, son dernier roman, et deuxième partie d’une trilogie (trad. Rania Samara). Farouk Mardam-Bey, directeur chez Actes Sud de la collection Sindbad, se souvient avec émotion de sa première rencontre avec l'écrivain, à Paris. 

10/10/2023, 12:06

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Frédéric Pillot, un Roland passionnément furieux

LEP23 – Dès son enfance, Frédéric Pillot a trouvé du plaisir dans le dessin. Avec le temps, cette passion s'est transformée en une évidence : allier le dessin à la narration. La réflexion s'est alors orientée vers une activité génératrice de revenus. Une constellation d'idées s'est formée, mêlant le plaisir de raconter à celui de dessiner. Malgré des doutes et des impasses, Frédéric a persévéré. Aujourd'hui, il est un illustrateur reconnu, inspirant ceux qui souhaitent transformer leur passion en métier.

08/10/2023, 17:18

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Ange Mbelle : “Tisser des liens pour le livre africain”

Une approche pragmatique du marché, un parler franc et une vraie dynamique entrepreneuriale, Ange Mbelle a créé GVG, une structure de distribution. Basée à Douala (Cameroun), elle rayonne dans plusieurs pays de la région. Attentive aux pratiques des éditeurs, elle encourage les libraires et autres points de vente à développer leur offre de livres. Propos recueillis par Agnès Debiage, fondatrice d’ADCF Africa.

02/10/2023, 15:01

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La Lettre Zola : redéfinir le lien entre écrivains et lecteurs

LaLettreZola – Dans le monde de l'édition, il est rare de trouver des projets qui marient avec autant de finesse la littérature et le journalisme. Louis Vendel, fondateur de la revue "La Lettre Zola", nous parle de cette initiative unique qui fait la jonction entre ces deux univers.

28/09/2023, 15:38

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Aux Deux Magots, “la littérature est éternelle”

#PrixdesDeuxMagots2023 – Le Prix des Deux Magots, l'une des récompenses littéraires les plus prestigieuses de France, a célébré son 90e anniversaire dans une ambiance festive et solennelle. Étienne de Montety, président du jury, a partagé avec nous l'essence de cette édition mémorable.

25/09/2023, 17:36

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Kevin Lambert : l’architecture, 1er art et miroir de l'époque

Le jeune romancier Kevin Lambert fait l’actualité de cette rentrée littéraire : d’abord en s’inscrivant avec son troisième roman publié au Nouvel Attila, Que notre joie demeure, dans plusieurs listes de prix, dont celle du Goncourt. Le lauréat 2018 de la plus prestigieuse récompense française, Nicolas Mathieu, a remis une pièce dans la machine en s’étonnant de l’ « orgueil surprenant » avec laquelle l’éditeur du Québécois affirme que son auteur a eu recours à une « Sensitivity reader », « comme s’il s’agissait tout à la fois d’un gage de qualité littéraire, de modernité (rire) et de vertu ».

19/09/2023, 17:36

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“Je suis sans cesse rattrapé, happé par la vie.”

Né en 1964 au Havre, Jean-François Jacq vit actuellement à Vierzon, où il poursuit une intense activité théâtrale et littéraire. Auteur de plusieurs biographies de rock-stars, de groupes, l’homme dévoile également un parcours de vie à la fois chaotique et douloureux à travers plusieurs livres autobiographiques, aux titres évocateurs (Heurt-limite, Hémorragie à l’errance, etc.). Propos recueillis par Etienne Ruhaud.

19/09/2023, 11:38

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L'Homme des Mille Détours, ou l'odyssée intérieure d'Agnès Martin-Lugand

Avec son onzième roman, L'Homme des Mille Détours (Michel Lafon), Agnès Martin-Lugand signe aussi ses dix années de carrière depuis Les gens heureux lisent et boivent du café (Michel Lafon). En empruntant à Homère le premier vers de son Odyssée, elle s’est elle-même engagée dans un long voyage. La confiance se déplie dans les histoires racontées. Focus sur son roman L'Homme des Mille Détours, et plus encore, retour sur son parcours d'écrivaine. 

18/09/2023, 17:37

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Pour une traduction humaine : “Il en va de l'avenir de nos professions”

Quelques jours après la présentation du rapport de la commission IA au Président de la République, qui en salue les recommandations prônant le tout-IA dans de nombreux domaines, le collectif En Chair et en Os, « pour une traduction humaine », s'adresse aujourd'hui à toute l'édition, et appelle le monde du livre et de la culture à se mobiliser pour préserver le geste humain, sans céder au technosolutionnisme.

