Âgée de 63 ans, Marie Humbert est partie. Bien avant la disparition de son fils Vincent, elle avait milité, pour que soient reconnus ces cas médicaux extrêmes. Ceux où la science est impuissante. Son message, transformé par des détracteurs en sorte d’euthanasie généralisée, ne visait qu’à une forme d’humanité reconnue.
Le 05/08/2018 à 16:59 par Clément Solym
Publié le :
05/08/2018 à 16:59
En 2007, quand elle fit paraître chez Michel Lafon, Pour tous les Vincent du monde, c’est une mère qui a affronté l'impensabe qui s’exprime alors. Elle y racontait, modestement, humainement, son propre parcours, et posait alors la question de l’euthanasie. Quatre ans auparavant, elle avait accompagné son fils vers la mort.
Vincent Humbert était né en 1981 et mort en 2003. Victime d’un accident de la route qui l’avait laissé tétraplégique aveugle et muet, il demandait à ce que l’on mette fin à ses jours. Ce « droit de mourir », il l’avait alors réclamé à Jacques Chirac, président de La République, en novembre 2002.
« Je ne peux pas vous apporter ce que vous attendez », lui avait-il répondu. Malgré le refus du chef de l’exécutif, Vincent mourra le 26 septembre 2003. C’est sa mère qui lui injectera une dose de barbituriques, à travers les perfusions.
Durant toutes ces années, sa mère porta le combat, devenant le symbole d’une revendication simple : le droit de quitter dignement ce monde. Un film avait inspiré cette histoire où éthique et humanité se rencontrent : quand la loi interdit aux médecins de donner la mort, seule sa mère restait.
J’ai donné la vie à Vincent le 3 février 1981. Le 24 septembre 200, un accident a saccagé sa vie. Et, à sa demande, je l’ai aidé à partir le 24 novembre 2003. Mais Vincent existe toujours. Non que j’ai instauré un culte à sa mémoire, mais parce que sa prière, que j’ai eu tant de mal à exaucer, fait écho à tellement de douleurs qu’elles reviennent jusqu’à moi.
Plusieurs fois par jour, les témoignages, les sollicitations, les appels au secours me replongent dans ce vécu tragique.Marie Humbert
Marie Humbert est décédée d’une longue maladie, dans l’hôpital d’Évreux, où elle se trouvait depuis un an, a affirmé Frédéric Veille, auteur de Je vous demande le droit de mourir (Michel Lafon, inspiré de la lettre écrite par Vincent Humbert à Jacques Chirac). Elle avait été poursuivie avec le médecin de Vincent, mais tous deux obtinrent un non-lieu en février 2006.
Son combat avait donné lieu à la loi Leonetti d’avril 2005, autorisant de laisser mourir, mais pas de pratiquer une euthanasie. Il leur revient désormais d’estimer si la vie est artificiellement prolongée à travers le traitement donné.
Quand les Romains et les Grecs avant eux y voyaient l’ultime accomplissement de la volonté et du courage, notre société redoutant les pires dérives, s’en défie. Pourtant, à aucun moment il n’était possible de confondre le propos de Marie Humbert avec un geste criminel. Elle demandait seulement de tenir compte, en ce instant qui échappe à toute forme de médecine, des souffrances de chacun – et de la volonté d'un seul.
Marie Humbert – Pour tous les Vincent du monde - Une histoire d'amour – J’ai lu – 9782290012604 – 5,60 €
Paru le 11/02/2009
184 pages
J'ai lu
5,60 €
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