Le Maitron (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier) nous apprend que Georgette Gueguen-Dreyfus et son mari Georges Dreyfus militaient au sein du Parti communiste et qu’ils étaient membres de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (AEAR). Ensemble, ils participèrent activement à la Résistance dans le maquis de l’Indre, ce dont l’écrivaine rendra compte dans des reportages à la Libération. Elle en tirera un ouvrage en deux tomes, Résistance Indre et vallée du Cher (Éditions sociales en 1970).
Le 19/05/2019 à 09:00 par Les ensablés
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19/05/2019 à 09:00
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En 1935, Georgette Gueguen-Dreyfus publie un premier roman au titre programmatique : Tu seras ouvrier. Dédié à son mari, qui sera tué neuf ans plus tard, en août 1944, par des légionnaires indiens enrôlés par les Allemands, le roman est publié en feuilleton dans L’Humanité et paraît aux Éditions Sociales Internationales ; il est traduit en russe en 1936, en même temps que Passage à niveau (rééd. chez Plein chant en 2017) de Georges David et Manifestations interdite (rééd. chez Delga en 2019) de Léon Moussinac. L’écriture de Gueguen-Dreyfus souscrit finement aux dictats du réalisme socialiste, le parcours du jeune héros de Tu seras ouvrier n’étant jamais trop appuyé ; on n’y trouve pas, comme chez Jean Fréville, par exemple, de ces envolées trop marquées idéologiquement qui nous font quitter le territoire du romanesque pour le pamphlet. Tu seras ouvrier reste aujourd’hui un excellent roman, agréable à lire, même s’il souffre de quelques longueurs.
Il relate la vie et le développement idéologique de Jean Tessier depuis son enfance jusqu’au début de la vingtaine. Jean habite dans un immeuble ouvrier de Belleville avec sa mère et sa jeune sœur. À l’école, son meilleur ami est un fils de bourgeois ; lorsque celui-ci rentre à l’école professionnelle, car il souhaite devenir ingénieur, Jean est pris de détresse à la pensée que son destin à lui est d’être ouvrier, comme son père. « Il savait ce que cela voulait dire, il les connaissait assez les ouvriers. C’était ceux qui s’arrêtaient au bistrot, le soir, et que les gosses allaient chercher pour le dîner, comme lui l’avait fait tant de fois. C’était ceux qui portaient des habits raccommodés, des grosses godasses, ceux dont les poches étaient pleines de tabac émietté, ceux qui sentaient la sueur et le vin ; c’était ceux qui n’avaient jamais assez d’argent pour finir la semaine. »
À la maison, Jean et sa sœur ne mangent jamais à leur faim, et les malheurs, la difficulté à joindre les deux bouts ont épuisé la patience de la mère : au moindre écart, à la moindre contrariété, elle frappe ses enfants, et son amour en souffre. Ce n’est pas une mère indigne, elle est simplement dépassée par la misère ; en outre, elle est sérieusement malade, ses jours sont comptés. À trente-six ans, elle est usée. Cependant, Jean est trop jeune pour comprendre le désarroi de sa mère, bien qu’il soit sensible à l’injustice de leur condition sociale, car leur pauvreté l’afflige. Un soir, alors que la mère bat sa fille qui n’a pourtant rien à se reprocher, Jean la traite de mauvaise mère. « Moi, une mauvaise mère… moi qui me donne tant de mal pour élever mes enfants… une mauvaise mère. Non, c’est trop dur, j’aime mieux mourir tout de suite. » Le sort la prend au mot : dans la nuit, une hémorragie la tue. Cette première partie, la meilleure du roman, est remarquable. Les images sont fortes, le style a de la gueule, le portrait de la mère, le récit de la misère, tout cela est très juste.
Jean et sa sœur sont recueillis par un oncle tailleur qui habite en Bretagne, à Saint-Nazaire, près du port, où Jean aime flâner. Il entre au chantier naval. Mais son oncle, désireux d’assurer un avenir meilleur à Jean, lui fait suivre des cours de dessin industriel ; au grand dam de l’oncle, Jean choisit de revenir auprès des ouvriers parmi lesquels il se plaît. Commence alors son éducation politique : il lit L’Humanité, milite dans le syndicat, ce qui lui fait perdre son emploi ; il monte à Paris, travaille dans la métallurgie, crée une jeune cellule communiste, participe aux événements de février 34, manifeste contre le fascisme… Deux cent pages de roman de formation qui culminent sur un dernier très beau chapitre, qui offre un contraste saisissant avec les manifestations précédentes. Jean et ses copains de la cellule se trouvent à la plage. C’est le premier dimanche de mai, il fait beau, la vie est belle. Le soleil, l’eau, le paysage brillent comme le signe d’un avenir qui leur appartient et qui sera inévitablement meilleur.
