De la France à l’Allemagne, un point commun pour le marché du livre : le prix unique du livre. Autrement dit, un prix de vente fixé par l’éditeur, et identique pour tous les revendeurs de livres, qu’il soit libraire physique ou sur internet. Pour conforter cette notion, l’association des éditeurs et libraires allemande, le Boersenverein, publie deux enquêtes.
Commandées en 2018, ces études visaient à évaluer l’impact et la légitimité du système de prix fixe sur le territoire. Et ce, avec des données les plus actualisées possible. L’instauration de la loi établissant cette fixation des prix remonte à 2002 en Allemagne — avec la possibilité sous 18 mois de faire annuler par l’éditeur ce tarif unique. Les remises sont autorisées en cas d’exemplaire défectueux ou de tarif de gros.
À ce jour, on compte 13 pays en Europe ayant établi une législation similaire – et d’autres à travers le monde.
Fier de ses résultats, le Boersenverein a accompagné sa conférence de presse de matériel de communication, avec ce hashtag, #dankbuchpreisbindung — Remercions le prix fixe du livre. Une signalétique qui permet également de matraquer le message, à l’image de l’opération de communication pilotée par le Syndicat de la librairie française fin juin.
En outre, elle ajoute quelques éléments de langage type « Avec nous [libraires] vous obtenez des conseils pertinents et un sourire gratuit. » Plaisant. Mais cela indique surtout que le public est encore loin de ces considérations, ignorant que ce prix unique se retrouve dans tous les commerces du livre : l’idée qu’acheter en ligne coûte moins cher a la peau dure.


Qualité et diversité : lesquelles ?
Qu’on se rassure, d’après le Boersenverein, il n’en est rien. Difficile d’affirmer cependant, comme le jure le directeur de l’organisation, Alexander Skipis, que ce système soit « un gage de qualité ». En revanche, la garantie d’une diversité éditoriale qu’il apporte aujourd’hui ne semble plus contestée — que penser cependant du marché américain, sans prix unique ? Il serait moins diversifié ?
« L’étude a également démontré qu’un certain nombre de livres et d’auteurs extrêmement intéressants n’auraient jamais été découverts sans les librairies », poursuit Annerose Beurich, libraire à Hambourg, et membre du Boersenverein.
Car la réelle diversité est probablement à rechercher de ce côté : Georg Götz, professeur d’économie à l’université Justus Liebieg de Giessen, et coauteur de l’étude le souligne. Ce système de fixation du prix a aidé à maintenir un réseau de librairies indépendantes large dans le pays. « Au Royaume-Uni, Amazon détient à lui seul une part de marché d’environ 40 à 45 %, alors que les petites librairies n’en ont que 5 à 10 %. »
En Allemagne, le commerce en ligne ne représente que 20 % contre 30 % pour celui de la librairie, et 20 % pour les chaînes. Conséquence : le commerce physique augmente la demande de livres, et réciproquement, la fermeture de librairies provoque une baisse des ventes. Ce sont 6100 ouvrages de moins vendus annuellement, quand une librairie allemande ferme, poursuit l’enseignant.
Et d’ajouter : « Près de 3,5 millions de livres de moins ont été vendus en raison de ces fermetures dans tout le pays entre 2014 et 2017, ce qui correspond à environ 56 % de la baisse totale des ventes. »
Mais toujours sur des points économiques, le prix unique maintiendrait un tarif moyen plus bas. En effet, suite à l’abolition du prix unique au Royaume-Uni, le prix a augmenté de 80 % entre 1996 et 2018 — contre 24 % en France et 29 % en Allemagne. « Seuls les best-sellers sont moins chers au Royaume-Uni qu’en Allemagne », continue-t-il.
On peut retrouver les conclusions (en allemand) à cette adresse, articulée autour de cinq axes :
Le système aide à maintenir un vaste réseau de librairies
Ce commerce augmente la demande de livres
Les livres sont vendus moins cher en moyenne
Le prix unique favorise la vente d’autres titres que les best-sellers
Le commerce du livre favorise la découverte d’auteurs
via Publishing Perspectives
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