Ce samedi 17 mars est née l'Association des correcteurs de langue française, destinée à rassembler et fédérer la profession et ses représentants, qu'ils travaillent dans le domaine de l'édition, de la presse, de la communication ou de l'audiovisuel, sous le statut de salarié ou en indépendant. « C'est la correction que nous voulons défendre, la qualité de l'écrit et de nos conditions de vie », nous précise Solène Bouton, la présidente de l'association.
Le 20/03/2018 à 12:58 par Antoine Oury
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20/03/2018 à 12:58
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La première assemblée générale de l'Association des correcteurs de langue française a pris place samedi dernier, en marge du salon du livre de Paris. « La création de l'association part des négociations en cours par rapport aux conditions de travail des correcteurs travailleurs à domicile en négociation avec le Syndicat national de l'édition », nous explique Solène Bouton, présidente de l'association. « On renvoie dos à dos les correcteurs salariés et les correcteurs microentrepreneurs, alors que c'est la correction qui est mise à mal et qui constitue une étape malmenée dans l'édition. »
Face à une technique de base en matière de casse sociale — l'opposition des avantages d'un statut à la liberté de l'indépendance —, l'association se pose comme un fédérateur pour le métier de correcteur dans son ensemble. « L'association vise à donner une visibilité au métier et à ceux qui le pratiquent, quelles que soient leurs conditions, mais aussi à fédérer tous les correcteurs pour qu'ils puissent se rencontrer et se connaître, ce qui n'est pas négligeable étant donné l'isolement dans lequel on se retrouve parfois. »
Ainsi, tous les correcteurs sont accueillis par l'association, qu'ils travaillent dans l'édition, la communication, la presse, l'audiovisuel ou pour plusieurs de ces secteurs, comme cela arrive souvent. « Nous sommes tous attachés à une certaine qualité de l'écrit, et c'est la correction que nous voulons défendre, en même temps que nos conditions de vie », précise la présidente de l'association, correctrice depuis plus de 10 ans, mais aussi secrétaire d'édition et rédactrice.
Contrairement aux syndicats de correcteurs, l'association n'aura pas pour vocation de participer aux négociations, « mais nous pouvons par exemple aider un microentrepreneur à rappeler que tel tarif n'est pas acceptable ». Parmi les premiers chantiers de l'association, la rédaction d'une charte des bonnes pratiques du métier, sur le modèle de la charte des auteurs jeunesse. Un référentiel, sans caractère contraignant, mais qui pourra servir à la fois aux correcteurs et à ceux qui souhaitent faire appel à leurs services. « L'idée est de tirer vers le haut, pour assurer des conditions de travail décentes à tous, à la fois pour les salariés et pour les microentrepreneurs. »
Les correcteurs réunis lors de l'assemblée générale de l'Association des correcteurs de langue française
L'association pourra aussi accompagner les jeunes correcteurs à leur entrée dans le métier, « en fournissant un certain encadrement », et les correcteurs plus chevronnés en mettant en place des opérations de « formation continue ». « L'idée serait d'avoir des rencontres, pour faire vivre le métier : les traducteurs le font avec les assises de la traduction, et une telle initiative serait aussi bénéfique pour les correcteurs », souligne Solène Bouton.
Enfin, l'association se donne une mission de visibilité, avec l'ouverture prochaine d'un site internet adressé aux correcteurs, aux acteurs de la chaîne du livre et au grand public, pour faire connaître le métier. Des points concrets seront évoqués, comme « l'intervention d'un correcteur au sein d'une petite maison d'édition, par exemple ».
La première assemblée générale de l'Association des correcteurs de langue française a rassemblé une vingtaine de personnes, avec moitié d'indépendants et de salariés, « ce qui prouve qu'il n'y a pas d'opposition malgré le contexte de mise en concurrence de la profession ». Les adhésions seront possibles très bientôt, une fois les bulletins mis au point...
30 Commentaires
Pouchet
20/03/2018 à 14:53
Bonjour
Je suis intéressée par votre publication et aimerais pouvoir suivre ses informations. J’aimerais devenir correctrice. Je suis professeur certifié de Lettres Modernes et je pratique déjà la correction de manuscrits à titre gracieux pour ma famille ou mes amis. Vous remerciant, B.P
COESY Jocelyn dit "COLYN"
20/03/2018 à 22:04
Bonjour,
Je ne suis pas un correcteur déclaré, mais je suis écrivain et poète avec à mon actif 4 publications,et depuis peu, je corrige pour certains auteurs en vue de leur publication. Puis-je donc adhérer à votre association ? Si oui, veuilez bien me transmettre les imprimés nécessaires.
