
L'histoire en elle-même s'inspire d'ailleurs de récits anciens, puisés dans des textes religieux portugais, destinés à illustrer les préceptes bibliques. Loin du conte de fées, où le merveilleux rivalise avec les animaux sapés en godasses Prada, le lecteur étourdi va remonter aux racines des textes médiévaux, et retrouver une ambiance à mi-chemin entre Tristan et Yseult et Chrétien de Troie.
En quelques mots, un cavalier errant décide de se baigner dans une rivière quand il est remarqué par trois pucelles. Affriolées par sa beauté, elles lui racontent que leur maîtresse souffre de mille morts et que pour la tirer de ses tourments, seul un physicien, beau et vierge a ses chances. Ce qui tombe bien puisque c'est le cas de notre bonhomme. Il se rend donc au château où se meurt la dame en question, fait préparer un bain chaud dans lequel il verse quelques gouttes de son sang, et y fait immerger, jusqu'à la tête, alouette, la souffrante.

La suite se déroule sur fond de mysticisme, de vie de château maudit ou hanté, puis de dénonciation aux autorités religieuses incompétentes et de procès...
La traduction faite par Michelle Giudicelli m'intrigue : est-ce elle qui a donné au texte cette sensation de récit médiéval ou le texte de Jorge la portait-il en lui ? Pour l'amateur, nul doute que cette alchimie transformera la lecture en une véritable machine à remonter le temps. Le récit est minimaliste, et s'épargne les descriptions lourdes pour n'être finalement qu'action et dialogues. Les miracles et coups de magies s'y enchaînent, mais personne n'est dupe.

En somme, voilà un livre qui donne envie de retrouver dans sa bibliothèque les textes anciens et de savourer de nouveau quelques passages de la littérature médiévale. Vive les trouvères et les troubadours. Et Jorge de Sena est des leurs !
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