Roman : Emergency 911, de Ryan David Jahn
Le 01/04/2013 à 12:08 par k-libre Julien Vedrenne
Publié le :
01/04/2013 à 12:08
Chaque semaine k-libre et ActuaLitté vous proposent par le biais d'une sombre collaboration une revue de presse croisée, qui filtre l'actualité des littératures policières et du monde qui les entoure. Vous aurez d'un côté des chroniques littéraires d'ouvrages très récents, et de l'autre des informations concernant cet étrange monde. Comment il vit, de quoi il est fait, et comment parfois il meurt. Le tout formant une ActuaLitté policière bien k-librée !
Emergency 911 est un roman qui monte en puissance à chaque page. Les sentiments évoluent petit à petit pour passer des regrets et de la peine à l'envie de vengeance et à la violence. Face à l'urgence de la situation, les êtres humains deviennent monstrueux, pires que des bêtes. Ils se transforment en machine à tuer, soit pour essayer de s'en sortir, soit pour venir en aide. L'intensité monte, les actions deviennent effrayantes en raison de la banalité dans laquelle elles sont commises. Ryan David Jahn a mis en place des chapitres où l'action revient en arrière pour lui donner un autre éclairage, une seconde vision des événements comme pour mieux renforcer encore la force de son récit. Il intensifie ainsi la gravité de l'action et son côté irrémédiable comme une fuite en avant vers le point de non-retour.
Roman : Le Dernier roi de Brighton, de Peter Guttridge
Deuxième volet de la "Trilogie de Brighton", ce roman de Peter Guttridge amorce un tournant dans l'histoire des gangsters à l'anglaise avec l'apparition des mafias des ex-pays de l'Est. Le ton en est d'ailleurs donné dès les premières pages avec une scène d'empalement horrifique d'un comptable de gang synonyme de l'arrivée de nouveaux barbares héritiers de Vlad Tepes - le fameux Dracula -, menés par un certain Radislav, et qui ont sombré dans la violence qui les a déshumanisés lors des conflits des Balkans. Mais passée cette introduction, le romancier revient à tout ce qui a fait la légende de ces gangsters au code de l'honneur sanglant et froid, et pourtant romantique. Le roman est ponctué d'anecdotes sur les deux hauts faits divers de la région à savoir l'affaire du train des convoyeurs de fonds dévalisé dans les années 1960, et le mystère du meurtre des malles dans les années 1960. Autant d'événements qui nous fascinent encore aujourd'hui, encore plus depuis la mort récente de Bruce Reynolds, cerveau du braquage.
Roman : Froid mortel, de Johan Theorin
L'hôpital psychiatrique fait partie des endroits qui bien souvent font peur à un certain nombre de personnes. Cette appréhension est liée sans aucun doute au lien systématique qui est fait avec la folie. Il est difficile de savoir exactement quels sont les problèmes des patients et de mettre un nom sur les pathologies dont ils souffrent. Cela peut ramener également à sa propre crainte de sombrer dans les affres d'une de ces maladies psychiques au nom barbare. La facilité est de tomber dans la raillerie, les moqueries sont nombreuses pour qualifier de façons méchantes et gratuites les troubles du comportement. Pourtant, la curiosité demeure avec l'envie malsaine de savoir ce qu'il se passe réellement derrière les portes fermées à clé. L'hôpital de Sainte Barbe n'échappe pas à la règle. Il n'a pas fallu chercher bien longtemps aux habitants du coin pour rebaptiser le lieu du nom ironique de Sainte Barge.
Roman : Suite rouge, de François Boulay
Le roman se situe dans un futur proche alors qu'une guerre civile a fait des ravages en France. Cette guerre a laissé bien plus que des traces importantes, car des gangs et des tueurs en série ont proliféré et agi avec rapidité et avidité le temps que le calme et l'ordre reviennent. Mais Suite rouge, c'est avant tout un roman policier avec pour principal protagoniste José Salmon, ancien membre de gang, retiré des voitures après avoir éliminé son patron. José s'est marié, a eu deux enfants, et a repris un boulot honnête. Depuis la mort de sa femme, il vit une liaison avec Maria, une femme brillante. Mais, peu à peu, des événements étranges troublent sa tranquillité. Alors vient l'heure de se poser LA question : son ancien patron est-il réellement mort ?