Dans un compte rendu de Tu seras ouvrier qu’il publie dans la revue Europe en juillet 1935, et donc un an avant son voyage avec André Gide et Louis Guilloux en Russie, où il trouvera la mort, Eugène Dabit disait sa joie de lire un roman qui lui rappelait, par son écriture authentique et engagée, le bonheur qu’il avait éprouvé l’année précédente à la lecture d’une autre romancière de la condition ouvrière, Henriette Valet (dont les éditions L’Arbre vengeur viennent de rééditer le très réussi Madame 60 bis). « Dans Tu seras ouvrier, on est heureux de rencontrer autre chose que des soucis esthétiques, et, même, intellectuels ; heureux de sentir que ce livre répond à un vrai besoin ; qu’il est fait de chair, de sang, de peines, encore plus que de paroles et d’images », écrivait l’auteur de L’Hôtel du Nord. Et il terminait sur cette phrase qui lui ressemble : « C’est une œuvre simple, calme, saine, douloureuse souvent, qui témoigne d’une foi sincère dans l’homme et son destin d’homme libre. »
Ces phrases me rappellent ce que le romancier et critique André Thérive disait à propos de Dabit lui-même au lendemain de sa disparition : « Son talent même offrait le plus haut degré de simplicité. […] Le réalisme, puisqu’un tel mot existe, y est exempt de toute ostentation : c’est une simple fidélité au propos, une économie des moyens, la suprême élégance. »
Je ne ferais pas tout à fait le même éloge de Tu seras ouvrier, et Dabit y reconnaissait d’ailleurs certains faiblesses. C’est Paul Nizan qui, dans un compte rendu de l’hebdomadaire Monde, en a le mieux cerné le principal défaut : « Sans doute le livre manque de stylisation nécessaire. Un grand art exige plus de sacrifices : Georgette Gueguen-Dreyfus veut tout dire. Elle arrive donc à une certaine monotonie et ne distribue pas les épisodes de son livre en fonction de l’intensité particulière que certains d’entre eux devraient comporter. » C’est tout à fait juste, mais cette difficulté à resserrer les événements est souvent le propre des premiers romans. Il faut dire aussi que cette volonté de tout dire, c’est le travers qui guette inévitablement le roman d’apprentissage, d’autant plus s’il est déterminé idéologiquement, car la forme même du roman se soumet à ce qu’il cherche à dire. Cela dit, et je le répète, c’est un roman excellent, et même parfois très beau, ce qui n’est pas toujours la même chose.
Gueguen-Dreyfus n’avait pas ces visées littéraires du grand écrivain, celui qui assez tôt porte déjà en lui tout un monde, et la réussite littéraire ne lui importait visiblement pas. Elle avait quelque chose à dire d’immédiat, elle voulait témoigner au présent ; d’ailleurs, l’auteure situe la dernière scène du roman le mois même où elle en achève l’écriture. Cette proximité saisissante du réel et de la fiction dit déjà beaucoup de choses de la posture de la romancière.
Après la guerre, Guegnen-Dreyfus s’installe à Tulle, où elle décède en octobre 1973. Outre Tu seras ouvrier et ses témoignages de la Résistance, elle a laissé une poignée d’ouvrages devenus introuvables ainsi qu’un manuscrit inédit sur la Guerre d’Espagne.
François Ouellet
Mai 2019
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19/03/2024, 12:39
Sébastien Mille, ancien policier élimé au-delà du possible, reprend du service avec sa fille Holly. Dans ce monde de demain, le monde virtuel a plus d’existence que celui bien tangible. Pourtant, fleurissent sur les murs des graffitis porteurs de troublants messages, émanant d’un groupe : les Obscuranets. Des activistes qui perturberaient l’ordre établi, d’après le gouvernement…
19/03/2024, 12:28
Avec l’inflation qui a touché très fortement la plupart des ménages, il devient important de rationnaliser ses dépenses. Et quoi de mieux que de ne pas dépenser ? En matière d’entretien automobile, il peut être malin de procéder soi-même aux opérations les plus simples.
19/03/2024, 10:27
La biographie de Doug Peacock n’est pas très importante sur le net. En dehors de sa naissance dans le Montana et de son passage dans les Bérets verts au Viet Nam puis son retour chaotique, marqué par ces années de guerre atroce, ce n’est que dans ses livres que peut être entrevu ce qu’il veut bien raconter de sa vie. Cet Itinéraire d’un éco-guerrier vient donc à point pour compléter, par quelques nouveaux épisodes, ce qu’il a déjà dévoilé dans le merveilleux Mes années Grizzly ou dans son superbe Marcher vers l’Horizon.
19/03/2024, 09:57
BONNES FEUILLES - En 1942, dans le cadre mystique de Brocéliande, Jos, âgé de 13 ans, et quatre de ses amis survivent au massacre de leur village par les Nazis et décident de vivre en autarcie, rejetant un monde adulte perçu comme cruel et amorale.
18/03/2024, 18:20
BONNES FEUILLES - Découverte après avoir été oubliée pendant six décennies dans les archives familiales de Marcel Pagnol, la comédie satirique inédite Gaby refait surface grâce aux efforts de Nicolas Pagnol, qui préparait les archives pour un futur musée.
18/03/2024, 18:16
BONNES FEUILLES - Dans un moment de semi-veille devant un documentaire sur les pittoresques villages corses, Margaux est prise d'un vertige émotionnel lorsqu'elle croit apercevoir sa mère dans un tableau exposé, une femme qu'elle n'a pas vue depuis quinze longues années, depuis sa disparition soudaine qui a laissé un vide dans la vie de son père, de sa sœur et d'elle-même.
