ENTRETIEN – La chaîne Arte a décidé de régaler ses spectateurs avec une nouvelle saison de Tu mourras moins bête. À compter du 4 septembre, et jusqu’à la fin de l’année, tous les jours un épisode sera à retrouver. Inspirée du blog, devenu BD, de Marion Montaigne, cette série régale petits et grands, même les moins curieux...
Marion Montaigne : Je suis insupportable ! Dès que je regarde un film, je râle comme un pou à la moindre approximation scientifique. Mais la pop culture m’est très utile pour accrocher le spectateur, car qui se lève le matin en se disant : « Tiens, aujourd’hui, je vais me passionner pour la génétique » ?
Tout le monde a les mêmes stéréotypes en tête. Moi-même, lorsqu’on me propose d’aller dans un laboratoire pour y observer des lasers, je m’imagine toujours une grande pièce avec des faisceaux tueurs rouges qui quadrillent l’endroit. C’est bien sûr extrêmement loin de la réalité...
Marion Montaigne : Je dois avouer que je suis un peu sadique, et la nostalgie très américaine de l’enfance, comme pour le dessin animé Le Monde de Nemo, sur lequel je tire à boulets rouges dans cette saison 2, m’agace énormément. J’aime bien massacrer les Pixar ! Leur vision du monde est trop rose pour mon humour noir.
Selon moi, l’enfance est bien plus grise et violente que ça. Nemo, je trouve ça niais, et en plus, à la suite du film, les trois quarts des océans ont été vidés de leurs poissons-clowns.
Marion Montaigne : Les animateurs qui travaillent sur la série ont fait du très bon boulot, en particulier sur cet épisode. Ce sujet nous concerne tous, et j’imagine qu’on l’envoie à sa tante Germaine sur le mode : « Regarde, c’est ton fils ! » Je me suis inspiré du très bon livre de Nathalie Levisalles, L’ado (et le bonobo).
Cette femme a compilé toutes les études sur le sujet et y apporte une justification neuronale. L’impression constante de décalage horaire des adolescents, leur mollesse physique... : les pauvres en prennent plein la poire, alors que ce n’est même pas de leur faute !
Marion Montaigne : Pas toute la communauté ! Certains scientifiques ne s’intéressent pas à la vulgarisation, mais la plupart sont ouverts, et les expériences me passionnent. Dans un laboratoire, je pose des questions stupides et ils me répondent comme s’ils s’adressaient à leur grand-mère !
Grâce à eux, j’ai vécu des expériences extraordinaires : j’ai tiré à l’arme à feu, j’ai suivi des chercheurs qui travaillaient sur les testicules des mouches et j’ai effectué un vol à gravité zéro au côté d’un dramaturge en pyjama qui avait un carton sur la tête, pour une « expérience corporelle »...
Marion Montaigne : J’ai rencontré Thomas Pesquet un an avant son départ dans l’espace, alors qu’après le tome 4 de Tu mourras moins bête, je cherchais à m’éloigner un peu de l’univers du Prof' Moustache. À l’époque encore totalement inconnu du grand public, il m’a dit avoir laissé un commentaire sur mon blog quelques années auparavant, à l’occasion d’une note consacrée aux astronautes.
“Tu mourras moins bête” revient sur Arte, et ne rend toujours pas immortel
Très accessible, Thomas a un vrai sens de l’humour. C’est ainsi qu’est né un projet de livre, où j’explore le métier d’astronaute à travers lui. Les premières années de formation des astronautes sont beaucoup moins exaltantes qu’on ne le croit ! Ils passent la majorité de leur temps à potasser sur un coin de table, et lorsqu’ils en émergent, c’est pour s’exiler trois semaines en Russie en plein hiver, et prêter leurs corps à d’interminables expériences, comme de gros cobayes !
Propos recueillis par François Pieretti
(à paraître 24/11) Marion Montaigne – Thomas Pesquet en combi – Éditions Dargaud – 9782205076394 – 22,50 €
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