18/03/2024, 11:42

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De l'Altaï russe à la Mongolie en passant par l'édition kirghize

#AVeloEntreLesLignes — Zoé David-Rigot et Jaroslav Kocourek ont entrepris un voyage en vélo entre Paris et Oulan-Bator en août 2022, avec l'objectif de visiter le maximum de librairies sur leur route. ActuaLitté documentera cette expédition en publiant le récit intitulé "À vélo, entre les lignes".

17/03/2024, 12:13

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Expression, publication, lecture : des libertés à défendre

Depuis la Foire du Livre de Londres, cinq organisations internationales représentant les auteurs, éditeurs, libraires et bibliothécaires cosignent une déclaration. Ce texte, reproduit en intégralité ci-dessous, constitue un appel aux gouvernements et aux sociétés dans leur ensemble à veiller sur des libertés fondamentales autour des textes et de leurs auteurs : expression, publication et lecture.

14/03/2024, 11:14

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Traduire par l'IA, le risque d'“un appauvrissement sensible de la langue”

Face à la montée de l'intelligence artificielle dans le domaine de la traduction, l'Association des Autrices et Auteurs de Suisse (AdS) tire la sonnette d'alarme. Lors de son 15e Symposium suisse, l'association a publié une prise de position vigoureuse, soulignant les limites de l'IA en matière de traduction littéraire et réclamant une régulation claire pour protéger les droits et la valeur du travail humain.

06/03/2024, 12:54

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Moon Knight, justicier lunaire et passablement tordu

L’identité secrète est le propre du super héros – ça et les collants trop moulants. Apparu dans Werewolf by Night #32 en 1975, Marc Spector fêtera ses 50 ans de lutte contre le crime à New York : il protège les voyageurs, chers au dieu égyptien qui l’a choisi pour avatar. Non sans l’avoir sauvé de la mort. Mais ce personnage, atteint d’un trouble dissociatif, coexiste mentalement avec trois autres personnes. De quoi en faire un justicier atypique, dont les méthodes effraient.

06/03/2024, 12:16

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Où en est la lecture dans les campagnes françaises de 2024 ?

En février 1967, l'ORTF diffusait un numéro de sa Bibliothèque de poche, dans lequel le journaliste disparu en 2012, Michel Polac, partait à la rencontre de bergers pour discuter de leurs lectures. ActuaLitté reprend le principe à l'occasion du Salon de l'Agriculture, en interrogeant des acteurs du secteur primaire, afin de vérifier : où en est le rapport au livre dans les campagnes de 2024 ?

01/03/2024, 18:53

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Plutôt BFM que CNews : Isabelle Saporta, bientôt la porte ?

Dans quel monde une salariée dénigrerait publiquement l’une des sociétés de son employeur, sans se faire tirer l’oreille ? Mieux : présenterait comme plus brillante une entreprise concurrente, du même secteur d’activité ? Eh bien… soit les anti-Bolloré reverront leur copie quant aux “méthodes” (censure, liberté de parole brimée, etc.) chez Vivendi… Soit Isabelle Saporta prépare son départ de chez Fayard ?

29/02/2024, 15:42

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"Les IA génératives menacent aujourd’hui l’activité des auteurs des arts visuels"

L'ADAGP l'affirme : « Les systèmes d’intelligence artificielle (IA) générative, capables de produire instantanément des contenus visuels à la demande des utilisateurs, menacent aujourd’hui l’activité des auteurs des arts visuels. » En réaction à ce constat, la société de perception et de répartition des droits d'auteur a publié une déclaration générale d’opposition. Elle s'explique dans un communiqué, reproduit ici par ActuaLitté.

23/02/2024, 17:08

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Librimania : le jeu que toute l'édition va s'arracher

#Noshorizonsdesirables – Foin des IUT et autres Masters pros Métiers du livre : voici le futur compagnon et prochain best-seller en librairie — s’il est un jour commercialisé — Librimania plonge les joueurs dans l’univers impitoyable… du monde du livre. Accrochez-vous à un dictionnaire ou une encyclopédie, ça décoiffe !

21/02/2024, 19:22

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Mort d'Alexeï Navalny : “Il n’a jamais reculé devant le pouvoir”

Le décès d’Alexeï Navalny, survenu ce 16 février au centre pénitentiaire de Kharp à l'âge de 47 ans, provoque un soulèvement — et les regards fusent vers Vladimir Poutine, qui se serait définitivement débarrassé d’un opposant. Le Pen Club français a diffusé un hommage, ici proposé en intégralité.