Avec mes remerciements anticipés, cordialement.
J. COESY
Michèle DUCHENY
21/03/2018 à 08:14
Bonjour,
Correctrice "bénévole" pour les éditions Lansman en Belgique, et pour les amis de Giono à Manosque, je suis évidemment très sensible à votre cause et souhaiterais adhérer à votre association, si c'est envisageable.
Bien cordialement.
Michèle Ducheny
Mathias Lair
21/03/2018 à 09:05
Mais il existe déjà un syndicat des correcteurs ! Vieux de plus d'un siècle. Avait-il disparu, ou s'agit-il de diviser pour moins régner ?
I.T.
21/03/2018 à 11:56
Le Syndicat des correcteurs ne s'occupe que des salariés. Donc c'est lui qui divise, de facto.
L. D.
21/03/2018 à 10:57
J'espère que l'adhésion sera réservée aux "vrais" correcteurs, et non à tous ceux (écrivains, profs de français, étudiants en lettres...) qui s'improvisent correcteurs sans jamais avoir suivi de formation, et qui tirent le métier vers le bas, sinon cette association risque d'être contre-productive...
I.T.
21/03/2018 à 11:32
L'idée de cette association est intéressante, mais son cadre mérite d'être explicité.
Parlera-t-on de tarifs ? du problème des correcteurs improvisés qui ne sont parfois pas au niveau requis et pratiquent des prix ridicules ? d'aide sous forme de questions/réponses sur des points d'orthographe, se syntaxe... ? de sujets plus globaux (parfois politiques) sur la façon de contrer la baisse du niveau, notamment dans la presse en ligne ?
Il y a de quoi faire !
Sandrine Scardigli
21/03/2018 à 14:57
En réponse à certains commentaires :
La correction est un métier qui ne s'improvise pas. Il est nécessaire d'être formé, et pas seulement de maîtriser l'orthographe ou la grammaire. Cela consiste aussi (et ce qui suit n'est pas une liste exhaustive) à utiliser la typographie dans les règles de l'art, à savoir pratiquer la vérification des faits, à s'assurer de la cohérence de l'intrigue, à traquer barbarismes et pléonasmes... Bref, c'est une activité professionnelle à part entière.
Le syndicat historique mène une action vitale pour la protection des personnes qui pratiquent la correction tout en étant salariées. Toutefois, la correction est effectivement souvent externalisée (voire assurée par des stagiaires...). Il est donc nécessaire d'avoir une structure qui rassemble les correctrices & correcteurs, quel que soit leur statut.
Enfin, la correction est un travail qui mérite salaire. Comme la création.
Guillaume Goutte
21/03/2018 à 22:57
Bonjour,
Il est faux de dire que la CGT ne syndique pas les auto-entrepreneurs. Certains ont adhéré depuis des années au Syndicat des correcteurs (aujourd'hui devenu une section du Syndicat général du Livre et de la communication écrite CGT). Seulement, et nous ne le cachons pas, nous syndiquons surtout les auto-entrepreneurs "contraints", c'est-à-dire ceux qui, dans l'absolu, aspireraient à être salariés (parce que mieux protégés, attachés au salaire socialisé, etc.). Parce que nous n'en démordons pas : la relation de travail garantie par la convention collective est celle du salariat. Mais nos ennemis resteront toujours les employeurs voyous, jamais les correcteurs auto-entrepreneurs – même ceux qui ont vraiment fait le choix de ce statut. Nous ne nous trompons pas de combat.
Maintenant, de même qu'il ne faut pas diviser les correcteurs en bons et mauvais (d'autant que beaucoup d'AE subissent cette situation plus qu'ils ne la recherchent), il ne faut pas commencer à opposer le syndicat CGT et cette nouvelle association. En tout cas, en ce qui nous concerne, nous n'irons pas sur ce terrain-là. Nous prenons acte de cette naissance et nous espérons que nous saurons travailler ensemble en bonne intelligence, sur certains sujets, pour faire avancer la cause des correcteurs. Le reste nous importe peu.
