Du haut d’une tribune publiée dans Les Echos, le groupe Marc-Bloch, qui réunit différents acteurs du monde de la recherche publique, dénonce le manque d’investissement de l’Etat dans la recherche en France. Quand on met en regard le niveau de qualification exigé lors des recrutements et la grille des traitements proposés, il y a de quoi grincer des dents.
Le 09/08/2011 à 07:25 par Clément Solym
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09/08/2011 à 07:25
C’est à ce titre que la Banque mondiale, dans son classement 2009, a mis la France parmi les derniers pays développés quant au niveau de rémunération de ses chercheurs. Et, comme chacun sait, des salaires peu attractifs contribuent à rendre difficile, pour les centres de recherche, de recruter des équipes très dynamiques et compétentes. Voilà qui influe inévitablement sur les capacités françaises en termes de recherches scientifiques.
Quand le gouvernement se félicite simplement de ne pas avoir infligé à l’enseignement supérieur et à la recherche la politique du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, le groupe Marc-Bloch démontre, chiffres à l’appui, que les effectifs de chercheurs subissent cependant bien une érosion inévitable, « car la masse salariale allouée par l'Etat ne prend pas en compte l'effet ‘glissement vieillesse technicité’ (GVT), qui est particulièrement vif dans les universités en raison d'une part de la technicité et de la spécificité des grilles salariales et, d'autre part, de la pyramide des âges qui leur est propre », peut-on lire dans la tribune publiée par Les Echos.
Pour que la recherche scientifique retrouve un certain dynamisme en France, il faudrait faire des investissements d’importance. Il suffit de prendre le salaire d’un maître de conférences en tout début de carrière, soit 1770 € nets, pour se rendre compte du décalage existant entre le niveau de qualification requis et la rémunération proposée dans les établissements du ressort de l’Etat.
Avec un minimum de huit années d’études après le bac, il paraît indécent de proposer un salaire encore au-dessous des 2000 € pour des étudiants aux parcours brillants. Ces derniers sont alors tentés de partir tout simplement à l’étranger pour toucher des salaires qui sont souvent le double de ce que l’on peut leur proposer en France.
Ces départs ont un coût monstrueux pour l’Etat français. Cela revient, en effet, à former des jeunes pour les voir ensuite partir dans des pays qui n’ont pas eu à investir pendant près de trente ans pour que ces chercheurs soient à ce niveau de qualification… C’est un investissement en pure perte, en somme. Quand on arrive à décrocher le statut de professeur d’université, au premier échelon, le traitement est également dérisoire, à 2570 € nets.
D’importants efforts financiers restent à faire pour rendre les filières scientifiques liées à la recherche nettement plus attractives qu’elles ne le sont à l’heure actuelle. Cet effort devra être fait par la France sans quoi c’est l’avenir même qui est remis en cause car investir dans la recherche, c’est investir pour le futur…
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