17/02/2024, 10:49

ActuaLitté

Une nuit dans une yourte kirghize, bercés par la pluie

#AVeloEntreLesLignes — Partis à la conquête de nouveaux horizons, Zoé David-Rigot et Jaroslav Kocourek pédalent à travers une odyssée littéraire. Leur défi ? Explorer le plus grand nombre possible de librairies sur un itinéraire qui les mène à vélo de Paris jusqu'à Oulan-Bator. Ils partagent avec ActuaLitté leurs aventures et découvertes dans ce journal de voyage.

16/02/2024, 15:24

ActuaLitté

L'étude sur le partage de la valeur du SNE, “un éclairage partiel et biaisé”

Dévoilée le 1er février dernier, l'étude sur le partage de la valeur du livre, commandée par le Syndicat national de l'édition, n'a pas vraiment convaincu. La quasi-totalité des organisations d'auteurs ont dénoncé ses résultats, assimilés à une pure et simple tentative de manipulation. L'Association des traducteurs littéraires français (ATLF) ajoute sa voix revendicative, dans un texte reproduit ci-dessous.

15/02/2024, 10:03

ActuaLitté

Une étude sur les revenus qui “ne reflète en rien la réalité” des auteurs

Le Syndicat national de l'édition, organisation patronale du secteur, a présenté le 1er février les données de son étude sur le partage de la valeur du livre entre les maisons d'édition et les auteurs. Une étude dont les méthodes et la présentation des résultats ont été largement décriées par les auteurs et leurs représentants. Le Conseil Permanent des Écrivains (CPE), dans un texte reproduit ci-dessous, signifie ses propres réserves, mais aussi ses attentes vis-à-vis du ministère de la Culture.

14/02/2024, 11:46

ActuaLitté

À vélo entre les montagnes et les yourtes

#AVeloEntreLesLignes — Zoé David-Rigot et Jaroslav Kocourek se sont lancés dans une aventure exceptionnelle, celle de parcourir la distance entre Paris et Oulan-Bator à vélo. Tout au long de leur parcours, ils font escale dans autant de librairies que possible. Leur odyssée est couverte par ActuaLitté, qui partage leurs histoires au fur et à mesure.

14/02/2024, 10:33

ActuaLitté

Livres audio : saga, c'est plus fort que toi

Dans un nouvel article, Nathan Hull, responsable de la stratégie de Beat Technology, s'intéresse aux sagas littéraires et à leur capacité à captiver les lecteurs sur le long terme. Comment expliquer ce succès durable ? Et, surtout, comment le reproduire dans un domaine bien particulier, celui du livre audio numérique ?

13/02/2024, 12:48

ActuaLitté

“Il faut tenir sur le fil, à la frontière, et c’est de là que nait la littérature”

#PrixFrontieres2024 – L'édition 2024 du prix Frontières a été lancée, avec la liste des 10 titres retenus. La lauréate de 2023, la romancière Dima Abdallah avait été été saluée pour son deuxième roman Bleu nuit aux éditions Sabine Wespieser. Présidente d'honneur du jury de cette édition 2024, elle nous délivre un texte, en exclusivité pour ActuaLitté, sur ce terme étrange... frontières...

12/02/2024, 16:35

ActuaLitté

Durant les JO, il est important de rester à Paris... en télétravail

Les usagers occasionnels du métro parisien n’ont pas manqué la campagne de communication orchestrée dans les rames : l’invitation au RTT – Reste chez Toi Travailler. À l’approche des Jeux olympiques, les injonctions contradictoires pleuvent : rester ou ne pas rester sur Paris, prendre ou ne pas prendre les transports, travailler ou ne pas travailler… On ne fait pas d’Hamlet, sans casser des noeuds….

12/02/2024, 14:46

ActuaLitté

“La juste rémunération des auteurs et autrices est cruciale”

La Ligue des auteurs professionnels a pris connaissance de l'étude du Syndicat National de l'Édition (SNE) publiée le 1er février dernier. Dans une tribune adressée à ActuaLitté, l'organisation remet en cause la méthodologie, déjà amplement pointée. Leur texte est ici diffusé dans son intégralité.