Roman : Contre X, de Patrice Dard
Autant le reconnaître, le pitch du nouveau San-Antonio nous faisait peur avant même d'avoir défloré le book : suite à l'assassinat de différents membres de l'équipe d'un film X, San-A et Bérurier mènent l'enquête selon une méthode bien établie : l'infiltration. L'Ignoble rejoint donc le tournage en tant que hardeur pour enquêter incognito.
Pourquoi donc cette crainte post lecture ? Immerger Bérurier dans des milieux propices au décalage comique est une ficelle vieille comme Hérode, dûment exploitée par Dard, père et fils, avec quelques titres d'anthologie. Quand une recette est bonne, pourquoi en changer ? D'autant que Berthe Bérurier est amenée à suppléer à son tour une actrice défunte. Donc banco de principe.
Roman jeunesse : Bob le raté, de Guillaume Guéraud
Il s'appelle Bob McQueen, mais on le surnomme Bob le Raté. Il vient tout juste de sortir de prison et n'a en poche que des cartes truquées, plusieurs double-six pour tricher aux dominos et des allumettes. Et voilà qu'il débarque au fin fond d'un rade malfamé où il apprend que se fomente le plus grand concours des braqueurs en tous genres pour remporter la Palme des voleurs. Personne ne veut de lui comme associé alors, comme il n'est pas du genre à jeter l'éponge, Bob, il va participer en solo et, bien entendu, rafler la mise. Les éditions Sarbacane rivalisent d'ingéniosité ludique, et avec cette nouvelle collection "Série B", elles rendent un brillant hommage à tout ce qui a fait le succès à la fois des pulps et des comics.
BD : Au vent mauvais, de Thierry Murat & Rascal
Sept ans d'incarcération, c'est long et ça vous apprend que quelle que soit la surface d'un appartement, l'enfermement entre quatre murs est le même. Abel Mérian n'est peut-être pas un philosophe mais c'est un esthète dans l'âme. Et une âme, il en faut quand après s'être rendu sur les lieux d'une usine désaffectée où l'on a enterré le butin d'un braquage, on se rend compte que le bâtiment a été rénové en musée d'art moderne et contemporain, et que le magot gît sous une chape de béton. Perdu dans ses pensées et dans une toile de Magritte, il entend les "Variations Goldberg" pour mieux se rendre compte qu'un portable s'est perdu sous son banc. Au bout du fil, sa propriétaire, une belle Italienne aux "beaux yeux noirs et au doux prénom de fleur à épines", qui vient de se séparer de son ami, et qui est sur le point d'embarquer pour son pays natal à bord d'un avion d'Air Italia. Elle lui donne son adresse afin qu'il lui retourne le téléphone, mais Abel Mérian est un impulsif. Il s'approprie le téléphone portable, prend sur lui le mauvais soin de répondre aux SMS des amies inquiètes de l'Italienne, mais aussi à l'amant éconduit. Surtout, il vole une berline allemande et s'en va trouver sa belle dont il est tombé amoureux.
Essai : Vol au-dessus d'un nid de ripoux, de Frédéric Ploquin
Habitué des recueils thématiques (Parrains et Caïds, ils se sont fait la belle en Livre de Poche), le journaliste d'investigation du magazine Marianne s'intéresse cette fois à une affaire qui est au cœur de l'actualité : celle d'une Brigade anti-criminalité Marseillaise, dont certains membres sont soupçonnés de corruption, trafic de drogue et complicité d'assassinat. Voilà un travail de lecture rapide, dont le titre aurait pu être : Quand les policiers se transforment en voyous. Perquisitions secrètes, micmac marseillais, huit-clos entre hommes de pouvoir ou collègues véreux : les trois cent soixante pages de l'essai de Frédéric Ploquin s'enfilent aussi vite qu'un gilet pare-balles avant une intervention en cité. L'auteur a choisi de raconter son enquête, qui s'étend d'août 2011 à décembre 2012, de façon chronologique, sous forme de mini-chapitres.
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