Guillaume Goutte
Secrétaire des correcteurs CGT
www.correcteurs-cgt.fr
MDM
21/03/2018 à 23:45
Pour info, le syndicat des correcteurs a un nouveau site et s'attache, comme toujours, à tirer vers le haut le métier de correcteur (défense d'un bon statut pour le salarié) de même qu'il s'ouvre aux micro-entrepreneurs. Tous les détails ici : https://www.correcteurs-cgt.fr/
Bien cordialement à vous tous!
LMMRM
22/03/2018 à 02:02
Bonne chance à l'association et comptez surtout sur vous-mêmes.
Bien, les commentaires. La correction est en effet un métier, il ne faut pas le laisser envahir par des gens non formés ou par des dilettantes.
Sandrine Scardigli
22/03/2018 à 09:44
"il ne faut pas commencer à opposer le syndicat CGT et cette nouvelle association." Vous avez tout à fait raison, les objectifs, rôles et actions des syndicats et des associations ne s'opposent pas, mais souvent se complètent.
Le nouveau site du syndicat est en effet bien plus clair, bravo pour ce changement.
"nos ennemis resteront toujours les employeurs voyous" : nombre de maisons d'édition connaissent des problèmes financiers et "rognent" de partout. Correction, création, voire impression en faisant appel à des imprimeries hors de France voire d'Europe... Ce sont en fait tous les maillons de la chaîne du livre qui se paupérisent (à l'exception de quelques gros groupes d'édition et de distribution). Il me semble que la solidarité, importante au niveau des métiers, peut s'élargir à toute la chaîne.
Marc Mejun
22/03/2018 à 14:02
En raison notamment de ses pratiques obscures, de son fonctionnement d'un autre temps et de ses incessantes luttes intestines, le Syndicat des correcteurs a causé énormément de tort au métier et à l'image qu'en ont les autres corps de métier de l'édition et de la presse (il fallait voir la composition des cassetins il y a quelques décennies...). Son état actuel, proche de l'agonie, ne doit rien au hasard, et explique aussi la création d'entités telles que les Correcteurs précaires ou cette nouvelle association. Cela dit, on ne peut que se réjouir de voir qu'il semble vouloir repartir sur des bases saines et continuer à défendre la profession.
G.G.
22/03/2018 à 17:46
– Poursuites aux prud'hommes de plusieurs grands éditeurs pour : paiement en droits d'auteur, mutuelle discriminatoire, baisse du volume d'activité.
– Participation aux commissions paritaires de l'édition et aux groupes de travail paritaires autour du statut des TAD.
– Organisation de rassemblements pour dénoncer la précarité des correcteurs de l'édition ou soutien à ceux initiés par d'autres.
– Négociations en presse pour la création de cassetins spécifiquement dédiés à la correction du Web.
– Organisation de rassemblements devant les sièges de journaux où des PSE actuellement en cours visent la suppression ou l'amputation des effectifs des correcteurs.
– Permanence en droit du travail et veille juridique hebdomadaires.
– Publication semestrielle d'un bulletin et trimestrielle d'une lettre d'information sur le métier, son actualité et ses enjeux politiques et syndicaux.
– Mobilisations interprofessionnelles, notamment auprès des travailleurs sans-papiers et des autres secteurs de notre profession (photograveurs, ouvriers d'imprimerie, etc.).
On fait pire comme syndicat "proche de l'agonie".
En plus de 120 ans d'existence, le syndicat des correcteurs a forcément été traversé par des luttes intestines, a certainement raté des coches, eu parfois à sa tête des personnes dont il aurait mieux fallu qu'elles restent à distance. Peut-être, sans doute, c'est la vie des organisations. Mais, aujourd'hui, la moyenne d'âge de la direction des correcteurs CGT est de 42 ans ; son secrétaire n'a même pas 30 ans. Les cassetins "d'il y a quelques décennies", elle ne les a pas connus. On peut ressasser le passé éternellement ou aller de l'avant, y compris, surtout, avec ce qui, entre-temps, a pu émerger ailleurs.
Cordialement,
G.G.
Sabine
23/03/2018 à 06:09
Bonjour,
Pourra-t-on faire partie de l'Association si on vit et travaille à l'étranger en tant que correcteur ? Cela m'intéresserait d'avoir des informations sur le milieu et l'évolution de la profession. Merci !
MP
23/03/2018 à 11:53
Bonjour, et merci pour ce débat très intéressant.
Je rebondis sur cet échange "J'espère que l'adhésion sera réservée aux "vrais" correcteurs, et non à tous ceux (écrivains, profs de français, étudiants en lettres...) qui s'improvisent correcteurs sans jamais avoir suivi de formation"
Pourriez-vous préciser s'il vous plait quelles sont les "bonnes" formations qui permettent de prétendre adhérer à cette nouvelle association ?
