Un symposium sur la traduction de la littérature chinoise a mis à jour les différents problèmes rencontrés par les auteurs chinois pour faire connaître leurs oeuvres dans le monde. Une trentaine de spécialistes de la Chine, de traducteurs et d'écrivains (de 13 pays) étaient présents.
Le 01/09/2010 à 12:57 par Clément Solym
Publié le :
01/09/2010 à 12:57
Pour planter le décor, le directeur du Bureau de Promotion et de Planification de China Book International, Wu Wei affirme que sur les 348 oeuvres étrangères publiées aux États-Unis l'année dernière seulement 7 étaient chinoises. Un problème qui ne vient pas du nombre d'oeuvres publiées en Chine puisqu'il y en a plus de 15 000 chaque année.
Question de marketing
Une traductrice britannique et professeure d'histoire de Chine à l'université de Londres, Julia Lovell explique que cette faible représentation des oeuvres chinoises tient du fait des politiques d'édition et d'enseignement des pays anglophones.
Selon elle, si les écrivains japonais par exemple sont plus connus que les écrivains chinois c'est parce qu'ils ont pu bénéficier de politiques marketing ciblées mettant en avant des oeuvres contemporaines choisies dans de belles éditions le tout sous fond d'alliance américano-japonaise.
Pour la Chine, ça a été tout le contraire, on a surtout présenté des oeuvres politiquement correctes c'est-à-dire des « classiques rouges » dans des éditions simples. Cela a donné une mauvaise image de la littérature chinoise «lourdement propagandiste ».
À ce propos, on pourra aussi noter que le pays ne fait rien pour que sa littérature se développe à l'étranger. On se souviendra, de la Foire de Francfort 2009, où la Chine invitée d'honneur avait soigneusement choisi les auteurs autorisés à venir pour éviter tout débat. Plus tard, en mars 2010, le gouvernement avait empêché un auteur, Liao Yiwu, de se rendre à la Foire de Cologne.
Les oeuvres chinoises populaires dans le monde
Parmi les oeuvres chinoises traduites, celles qui ont le plus de succès en France on retrouve celles qui permettent « de se plonger dans la vie des Chinois ordinaires, leurs tâches quotidiennes et leurs difficultés », selon la traductrice Isabelle Rabut, également professeur à Bordeaux 3.
Alexei Rodionov, professeur à l'université de Saint-Petersbourg et traducteur, indique que ce sont les oeuvres de Wang Meng et Feng Jicai qui sont les plus populaires en Russie. Les écrits du premier rappellent ceux des anciens intellectuels russes, ceux du second sont prisés pour leur côté historique.
Cela dit leur popularité est aussi due à leur participation de nombreux échanges culturels sino-russes. Et pour appuyer son propos, il indique : « Il y a seulement dix ans, la connaissance qu'avaient les lecteurs russes de la littérature japonaise était aussi floue que celle de la littérature chinoise. Mais les choses ont changé radicalement après plusieurs années de promotion ciblée ».
De l'importance du cinéma pour la littérature
La traductrice italienne, Lisa Carducci, voit dans le cinéma et les séries TV un bon moyen pour populariser les oeuvres chinoises dans le monde. Une formule qui a déjà fonctionné avec les films de Zhang Yimou qui ont fait connaître les livres de Mo Yan (Sorgho Rouge), Yu Hua (Vivre !) ou encore Su Tong (Épouses et Concubines). Et il faut bien avouer que le cinéma chinois est bien plus populaire que la littérature.
Ainsi, pour que la littérature chinoise puisse commencer à rayonner dans le monde, il faudrait que les éditeurs se penchent sur des oeuvres modernes éloignées de toute forme de propagande et fassent des efforts au niveau marketing (belles éditions, communication efficace...). Mais aussi que le cinéma vienne soutenir sa soeur de papier, la littérature.
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