Depuis le 7 octobre, Amazon a lancé son Kindle en France, le lecteur ebook, proposé pour 99 €. Mais l'Américain ne s'est pas moqué : c'est le dernier modèle de sa gamme qui sera commercialisé en France. Un écran pas tactile, certes, presque plus de boutons, et une connexion WiFi, amplement suffisante.
Cette offre s'accompagne du lancement de la plateforme Kindle Direct Publishing, motivée par plusieurs éléments.
Amazon a toujours annoncé qu'il ne lancerait son Kindle qu'à compter du moment où il estimerait le marché mûr. À savoir : qu'il disposerait d'un catalogue à commercialiser suffisamment important. Aujourd'hui, ce sont plus de 35.000 ebooks français qui sont proposés, dont 4000 (seulement ?) appartenant au domaine public. Avec cette plateforme d'auto-édition, Amazon vise un fait simple : enrichir colossalement son catalogue.
Et à raison.
Retour en septembre 2009. Une étude réalisée pour le Figaro montre que publier un livre représente pour un Français sur trois, une véritable solution thérapeutique.
L'envie d'écrire, mais surtout de publier
Alain Absire, alors président de la SGDL, analysait : « C'est symptomatique de ce besoin d'écrire : les ateliers d'écriture ne désemplissent pas. Bien au contraire, ils sont complets de plus en plus tôt. On croyait que ce genre d'exercice n'intéressait que des personnes d'un certain âge. En fait, tous s'y précipitent avec gourmandise, et certains y reviennent chaque année. » (voir notre actualitté)
Mieux, l'année passée, la société Books On Demand révélait un autre sondage : « Un répondant sur 3 s'imaginerait écrire et publier un jour ses écrits », mais 74 % considèrent que cette démarche a peu de chances d'aboutir avec une maison classique. Et les 18-25 ans se montrent encore plus pessimistes à ce sujet.
Tout l'intérêt de la plateforme de d'autoédition d'Amazon résiderait donc dans cette solution de commercialisation d'oeuvres, sous leur forme numérique, avec des droits d'auteurs de 70 % reversés, sur le prix de vente du livre.
Modifier les habitudes, évidemment
Depuis août 2011, Amazon a même mis en place sur son store américain une section dédiée aux auteurs indépendants, qui sont passés par sa plateforme KDP. Et nul doute que sortira sous peu la section Kindle Singles, qui permet la vente de textes de 5000 à 30.000 mots. (voir notre actualitté)
Si en théorie, Amazon joue une carte gagnante avec ce produit d'autoédition, gratuitement disponible, avec la seule ponction de 30 % du prix de vente, il faudra encore que les auteurs français indépendants acceptent de jouer le jeu. Mais ce n'est pas vraiment de ce côté que le risque se trouve.
Publier reste encore un acte qui s'accompagne d'une concrétisation, avec un livre papier, que l'on peut trouver en librairie, faire commander par défaut, et ainsi de suite. La plateforme d'autoédition aura une double vocation : frayer un chemin au livre numérique, d'un côté, en étoffant le catalogue, mais d'autre part, démocratiser cette consommation d'oeuvres dans le pays.
Tout est possible, mais la réaction des clients, utilisateurs et auteurs permettra de mesurer au mieux l'évolution possible que le secteur prendra dans les années à venir.
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