Depuis maintenant quelques semaines, on s'impatiente : le 1er juillet, la ministre de la Culture a imposé ses procédures pour la nomination d'un nouveau président au Centre national du livre. Dans un communiqué, Aurélie FIlippetti faisait savoir que les nominations, c'était fini, on passait à l'ère du recrutement, au travers d'un appel à candidatures.
Le 25/09/2013 à 11:40 par Nicolas Gary
Publié le :
25/09/2013 à 11:40
Conférence au Salon du livre, sur le stand du CNL
Il fallait faire parvenir sa lettre de motivation et son CV avant le 12 juillet pour espérer figurer sur la liste des élus potentiels, mais comme on le dit chez Michael Page, le cabinet de recrutement des cadres : « Recrutement estival, garde le moral. » Et pour cause : ce 25 septembre, le conseil des ministres n'a toujours pas ébauché un début de morceau de décret pour faire avancer la question.
Il est vrai que le Projet de loi de Finances 2014 revêt un caractère un chouia plus important, au niveau national que la nomination d'un président, ou d'une présidente d'un établissement public sous tutelle de la rue de Valois. Mais voilà : Xavier Bredin assure l'intérim du CNL, après que, dans un décret du 12 juillet, le président de la République a pris acte du départ de Jean-François Colosimo, ancien président.
Un intérim, certes, pour lesquelles les fonctions de président du CNL sont confiées à Xavier Bredin, actuel secrétaire général du Centre. Mais ici et là, « on commence à trouver le temps long ». C'est qu'en attendant la nomination d'un nouveau président, le Centre est littéralement bloqué : « On l'appelait avant ‘La belle endormie', eh bien elle vient de repiquer un roupillon », nous avoue-t-on. D'autant plus qu'en cuisine interne, il semble bien que la ministre ait eu en première idée de faire en sorte que le recrutement aboutisse sur une femme. L'idée était intéressante, mais sanctionnait forcément les candidats masculins. Et alors que tout le monde pensait la décision prise, finalement, en début de semaine, retour à la case départ.
Paralysée, l'institution, et pour cause : tant qu'un nouveau président n'est pas recruté, seules les affaires courantes peuvent avoir lieu. Pas de nouvelles dépenses, pas de nouveaux projets. Et impossible pour le ministère d'intervenir, en vertu des lois qui régissent la fonction publique. C'est que la République est bien faite.
En tant qu'établissement public à caractère administratif, le CNL est soumis à trois principes : d'abord sa spécialité - en l'occurrence le monde du livre. Ensuite, le rattachement à un niveau de l'administration, qui n'influe en rien sur son niveau d'action à l'échelle nationale. Mais ce qui prime, c'est l'autonomie, tant administrative que financière. Le président de l'établissement est l'ordonnateur des dépenses, et à ce titre, la ministre ne peut pas du tout intervenir.
Budget 2014, réforme, aide aux libraires : "Tout est gelé"
C'est aussi la raison pour laquelle il fallait impérativement un président intérimaire : le CNL était quasiment immobilisé, ne serait-ce que pour assurer les dépenses courantes, les salaires, etc., en l'absence de président. « Un président intérimaire ne pourrait pas assurer autre chose que des dépenses courantes, sauf à se placer dans une perspective politique », analyse un proche du dossier : « Il en était de même quand Nicolas Georges a assuré l'intérim après la démission de Benoît Yvert [NdR : en mai 2009, un peu poussé au départ] ».
Toutefois, l'intérim n'est pas une présidence de plein droit : pour exemple, le budget 2014 nécessite une décision prise par un président en plein exercice. Quand on sait à quel point le CNL se retrouve dans l'ensemble des secteurs de l'édition (y compris chez ActuaLitté, puisque nous avons bénéficié d'une subvention), le budget 2014 devient un peu urgent.
Prenons un autre exemple : les deux millions d'euros promis par la ministre pour les librairies indépendantes, lorsqu'elle était à Bordeaux, ne peuvent pas être débloqués tant que l'on n'a pas un nouveau président. Il s'agissait d'une augmentation de 2 millions € dans le budget annuel du centre national du livre, pour « la modernisation du secteur », expliquait la ministre.
« Personne ne peut avancer sur ce dossier...tout est bloqué », entend-on. Or, il en est de même pour la réforme, dont l'urgence était impérieuse pour la rentrée de 2014. « Le timing est extrêmement tendu : tout est gelé sans président pour le Centre, et en l'état rien ne se fera avant mi-2014, voire début 2015 », nous explique-t-on.
Il faudra aligner les réunions avec le cabinet, réunir le conseil d'administration - et par la même occasion, renouveler ledit CA, qui aujourd'hui est toujours en attente. « Peut-être que l'urgence et le calendrier que la ministre avait imposé durant l'ancienne présidence seront revus avec le prochain recrutement », commente-t-on. Il est vrai que les relations n'étaient pas nécessairement au beau fixe entre le ministère de tutelle et l'ancien président.
D'ailleurs, on murmure que le départ de Jean-François Colosimo, juste avant la période des vacances, mettant quelques vilains grains de sable dans la machinerie du Centre, pourrait n'être pas le fruit du hasard.
Le conseil des ministres de ce jour changera peut-être la situation, avec la nomination d'un nouveau président, par décret du président de la République, sur les recommandations du ministère de la Culture. Réponse dans la journée.
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