POESIE - « Sur le plan artistique, Falzone était un prodige », estime l’écrivain et poète Jean-Louis Rambour dont le talent et la sensibilité littéraires ne sont plus à démontrer. Il vient de consacrer un tombeau, genre guère usité de nos jours, au pianiste Christopher Falzone.

Fauché par la mort (par la vie, plutôt) à l’âge de 29 ans, Christopher Falzone avait eu la mauvaise idée de se défenestrer du dixième étage de l’unité psychiatrique de l’hôpital de Genève, « à cause des médicaments qu’on lui imposait. D’autres disent que c’était à cause de sa tendance suicidaire qu’on lui imposait ces médicaments », poursuit l’écrivain.
Un prodige, Falzone ? C’est peu de le dire.
À 8 ans, il donnait son premier concert public devant plusieurs milliers de personnes. Disciple de Liszt, il était également capable de restituer sur un seul piano la Polonaise de Saint-Saëns prévue pour deux.
Lorsqu’on lui demande ce qui l’a conduit à écrire ce livre singulier, Rambour répond :
Le destin de Christopher Falzone m’a attiré à cause d’un article lu dans un mensuel de musique classique qui contient une rubrique intitulée : « Ils nous ont quittés. » Chaque mois je la lis et, d’ habitude, c’est pour apprendre des choses sur des musiciens de la génération qui me précède. Or, là, il s’agissait d’un jeune homme de 29 ans dont je savais qu’il venait d’obtenir le premier prix au concours international de piano d’Orléans, trois ans plus tôt (…) J’ai dû me dire : « Quel gâchis ! ». Et puis c’est tout. Or, cet immense gâchis, je l’ai vécu au plus près, 15 mois plus tard, avec la mort de mon jeune homme à moi, mon fils François. J’ai donc eu l’idée de mêler les deux destins, de faire un nouveau livre sur la mort de François, qui parle de lui sans jamais en parler.
Émouvant ? Bien plus que ça.
Il faut, pour savourer ce petit livre, lire son récit intitulé, François, la semaine de sa mort, paru en 2016, texte sublime où affleure toute la souffrance d’un père qui perd son fils. Cette émotion, on la retrouve ici dans cet opus superbement écrit, tout en retenue et en grâce. Rambour écrit aussi bien que Paul Morand, à la différence que lui n’a pas le cœur sec. Au contraire – et pour pasticher Henri Calet – on pourrait dire à son propos : « Ne le secouez pas, il est plein de larmes. »
Jean-Louis Rambour – Tombeau de Christopher Falzone - L’herbe qui tremble - 9782918220657 – 13 €
en partenariat avec l'AR2L Hauts de France
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