18/03/2024, 18:11
Édith Piaf revient beaucoup dans l’actualité, ces derniers temps. Emmanuel Macron souhaiterait en effet voir la chanteuse d’origine malienne Aya Nakamura interpréter un morceau de la Môme pour l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, cet été, ce qui soulève une énorme polémique. Beaucoup reprochent à cette dernière d’être vulgaire, de ne pas incarner l’esprit français… L'occasion, peut-être, de se pencher à nouveau sur cette figure de la chanson française. Texte par Étienne Ruhaud.
18/03/2024, 12:17
BONNES FEUILLES — Dans un New York post-apocalyptique, le désordre domine et un brouillard mystérieux donne naissance à des entités effroyables. Les adultes sont manipulés par une force monstrueuse, obligeant les enfants à se regrouper pour leur survie. Quelles circonstances ont mené à cette situation chaotique ? Quelle est la nature de ces êtres terrifiants ? Quels sont leurs objectifs ? Est-il possible de triompher de ces horreurs ?
17/03/2024, 10:00
BONNES FEUILLES — Lorsqu'un orphelin de 13 ans se lance dans une quête pour retrouver ses parents et atterrit accidentellement en pleine préhistoire, il est confronté à la nécessité d'innover en créant le feu, le savon, les voyelles, tout en essayant de survivre au milieu de créatures terrifiantes et d'individus peu raffinés...
17/03/2024, 09:30
BONNES FEUILLES — Cette adaptation émouvante du best-seller semi-autobiographique de Gaël Faye, lauréat du prix Goncourt des lycéens en 2016, est l'œuvre de Marzena Sowa et Sylvain Savoia. Sélectionnés personnellement par Gaël Faye parmi de nombreux candidats pour leur projet, ils apportent à l'histoire une dimension visuelle aussi belle que bouleversante.
16/03/2024, 10:08
BONNES FEUILLES — Mélie et Kréa continuent leur aventure, franchissant les portails vers des univers nécessitant leur aide, qu'ils parviennent à sauver grâce aux créatures fantastiques créées par le Monster Maker Club et animées par la jeune fille.
16/03/2024, 09:30
BONNES FEUILLES - Située dans le décor vibrant de la New York de 1913, l'histoire débute avec Laura Lyons, dont la vie semble comblée auprès de son mari, surintendant de la bibliothèque publique de New York, et leurs deux enfants.
16/03/2024, 08:30
10e semaine de l'année, et c'est un duel au sommet qui se joue entre Guillaume Musso et Joël Dicker, avec un net avantage pour le premier. L'auteur d'Antibes pique la tête du classement à celui de Genève, il vend 69.860 de son nouveau roman, Quelqu'un d'autre. Le Suisse doit se contenter de la 2e place, avec 47.237 ventes pour Un animal sauvage.
15/03/2024, 13:02
BONNES FEUILLES — En 1779, le capitaine James Cook de la Grande-Bretagne trouve la mort sur une plage d'Hawaï. Deux siècles plus tard, les astronautes d'Apollo 11 sont envoyés par la NASA à la conquête de la Lune. À la fin du 20e siècle, les astronomes découvrent avec étonnement que l'univers est en grande partie composé d'énergie noire, un phénomène mystérieux.
15/03/2024, 07:32
BONNES FEUILLES — Les histoires des transfuges de classe ont connu un grand succès ces dernières années, dans divers domaines tels que la littérature, la sociologie, la politique et les médias, et sur différents supports : livres, journaux et réseaux sociaux. Mais que cachent-elles réellement ?
14/03/2024, 06:30
Bien que publié aux Etats-Unis à la fin des années 60, Le Parrain de Mario Puzo a connu un destin incroyable. Avec l’adaptation en trilogie par Francis Ford Coppola au début des années 70 ce récit est devenu une saga internationalement célébrée.
13/03/2024, 16:54
Plaquant son job d'attachée parlementaire, Alice se réfugie loin de l'agitation, dans le Pays basque : direction Saint-Just. Ici, sa famille à conservé une maison, dans la ville natale de sa tante Diane disparue 20 ans plus tôt. Le mystère est depuis resté complet. Au contact des habitants, passant au crible les archives, elle découvre l'existence d'une jeune fille nommée Rose, abritée en secret par sa tante.
13/03/2024, 16:18
Rivière-Brûlée. Petite municipalité bucolique du Québec. Tout débute pourtant sous les meilleurs auspices ce vendredi de la fin août, lorsque trois adolescents, Judith, Abigail et Alexandre, décollent pour leurs journées au grand air. Le projet ? Camper en forêt.
13/03/2024, 15:15
Dans le petit village fictif de Tordinona en Italie, la population est coincée par une violente tempête de neige. Les gendarmes Marcus et Nadia, s’apprêtaient à quitter les lieux, mais sont stoppés net. Le garde champêtre Orazio a découvert le corps de Caroline Gay, 17 ans… morte. Morte ?
13/03/2024, 12:53
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