Bonjour à tou.te.s ! Cette semaine est particulière, comme les précédentes, et probablement les suivantes. On ne va pas parler dans cette infolettre de lectures post-apocalyptique-virus (mais une prochaine fois ?). On va parler santé mentale. Parce que depuis le début de cette période de confinement, on ne va pas se mentir, c'est difficile. Même en étant quelqu'un.e de casanier.e, ne pas sortir, c'est compliqué.
Alors oui, ça laisse du temps pour la lecture (et pour plein d'autres choses), mais rester seul.e avec soi-même, pas toujours évident à gérer. Dans cette nouvelle infolettre, focus sur des lectures avec pour thème commun la santé mentale.
Cette liste est évidemment non-exhaustive et nous serions ravis d'avoir vos retours et vos recommandations ! Nous avons également regroupé quelques ressources en bas de mail si vous voulez d'autres lectures. Pour que notre santé mentale ne soit plus un tabou. Prenez soin de vous, de vos proches, et restez chez vous un maximum (si vous le pouvez). Force aux personnels qui sont là pour nous et continuent à travailler durant cette période.
Dans sa première BD de fiction, Mirion Malle nous raconte l’histoire de Clara, jeune autrice de poésie et attachée de presse pour une maison d’édition. La vie quotidienne est compliquée, intense, et bien souvent, beaucoup trop dure pour elle. Clara s’isole avec sa dépression, n’arrive pas à en parler et se sent vide. Un récit d’une beauté rare, comme on en voit trop peu. Une BD absolument précieuse sur le sujet de la dépression, et qui laisse entrevoir, un peu malgré tout, un petit rayon de soleil.
Goupil ou Face est une vraie référence en matière de vulgarisation scientifique. L’autrice y parle de cyclothymie, trouble de l’humeur de la famille des maladies bipolaires. À travers la figure du renard, personnification de la cyclothymie, Lou apprend à dialoguer et à l’accepter. Avec humour et beaucoup de tendresse, Goupil ou face est devenue une référence incontournable sur un trouble trop peu connu encore.
Ellen Forney est diagnostiquée bipolaire chronique à 30 ans. Dans le premier tome, Une case en moins, elle raconte l’annonce de son diagnostic, et comment s’enchainent des périodes d’euphorie créative et d’intense dépression. Entre conception de bande dessinée et séances de psychothérapie, l’autrice nous raconte sa gestion du quotidien.
Dans le nouveau tome sorti cette année, Une case en plus, elle nous explique comment stabiliser son état malgré les changements parfois drastiques dans les traitements. Ellen Forney parle de sa maladie avec du recul et beaucoup d’humour, malgré tout. Attention, car ces BD restent très difficiles à lire et particulièrement (dans mon cas) la description de ses passages dépressifs.
Par les autrices du très bon Pourquoi les filles ont mal au ventre qui traitait des règles, ce nouvel album du duo traite quant à lui de santé mentale. Témoignages illustrés de façon toujours aussi poétique, cet album s’adresse aussi bien à celles et ceux qui souffrent qu’à celles et ceux qui ont du mal à comprendre la réalité des personnes en souffrance.
Bon OK, on l’admet, cette couverture est assez surprenante, mais par pitié ne vous arrêtez pas à ça ! Car cette autrice et sa BD c’est du génie ! (Et puis les illustrations intérieures n’ont rien à voir). Il s’agit là d’une autobiographie axée sur un épisode de dépression vécu par Moa (25 ans), sur un rythme effréné à base de rencontre Tinder, réseaux sociaux, de visites chez la psy et de raves partys. C’est une BD TRÈS ancrée dans l’époque actuelle, et la génération des 20-30 ans s’y reconnaîtra facilement. Un gros coup de cœur pour ce texte parfois très drôle, parfois très badant !
On vous parlait d’Eau douce dans la précédente infolettre, mais il nous semblait cohérent et important de le mettre dans cette sélection également. Dans cette histoire, il est question d’une petite fille nigériane, Ada, dont le corps se retrouve investi par des esprits issus de la cosmologie Igbo. Bloqués dans ce réceptacle humain, les esprits cohabitent jusqu’au jour où, adolescente, Ada quitte le pays pour partir étudier aux États-Unis.
Là-bas, un événement d’une grande violence réveillera un nouvel esprit. Mais ce dernier est persuasif et dangereux, et pousse Ada à des comportements autodestructeurs. Ce roman choral, inspiré de la vie de l’auteurice (Akwaeke Emezi est une personne non binaire), nous plonge dans les tourments de la schizophrénie et des troubles de l’identité, où le moindre choix, acte ou sentiment, devient l’objet pour le mieux d’un débat, sinon d’une guerre.
Le premier roman d’une carrière littéraire prometteuse et d’un nouveau genre. Un VRAI coup de poing qui nous sort de notre zone de confort !
L’héroïne est jeune, belle, riche et pourtant, sa vie ne lui convient plus. Qu’à cela ne tienne, avec l’aide d’une psychanalyste un peu shamane et de ses ordonnances dignes d’un véritable dealer, elle passera un an à dormir, pour se réparer en quelque sorte de tous les tourments de son âme. Ce roman est complètement barré et on croirait lire l’histoire d’une Belle au bois dormant moderne perdue dans l’enfer de Gossip Girl et dont l’issue serait celle de Requiem for a dream.
Ça parait drôle comme ça, mais tout ce qu’on en retient, c’est qu’à l’ère de l’ultra connecté, nous n’avons jamais été aussi seul.e.s. Dans une société basée sur le paraître et entretenue par des relations toxiques, difficile de ne pas devenir fou et céder à l’isolement et à l’aliénation.