Merci beaucoup d'avance, bonne journée. MP
Correcteur
23/03/2018 à 15:28
En réponse à MP :
Il existe plusieurs formations : la plus reconnue est celle du Greta CDMA, qui a repris la formation dispensée autrefois par Formacom ; c'est la seule formation qui débouche sur un diplôme d’État (contrairement à ce qu'on entend parfois, le diplôme de correcteur existe donc bel et bien).
Il y a aussi la formation "Écrire, réécrire, corriger" à l'EMI-CFD ou la formation du Centre d’écriture et de communication (CEC), qui peut se faire à distance.
D'autres organismes (Asfored, CFPJ, etc.) proposent des modules courts qui sont plutôt des introductions au métier et qui ne permettent guère d'en maîtriser toutes les subtilités.
Cela dit, la formation, quelle qu'elle soit, ne fait pas tout. L'apprentissage auprès d'autres correcteurs peut aussi être très enrichissant. D'ailleurs, pendant longtemps, aucune formation n'existait, et les correcteurs apprenaient sur le tas auprès de correcteurs plus expérimentés — on appelait ça le "nourrissonnage" –, mais comme les cassetins ont quasiment disparu, ça ne se fait plus trop, voire plus du tout... Ensuite, c'est aussi en corrigeant qu'on parvient à élargir ses connaissances sur la langue, les règles typo, etc.
LMMRM
25/03/2018 à 01:08
Si j'avais l'audace de donner un conseil à aspirant correcteur ou à un correcteur débutant, je dirais qu'en plus de faire une formation et ensuite d'avoir une activité professionnelle de correction, tenir régulièrement un site ou un blogue est une activité qui complète et parfait l'activité de correction, et que corriger quand on n'écrit pas soi-même c'est un peu marcher d'un seul pied ; c'est aussi peut-être un peu culpabilisant : je corrige, mais je ne me risque pas à écrire, et donc à être corrigé ni jugé.
Il est plus crédible celui qui corrige et qui par ailleurs écrit.
Ecrire permet de fréquenter les deux côtés de la barrière (lisant/lu) et d'acquérir une chose très utile, qui rend le métier bien plus confortable ou bien moins inconfortable, l'assurance de la plume.
En outre, le correcteur qui écrit trouve bien plus rapidement la solution aux problèmes de reformulation que celui qui se contente de lire.
C'est parce que j'ai pratiqué les deux en même temps que je me permets de l'affirmer : écrire a accru et mon assurance et ma vitesse de résolution des problèmes — et peut-être ma crédibilité.
Dans certains cas, votre site pourra vous apporter des clients ou des employeurs, vous donner un poids supplémentaire et être ajouté à votre carte de visite.
I.T.
25/03/2018 à 15:14
Personnellement j'ai suivi la formation CEC au métier de correcteur, suivie d'une formation à la réécriture : c'est aussi un plus très utile, qui aide non seulement à la correction mais aussi à l'écriture.
Coralie Le van van
25/03/2018 à 10:56
:-) Correctrice professionnelle depuis vingt ans, issue de Coforma (Formacom), je connais aussi bien le travail salarié que l'auto-entrepreunariat. Il faut défendre notre métier, avant notre statut. Je suis ravie qu'une association prenant en compte tous les cas de figure se crée et je serai ravie d'y adhérer.
N.A.T.H.
27/03/2018 à 03:22
Bonjour,
Bravo pour votre association et merci d'y avoir pensé :)
Il est bon de se sentir soutenue lorsque de grandes maisons d'édition vous demandent un certain niveau de compétences et vous proposent néanmoins un forfait, en raison de prétendus "budget serrés" (!), très loin de correspondre auxdites compétences et au nombre d'heures effectivement travaillées ! Comment vivre de ce métier qu'on aime quand les "clients" minimisent la valeur de votre travail.
Comment peut-on vous contacter ?
Je m'inscris à la newsletter et encore merci !
LMMRM
27/03/2018 à 17:22
Pour se faire plus visible, l'Association des correcteurs de langue française ne projette-t-elle pas d'ouvrir un blogue, une page Facebook, un compte Twitter? Ça manque.
Aymen
28/08/2021 à 20:01
Bonjour,
Je suis docteur en langue et littérature française et aimerais bien rejoindre votre association.
Cordialement.