Les pirates incarnent une angoisse récurrente en Espagne : les éditeurs ne manquent jamais une occasion d’interpeller les pouvoirs publics sur la question. Avec la hausse du taux de TVA, le prix du livre numérique a augmenté, et les craintes de voir les catalogues sur les réseaux illégaux alimentent les tensions. A raison, à en croire les études.
Julien, CC BY SA 2.0
Une analyse proposée par GfK en mars dernier indiquait que les Espagnols pirataient autant de jeux vidéo que d’ebooks. Selon L’Observatorio de la piratería y hábitos de consumo de contenidos digitales, le livre comptait cependant comme le dernier bien culturel contrefait, loin même derrière... les matchs de football.
Le gouvernement espagnol avait déclenché un plan de combat, avec une nouvelle loi sur le droit d’auteur, prévue pour 2015, et mise en place en début d’année. Destinée à amender le texte de 1996, elle aboutissait à une forme d’interdiction de la copie privée pour les consommateurs, et maintenait dans le même temps une compensation copie privée pour les ayants droit. Tout cela devenait franchement incompréhensible – entre autres choses...
Or, fort de sa nouvelle législation, l’Espagne vient d’applaudir les résultats de sa lutte contre le téléchargement illégal, en annonçant que la contrefaçon avait reculé. Le ministère de la Culture avance que 247 sites web ont répondu positivement aux demandes de retraits de contenus et 31 ont littéralement cessé leur activité.
Ces multiples ajustements, complétés par la législation de 2015, ont débutés en 2012 : avec les nouvelles mesures, la fermeture des sites devenait plus rapide. Ainsi, sur 44 plaintes déposées devant la commission de la propriété intellectuelle par les ayants droit et créateurs, 95 % ont été résolues. 252 sites se sont vu demander de retirer des contenus, et 98 % ont accepté.
La folle stratégie du numéraire
En parallèle, le blocage de The Pirate Bay, ou encore celui de Goear, site de musique diffusant des œuvres sans licence, les autorités ont d’autres arguments à mettre en avant. Voilà 3 ans, 30 sites pirates comptaient parmi les 250 sites les plus consultés sur le territoire (données Alexa) : aujourd’hui, ils ne sont plus que 13, se félicite le ministère. Et d’ajouter que ces 13 sont en plus tombés dans le classement de consultation.
« Il est clair, à partir de ces données que les sites web perdent leur part de trafic total en Espagne », se félicitent les autorités. (via Torrent Freak)
Un discours qui résonne assez bien avec celui du président de la Federation des éditeurs espagnols, Daniel Fernandez : « Ces derniers mois, nous avons fait fermer certains sites par l’application de la loi, et le piratage a tout d’abord décliné, par cet effet préventif. Mais nous avons fait peu de progrès. L’administration prend conscience que le problème est grave, mais les solutions sont si lentes à venir que personne ne sait si elles n’arriveront pas trop tard. » (voir notre actualitté)
Reste à savoir si les mesures prises et les résultats obtenus sont réellement significatifs dans le recul de la contrefaçon en ligne.
Ou pas.
Mesurer une politique de défense du droit d’auteur en pointant des données prises sur Alexa, pour fiables que soient ces données, prête à sourire. Comme ce Barcelonais qui affirmerait avoir percé une éclaircie dans les nuages avec sa fourchette...
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Total pages :
Traducteur :
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