Depuis des mois que l'on entend parler des négociations houleuses entre le géant Amazon et la maison Hachette, Michael Tamblyn, le PDG de Kobo, propose son analyse de la question. À l'heure des réseaux, il aura choisi Twitter, pour nous résumer la situation et son point de vue, en 32 points ne dépassant pas 140 caractères.
Michael Tamblyn se jette à l'eau
Pour résumer le conflit, Tamblyn raconte que les auteurs indépendants prennent conscience qu'Amazon est une firme qui, entre autres, optimise les prix, dans l'optique de gagner plus de parts de marché et faire davantage de ventes. Ensuite, comme tous les détaillants qui commencent à avoir une taille importante, Amazon se tourne vers ses fournisseurs pour obtenir de meilleures conditions contractuelles.
Ce qui mène au conflit Amazon-Hachette, qui rappelle d'ailleurs les pratiques commerciales d'autres géants du commerce au détail, comme Walmart. Rien de neuf, en somme, assure-t-il. Certains auteurs publiés de façon traditionnelle ont tout de même donné de la voix dans les médias pour soutenir Hachette, quand certains auteurs indépendants se ralliaient au contraire à Amazon.
28. To paraphrase: "First they came for the big New York publishers, but I wasn't published by a big New York Publisher…"
— Michael Tamblyn (@mtamblyn) 17 Octobre 2014
Ces défenseurs du géant lui sont reconnaissants pour leur avoir donné un espace où s'autopublier dès le début du phénomène éditorial. Ils ont probablement l'espoir d'être à l'abri du type de pressions que subit actuellement la maison Hachette quand certains d'entre eux accordent même l'exclusivité de leurs titres à Amazon sans se soucier des lecteurs qui ne lisent pas sur Kindle (via KDP Select, une exclusivité qui n'est pas pratiquée du côté de Kobo et de son Writing Life).
7. But it seems like self-published authors believe they are protected somehow - that what is happening to Hachette won't happen to them.
— Michael Tamblyn (@mtamblyn) 17 Octobre 2014
Cependant, sur le long terme, Tamblyn suppose qu'Amazon ne fera plus la différence entre autopubliés et maisons d'édition, tous deux fournisseurs. Pour lui, les membres du Big Five ne sont qu'en tête de liste, pour une simple question d'efficience, car les gros éditeurs ne manquent pas de best-sellers. Mais pour le PDG de Kobo, il n'y a aucune raison pour que l'ecommerçant arrête là ses pressions. Tant que ça marche, on continue.
En toute logique, si Hachette se permet de résister face à Amazon, Tamblyn ne pense pas qu'un autopublié puisse y prétendre, dans le cas où plus de 80 % de ses ventes dépendent d'Amazon. En somme, ils manqueront d'autant plus de force de levier dans les négociations. Ils pourront toujours retirer leurs ouvrages de la plateforme, et se retrouver amputés de leur canal de vente.
Pour Tamblyn, lorsqu'Amazon prétend se battre pour des prix bas, c'est une sorte de mystification, car l'enjeu dans la perspective du géant serait plutôt la profitabilité, et cette dernière s'optimise aux dépens de tous types de fournisseurs, chacun en son temps.
19. But that assumes that the AMZN battle is about price. It's not. It's about profit. And _any_ supplier can be made more profitable.
— Michael Tamblyn (@mtamblyn) 17 Octobre 2014
Le PDG de Kobo estime ensuite qu'Amazon peut survivre sans les importantes licences de la maison Hachette, puisqu'il vend d'autres livres, mais avec moins de confort. De même, il suppose que Hachette peut se passer du canal Amazon , mais également avec un certain manque à gagner, considérable. Ainsi, si ces négociations houleuses se poursuivent depuis des mois, ce serait parce que les deux parties ont d'autres cartes à jouer.
Dans le cas contraire, si l'un des acteurs du conflit était en position de force, la partie serait pliée d'avance, or c'est bien ce qui semble pendre au nez des indépendants.
32. Then they came for me."
— Michael Tamblyn (@mtamblyn) 17 Octobre 2014
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