"C'est devenu une controverse nationale"
Le 21/03/2019 à 17:00 par Camille Cado
Publié le :
21/03/2019 à 17:00
Depuis 2017 à Houston, une ville du sud des États-Unis, un groupe de drag queens organise des ateliers de lecture dans plusieurs bibliothèques. Seulement voilà, après une plainte déposée contre un des établissements, le harcèlement permanent et les violentes manifestations à l’égard des drag queens, elles ont annoncé la fin de ces « Drag Queen Storytime ».
La polémique autour des drag queens qui organisent des ateliers de lecture pour enfants ne cesse d’agiter la toile. Pas plus tard qu’hier, ActuaLitté rapportait que la bibliothèque Louise Michel à Paris avait connu une vague de harcèlement suite à ce genre d’atelier. L’établissement avait reçu plus de 400 messages de haine en quelques jours.
C’est aujourd’hui dans le sud des États-Unis que l’affaire attise la controverse. Après une longue et décourageante saga, la bibliothèque publique de Houston a décidé de mettre fin au « Drag Queen Storytime ». La décision est partagée par les drag queens, Trent Lira et Devin Will, qui ont tenu à expliquer leur départ.
« Notre programme Drag Queen StoryTime est devenu un sujet de conversation incontournable et tout le monde a une opinion bien arrêtée », ont-elles expliqué. « Certains pensent que c’est un excellent moyen de promouvoir l’acceptation de soi ; d’autres croient que c’est une forme d’endoctrinement et de perversion sexuelle. »
Et de rappeler : « Lorsque nous avons lancé la Drag Queen Storytime de Houston en septembre 2017, ce n’était pas un succès. Notre atelier réunissait souvent pas plus de 5 enfants. Une histoire autour de Noël avait ensuite attiré une foule plus nombreuse, mais dans l’ensemble, nous n’étions pas particulièrement populaires. Et on s’en foutait, parce que les familles qui ont assisté ont adoré. Les habitants du quartier et des environs souhaitaient que leurs enfants acceptent les autres et quel meilleur endroit pour commencer que la bibliothèque ? »
Et si au début tout paraissait idyllique, les drag-queens ont ensuite connu une descente aux enfers. D’abord, un groupe qui se désigne comme « les adeptes du Christ » qui portent plainte contre le maire Sylvester Turner et la directrice générale de la Bibliothèque publique de Houston, Rhea Lawson, en octobre. Les manifestations se sont ensuite multipliées et intensifiées, devenant de plus en plus violentes.
Tex Christopher, un des opposants qui a porté plainte, venait assister à tous les ateliers. « Il observait d’un coin de la pièce, attendant toute occasion de prouver que ce que nous faisions était abominable. C’était dur d’animer ces ateliers, tout en sachant qu’il nous jugeait et pire, qu’il nous haïssait. »
En janvier, un des manifestants devant la bibliothèque avait été arrêté après avoir refusé de quitter les lieux. La police avait ensuite découvert qu’il portait une arme sur lui. « Nous croyons en ce que nous faisons, mais nous ne croyons pas à la mise en danger de nos amis, de nos familles ou de ces enfants », ont déclaré Trent Lira et Devin Will.
Mais l’élément déclencheur a été vendredi dernier, lorsque les organisateurs de ces ateliers ont appris qu’une des anciennes drag queens qui venait animer ces ateliers était « un délinquant sexuel » qui avait était condamné en 2009. Cette information a bien sûr ravi les opposants qui ont pu s’appuyer sur cet élément concret pour dénoncer le danger que ces ateliers représentaient.
Cependant, les organisateurs affirment n’avoir jamais été au courant de cette information et avoir fait une erreur dans la vérification des antécédents. Sauf que voilà, la haine ne s’est pas propagée sur la personne en question, mais bien sur Blackberri, la populaire drag queen de Houston, qui est vite devenu le « défouloir ».
« Si la bibliothèque publique de Houston a toujours soutenu les Drag Queens Storytime », assurent-elles, « on pense qu’il est temps de nous arrêter. [...] Ce qui a commencé comme un événement communautaire amusant est devenu une controverse nationale. Les gens sont menacés. Les gens sont blessés. »
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