Trois sœurs dans l’Espagne fin XXe, dont les vies respectives sont bien différentes. L’une est femme d’affaires et incroyablement riche, la seconde est la parfaite petite femme au foyer, et la troisième, studieuse et diplômée, doit pourtant s’esquinter comme serveuse dans un bar miteux. Tout oppose ces trois sœurs, si ce n’est cet insupportable mal-être qu’elles se traînent et que chacune tente de combattre par la prise de drogues diverses et variées.
Un texte cru, trash (souvent drôle !) qui ne nous ménage par lorsqu’il s’agit de nous mettre face à des comportements autodestructeurs. Certaines phrases sonnent comme des sentences et le discours pourrait paraître pessimiste, mais au fond, il tente simplement de comprendre l’origine de nos dépressions modernes.
D'autres références :
• Désiré parle de son expérience dans un thread twitter que je vous invite fortement à consulter :par ici
• Le 28 mars c’est la 3e édition du #MuslimWomensDay journée internationale des femmes musulmanes sous le thème de la santé mentale. L'association Lallab organise toute la journée de samedi un Talk Live sur Facebook. Pour le programme c'est ici.
• Le podcast Emotions, produit par Louie Media, est très intéréssant, très bien construit, tous les épisodes sont chouettes, je vous invite à écouter celui-ci sur l'angoisse et l'anxiété : le voilà
• Un autre documentaire audio sur la folie, en 3 parties, avec de nombreux témoignages de patients et d'aidants.
• Pour les lecteur.rices de l'anglais, un article présentant 5 récents romans qui parlent de santé mentale, pas encore traduits chez nous mais on espère bientôt !
• Un témoignage (en anglais toujours) d'une personne racontant comment lire Pratchett a pu l'aider.
• Pour toujours plus de lectures (venues du Québec cette fois) qui parlent de santé mentale, c'est par ici !
Petit rappel : La majorité des coups de cœurs de cette newsletter sont disponibles à la librairie Arborescence à Massy ! Vous pouvez également retrouver deux fois par mois, cette sélection, directement dans votre boîte email, en vous inscrivant ici. Si vous avez envie de contribuer à Books by Women, n'hésitez pas ! Envoyez un mail à booksbywomen@gmail.com avec un petit texte sur le livre choisi.
Mirion Malle – C’est comme ça que je disparais – La ville brûle – 9782360121205 – 10 €
Lou Lubie – Goupil ou Face – Vraoum – 9782376680437 – 17,95 €
Ellen Forney, trad. Nicolas Bertrand —Une case en moins ; La dépression, Michel-Ange & moi / Une case en plus ; Conseils éclairants d'une bipolaire assumée – Delcourt – 9782756043340 / 9782413018520 – 16,95 € par tome
Lucile de Peslouan, Geneviève Darling – J’ai mal et pourtant, ça ne se voit pas... – L’Isatis – 9782924769447 – 18 €
Moa Romanova, trad. Mathis Ferroussier – Toujours tout foutre en l’air – Revival – 9791096119288 – 25 €
Akwaeke Emezi, trad. Marguerite Capelle – Eau douce – Gallimard – 9782072836015 – 20,50 €
Ottessa Moshfegh, trad. Clément Baude —Mon année de repos et de détente – Fayard – 9782213711515 – 20,90 €
Lucia Etxebarria, trad. Marianne Millon – Amour, Prozac et autres curiosités – 10/18 – 9782264031150 – 8,10 €
Paru le 17/01/2020
206 pages
Editions la ville brûle
19,00 €
Paru le 05/06/2019
152 pages
Vraoum !
17,95 €
Paru le 02/10/2013
256 pages
Delcourt
16,95 €
Paru le 26/02/2020
172 pages
Delcourt
16,95 €
Paru le 29/10/2018
56 pages
Editions de l'Isatis
18,00 €
Paru le 04/09/2019
183 pages
Revival
25,00 €
Paru le 06/02/2020
253 pages
Editions Gallimard
20,50 €
Paru le 21/08/2019
304 pages
Fayard
20,90 €
Paru le 12/05/2005
282 pages
10/18
8,10 €
1 Commentaire
Bibliothécaire
02/04/2020 à 11:47
Bonjour,
Il existe une semaine de la Santé Mentale : https://www.semaines-sante-mentale.fr/
A cette occasion, une bibliographie est proposée chaque année sur le site de la Médiathèque Départementale d'Ille-et-Vilaine en lien avec les actions portées par le collectif local : https://mediatheque.ille-et-vilaine.fr/s-informer/publics-et-mediation/tout-public/690-les-semaines-d-information-sur-la-sante-mentale
Bibliographies par thématique :
2020/Santé mentale et discriminations : https://mediatheque.ille-et-vilaine.fr/decouvrir/focus-sur/1027-sante-mentale-et-discriminations
2019/Santé mentale à l'ère du numérique : https://mediatheque.ille-et-vilaine.fr/decouvrir/focus-sur/944-sante-mentale-a-l-ere-du-numerique
2018/Santé mentale : parentalité et enfance : https://mediatheque.ille-et-vilaine.fr/decouvrir/focus-sur/728-sante-mentale-parentalite-et-enfance
2017/Santé mentale et travail : https://mediatheque.ille-et-vilaine.fr/decouvrir/focus-sur/689-sante-mentale-et-travail
2016/Santé mentale et santé physique : un lien vital : https://mediatheque.ille-et-vilaine.fr/decouvrir/focus-sur/696-sante-mentale-sante-physique