06/02/2024, 11:03

ActuaLitté

L'étude irréelle où “les éditeurs sont moins payés que les auteurs”

Au moment même où l’Europe envisage de légiférer sur un statut professionnel pour les auteurs, incluant notamment de meilleures rémunérations et une lutte contre les contrats abusifs, le Syndicat national de l’édition a publié une enquête sur « le partage de la valeur entre auteurs et éditeurs ». Or, la présentation des données a révélé un biais tel qu’il laisse entendre que les éditeurs sont moins bien payés que les auteurs. La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse réagit dans les colonnes de ActuaLitté.

04/02/2024, 10:15

ActuaLitté

L'industrie du livre redoute le projet européen sur les délais de paiement

En Belgique, l'interprofession s'est regroupée pour interpeller les députés européens, sur la question des retards de paiements. Le projet qu’examinent en effet le Parlement et le Conseil ramènerait à 30 jours le délai maximum. Une modification que l’industrie du livre ne supportera pas sans de lourdes conséquences.

31/01/2024, 10:19

ActuaLitté

“Nutri-score du livre” et autres projets d’avenir pour une édition écologique

D’après Erri de Luca, l’impossible caractérise « ce qui n’a pas encore été fait » (trad. Danièle Valin). La chaîne du livre — mais par cette dénomination, ne réduit-on pas ses acteurs à des maillons ignorants les uns des autres ? — était conviée à une journée de réflexion, ce 29 janvier. Dans les locaux du groupe Bayard, on se réunissait pour « décarboner le livre et l’édition ». 

29/01/2024, 20:08

ActuaLitté

Au-delà de la polémique Tesson, “faire vivre le Printemps des poètes”

« Au-delà des polémiques de toutes sortes, il nous appartient de faire vivre cette édition du Printemps des Poètes coûte que coûte, et de penser d'abord au public », déclarent les cofondateurs des éditions Doucey. Cette réaction intervient peu après l'annonce de la démission de Sophie Nauleau, directrice artistique du Printemps des Poètes. 

27/01/2024, 12:21

ActuaLitté

Vers le Kirghizistan, à la recherche de la fraicheur perdue

#AVeloEntreLesLignes — C'est l'aventure de Zoé David-Rigot et Jaroslav Kocourek, deux cyclistes qui se sont donné pour challenge de rejoindre Oulan-Bator depuis Paris, à la force de leurs cuisses. En chemin, ils visitent autant de librairies qu'ils peuvent. ActuaLitté suit ce périple en publiant leurs récits.

26/01/2024, 14:40

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IA : les industries culturelles veulent rencontrer Attal “sans délai”

Quelques jours après une missive adressée à Rachida Dati pour l'exhorter à garantir « l'avenir du droit d'auteur » face au développement de l'intelligence artificielle, les industries culturelles maintiennent la pression. Elles communiquent cette fois avec Gabriel Attal, directement, pour faire part de leurs inquiétudes et solliciter « un échange sans délai ». Nous reproduisons ci-dessous le courrier envoyé au Premier ministre, ce 25 janvier 2024.

25/01/2024, 15:38

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“Il faut être un idiot majuscule pour écrire de la poésie”

La protestation virera bientôt au Tessongate, tant opposants et défenseurs de Sylvain Tesson en parrain du Printemps des poètes s’écharpent. Poliment. Avec le récent soutien de la ministre de la Culture, Rachida Dati, le débat se colore définitivement de politique. Le romancier et poète Patrick Varetz suggère ce qui serait une alternative à la discorde ambiante.

22/01/2024, 13:35

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“Icône réactionnaire” : parrain du Printemps des poètes, Sylvain Tesson dérange

Le printemps des poètes, manifestation qui se déroule chaque année à Paris – du 9 au 25 mars 2024 –, a choisi Sylvain Tesson comme parrain de son édition 2024. Un coup pour l’événement poétique, puisqu’il s’agit par ailleurs de la 25e édition. Le choix, que la directrice artistique depuis 2017, Sophie Nauleau, a amplement salué… mais que nombre de poètes et artistes contestent vivement.

17/01/2024, 18:52

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Pas de visa, pas de chocolat

#AVeloEntreLesLignes — Zoé David-Rigot et Jaroslav Kocourek se sont lancés dans une aventure folle : rallier Paris et Oulan-Bator à vélo, visitant au passage des librairies dans chaque pays, périple qu'ils racontent pour ActuaLitté. Cela faisait quelques semaines que les deux cyclistes pédalaient en silence, nous les retrouvons aujourd'hui à Samarcande, au bout de l'Ouzbékistan.

