Alors qu’il rêve au bord de la mer, un jeune garçon est abordé par un homme étrange qui lui parle de ce don (ou cette calamité) qui s’est abattu sur lui à partir du moment où il fut avéré que ses actes défiaient les lois des probabilités, déformant en quelque sorte la réalité autour de lui. Temps gelé de Thierry Acot-Mirande couvre un large spectre.
Né en 1881, Gabriel Robinson paraît encore un tout jeune homme de moins de trente ans alors qu’il en a plus de soixante au début des années 1940 et qu’il erre dans le passé et le présent et croise ici ou là des êtres qui auraient dû être vivants et qui sont, en réalité, figés dans une immobilité permanente et définitive, invisibles aux yeux des gens normaux, seulement perceptibles par Gabriel, immunisé aux actes des « geleurs ».
Au cœur de New York, un homme pénètre dans le hall gigantesque du Usher Building où, peu habitué du lieu, il est étonné de l’accueil du réceptionniste qui connaît tout de lui ainsi que de son rendez-vous avec Bernard Wolf. Dans une étrange ambiance de bar aux allures d’ancien club anglais, l’architecte-concepteur de l’immeuble l’accompagne vers Wolf en lui indiquant qu’il n’est pas en retard puisque Véra Orloff est encore attendue. Une femme intrigante.
Dans les faubourgs d’une ville, peut-être d’Amérique du Sud, un jeune garçon observe une sorte de cow-boy qui, du haut de son cheval, attrape au lasso un bouvillon qu’un autre personnage abat férocement d’un coup de masse avant de le précipiter dans un wagonnet terminant sa course entre les mains expertes d’autres hommes encore qui entreprennent de l’écorcher et le dépecer.
Onze nouvelles ou novelas, se succèdent dans ce recueil de Thierry Acot-Mirande comme autant de tranches de vies plus disparates les unes que les autres, mais répondant sans doute possible au qualificatif de « mystérieuse publication » annoncée par l’éditeur.
J’ai, en tous cas, appris qu’une novela était « une fiction en prose, plus longue qu’une nouvelle, mais moins longue qu’un roman », chose que j’avoue avoir jusque là totalement ignoré. Quand je considère prosaïquement que certaines nouvelles atteignent vingt-huit pages alors qu’une des novelas n’en fait que trente, je ne suis pas sûr de l’intérêt majeur de cette distinction stylistique…
D’autant que cette distinction n’est pas non plus un élément flagrant de différenciation de ces textes globalement courts et dont la caractéristique constante est, en revanche, parfaitement résumée par le qualificatif de « mystérieux ».
Et « mystérieux », ils le sont à tous points de vue tant leurs différences d’objet les séparent alors que l’ambiance de leur narration converge vers un inconnu, un inexpliqué qui peut d’ailleurs amener le lecteur à se poser la question de savoir où l’auteur a bien voulu l’emmener.
À la limite entre la fiction, le surnaturel, parfois l’horreur, souvent l’aberration ou la bizarrerie, ces textes gardent un caractère, à mon goût, trop obscur, trop incomplet, trop définitivement inachevé que, bien qu’aimant fermer un livre pour continuer à rêver sa suite, je trouve que, là, l’auteur ne nous en dit pas assez pour que j’arrive seulement à m’engager dans cette rêverie.
Reconnaissons que c’est, pour autant, bien écrit, mais ce vide qui s’ouvre sous mes yeux à chacune des dernières pages ne m’a absolument pas convaincu.
Mais je suis prêt à revoir mon jugement si quelqu’un peut me donner une clé de lecture.
Thierry Acot-Mirande – Temps gelé – Monsieur Toussaint Louverture – 9782952208192 – 18 €
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Pour approfondir
Editeur : Monsieur Toussaint Louverture
Genre :
Total pages : 272
Traducteur :
ISBN : 9782952208192
Temps gelé ; nouvelles & novellas
de Thierry Acot-Mirande