17/01/2024, 17:02

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Québec : l’industrie du livre se prononce sur l’intelligence artificielle et le droit d’auteur  

Dans le cadre de la consultation publique en cours sur l'intelligence artificielle générative et le droit d'auteur, les associations du milieu du livre rappellent au gouvernement canadien l’importance cruciale de favoriser un développement responsable de l’intelligence artificielle et de promouvoir le respect du droit d’auteur.

15/01/2024, 16:22

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Pendant la crise, “c’est avant tout la création qui trinque”

Consacrée à la littérature contemporaine, la maison d'édition Onlit, « reposant exclusivement sur une petite équipe d’indépendants », nous informe de la fin de ses activités. Pierre de Mûelenaere, à la tête de la structure, en explique les raisons, et en profite pour remercier tous ceux qui ont participé au projet, ou l'ont soutenu.

15/01/2024, 11:35

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Livre audio : détourner la loi des séries, à son avantage

Secteur des plus dynamiques depuis plusieurs années, le livre audio numérique est porteur de mille promesses pour les éditeurs. Mais serait-il déjà calcifié dans des habitudes tirées de l'âge de la lecture imprimée ? Nathan Hull, responsable de la stratégie de Beat Technology, revient sur l'intérêt, pour l'éditeur et l'auditeur, de faire un peu de découpage...

10/01/2024, 09:06

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Domaine public : Disney a fini par se faire “Mickey”

Dans les studios Disney, la poule aux œufs d’or serait plutôt un rongeur, qui après un siècle de bons et loyaux services a bien mérité une retraite non commerciale. Car ce 1er janvier 2024, Mickey Mouse entrera dans le domaine public. Autrement dit, la plus grande entreprise de divertissement de la planète perd l’exclusivité de sa manne financière. Émouvants adieux…

30/12/2023, 12:35

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AI Act : les industries culturelles sollicitent Elisabeth Borne

L'Union européenne tente d'encadrer le secteur des intelligences articielles, avec un texte inédit, travaillé depuis plusieurs mois, l'IA Act. La France fait partie des pays où une opposition à une régulation trop stricte s'exprime, ce qui n'est pas pour satisfaire les représentants des industries culturelles, attentifs au respect du droit d'auteur. Dans un courrier à la Première ministre reproduit ci-dessous, ils font part de leurs inquiétudes.

22/12/2023, 16:33

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Face à la loi immigration, les bibliothèques et “l’accueil inconditionnel”

L'adoption de la loi immigration marque un tournant dans le second quinquennat d'Emmanuel Macron, avec un texte qui penche très à droite et remet en question quelques acquis en matière d'accueil et de traitement des étrangers. L'Association des bibliothécaires de France (ABF) répond à cette actualité dans une tribune tournée vers l'engagement, le partage et la solidarité à l'égard des nouveaux arrivants sur le territoire français.

22/12/2023, 12:32

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Vers une modernisation des outils de gestion pour les éditeurs de livres

Les industries culturelles ont toujours été au premier plan des innovations de rupture — IA Générative, streaming audio, NFT — se positionnant même au centre des débats sur l’intelligence artificielle. Pour autant, leur gestion des flux de données s’appuie encore sur des infrastructures des années 2000. Cela a tendance à freiner leur propre évolution au sein des changements sociétaux et technologiques. Une tribune de Crealo.

21/12/2023, 10:36

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Centenaire de la République de Turquie (1/2) : La librairie d'Efy 

Le 23 octobre dernier, les turcs célébraient le centenaire de la République turque, fondée par Mustafa Kemal Atatürk sur les ruines de l'Empire ottoman. À cette occasion, ActuaLitté propose un diptyque à Istanbul, où l'Orient rencontre l'Occident. Ville monde, trois fois née, au sept collines, vibrante d'histoires, de cultures, et de saveurs, étendue majestueusement sur les rives du Bosphore.

15/12/2023, 19:46

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Thierry Fraysse (Éditions Callidor) : passés recomposés

Pour quiconque les croise en librairie, les ouvrages siglés Callidor sont de ceux que l'on n'oublie pas. Couvertures illustrées, titres calligraphiés, dessins cryptiques et intrigants cisèlent un écrin de choix pour des textes exhumés avec la patience d'un chercheur d'or par Thierry Fraysse, qui dirige la maison. Avec de la suite dans les idées, et une obsession assumée.

15/12/2023, 16:07